1. La mise en place d’un cadre permanent et formel de concertation qui engage Gouvernement et ONG à respecter des règles de conduite et à partager les mêmes objectifs: la recherche d’une plus grande transparence, d’un professionnalisme accru, d’une meilleure synergie afin de parvenir à plus d’efficacité dans le cadre de la lutte contre la pauvreté.
Dans ce contexte, seule une réelle responsabilisation des différents acteurs s’impliquant activement pour le développement économique, social et culturel des populations peut permettre de relever ce défi.
Il ne sert à rien d’organiser symboliquement tous les 3 à 4 ans des journées médiatisées de concertation, alors que les recommandations qui en sont issues finissent dans les tiroirs et que les déclarations de clôture, toujours consensuelles, sont rédigées par anticipation, quel que soit le contenu des débats.
2. La mise en place d’un cadre de travail spécifique des ONG avec le Gouvernement, les collectivités territoriales, les populations et les partenaires techniques et financiers. En effet, les procédures en vigueur ne sont pas efficaces.
Les tentatives de retouche des textes par la CADB (Cellule d’Appui au Développement à la Base) ne s’attaquent pas aux vrais problèmes. Elles visent seulement à multiplier les procédures centralistes, à enfermer les ONG dans les couloirs des Ministères et à marginaliser les collectivités territoriales qui ont pourtant la maîtrise d’ouvrage en matière de développement.
La contribution des ONG se veut un appui à l’action gouvernementale dans un contexte de bonne gouvernance et de soutien à la démocratie malienne. ONG et CADB doivent s’allier pour faire des propositions au Gouvernement.
3. Un processus transparent autour de la révision des textes visant à améliorer la gestion des relations Gouvernement-ONG, mais aussi à leur permettre d’être plus performantes sur le terrain.
Comment parler de concertation alors qu’au préalable des textes de loi ont été votés pratiquement à l’insu des principaux concernés et que depuis plusieurs mois la CADB se refuse à réagir officiellement à leurs propositions qui ont pourtant été sollicitées par cette même CADB?
Quelle marge de manoeuvre existe-t-il alors concrètement pour les ONG ? Pour le moment, il ressort nettement que le processus tel qu’engagé par la CADB ne mènera nulle part.
4. Pouvoir mener des Interventions de qualité en mobilisant de l’expertise de manière flexible et appropriée pour relever les défis du développement dans des contextes changeant.
Cela demande à ce que les procédures soient davantage décentralisées et participatives pour être plus proches et à la portée des acteurs partenaires (par exemple les collectivités territoriales) qui seront responsabilisés pour le suivi des actions entreprises.
Dans un contexte de la décentralisation malienne apprécié dans toute la sous région cela s’impose d’autant plus…
LA CADB SE SABOTE-T-ELLE ELLE-MEME ?
Il est étonnant que la CADB se plaise à chaque occasion de souligner le manque de sérieux des ONG. Certes, comme dans toute corporation, certaines ONG travaillent mieux que d’autres ; certaines ont meilleure réputation que d’autres ; certaines progressent alors que d’autres sont en perte de vitesse. Mais encore faut-il être capable dans ce paysage de faire une lecture différenciée… Ce n’est pas en changeant le nom « ONG » (Organisation Non Gouvernementale) en « ASACE » (Association Signataire d’Accord Cadre avec l’Etat), comme le projette la CADB, qui va améliorer les prestations fournies.
Le décret N°90-181/P-RM du 25/04/1990 fixant l’organisation et les modalités de fonctionnement de la CADB en son article 7 stipule qu’elle doit évaluer les actions des partenaires au développement à la base, particulièrement des ONG, en veillant au respect des termes des accords-cadre et des conventions.
Que se passe-t-il en réalité ? Pas un rapport annuel de la CADB n’est venu mettre en lumière les bonnes prestations et pratiques de certaines ONG et souligner les défaillances d’autres. Est-ce que depuis 1990 des sanctions ont été prises à l’égard de certaines pratiques pouvant paraître douteuses ?…
Comment peut-on dire que les ONG travaillent mal, si la CADB n’a pas rempli son mandat, n’applique pas les textes et surtout ne maîtrise pas les outils pour exécuter un suivi nécessaire ?
On peut se demander si les problèmes existants seront solutionnés par un changement des textes ou par une restructuration en profondeur de la structure qui est responsable de leur application.
LA CADB A-T-ELLE UNE VISION EN MATIERE DE DEVELOPPEMENT ?
La CADB entasse depuis des années les rapports d’activité des ONG. En revanche, elle n’est pas capable de mettre en valeur tout le travail qui a été entrepris comme actions de développement ou d’urgence.
Les ONG ont, maintes fois, demandé un canevas standard de rapportage afin de permettre à la CADB une meilleure compilation des données et donc de donner une meilleure visibilité de leur travail. Cela n’a jamais été fourni…
La CADB est donc incapable depuis des années de suivre le développement, de le synthétiser dans des axes stratégiques, de capitaliser des expériences, de tirer des leçons et de les partager avec les ONG et le grand public, à travers notamment la publication et la large diffusion de rapports de synthèse qui sont réclamés par les ONG.
Les ONG ont aussi demandé une révision de la » nomenclature des secteurs, sous-secteurs et branches d’activités des ONG au Mali » qui date de la création de la CADB afin de lui permettre de faire des analyses plus pointues.
Peine perdue… Pire, c’est le texte de cette nomenclature vieillissante qui vient d’être reconduit dans une proposition d’arrêté (MATCL-SG) fixant la nomenclature et le répertoire de classement des interventions des partenaires au développement…
Vu ses capacités techniques, ce n’est donc pas demain, ni après demain que la CADB sera capable de constituer une base de données à l’échelle du territoire national sur les ONG et leurs activités. Mais on peut déjà commencer à partager régulièrement, en toute transparence, des informations et analyses entre la CADB, les différents acteurs et le grand public…
Le défi du développement de notre pays est de taille. On ne peut le relever que si les différents acteurs mettent ensemble leurs énergies, leurs compétences et leurs ressources, tout en se respectant mutuellement. Chacun a des capacités qu’il convient d’utiliser en évitant le gaspillage.
Gouvernement et ONG doivent donc chacun faire un pas en direction de l’autre, afin de parvenir rapidement à l’adoption de solutions efficaces. Suite aux propositions des ONG, la balle est maintenant dans le camp du Gouvernement…
13 février 2006.