Comment la Guinée se réveillera t-elle le 28 juin prochain? Heureuse et fière d’avoir réussi son pari et durablement propulsée sur le chemin de la démocratie ? Ou groggy et davantage livrée à l’instabilité parce que la présidentielle tant attendue aura tourné au méga-flop ?
Pour Sekouba Konaté, Jean Marie Doré et Rabiatou Serah Diallo dont les responsabilités sont égales devant l’Histoire, il faut souhaiter le meilleur des schémas possibles. Pour le peuple de Guinée qui a souffert le martyre et pour une bonne partie de notre sous-région, en particulier le Mali pour lequel la Guinée est d’abord une question de politique intérieure.
Mais le meilleur ne découle jamais de l’incantation, du seul désir de complaire ou de simples calculs personnels. Le meilleur procède toujours d’une préparation minutieuse, de schémas réalistes et réalisables ainsi que d’une volonté commune de mettre le pays au dessus de tout et de tous.
La Guinée s’est t-elle seulement donné ce moyen à un peu plus d’un mois d’une présidentielle qui ne fonde la nouvelle Guinée que si elle est une fête partagée par tous, le vainqueur et les vaincus, les nouveaux venus et les partants ? Espérons que ce soit le cas.
Car le 27 juin ne doit point renforcer les démons de l’ethnisme et du régionalisme qui pointent à l’horizon. Il doit, au contraire, les conjurer pour de bon. Et cette mission incombe d’abord au triangle isocèle dont parle Jean Marie Doré : le Chef de l’État donc, le Gouvernement et le Conseil National de la Transition.
La réussite de la transition, à cet égard, ne se mesurera pas à la tenue d’élections qui ramèneraient à la case départ mais à la maîtrise du processus.
Pour que personne ne puisse la confisquer. Ni l’appétit de politiques retors et pressés. Ni les louvoiements d’une armée en embuscade. Ni les cris d’orfraie d’une société civile tentée de sortir de son rôle de contrepouvoir.
Adam Thiam
13 Mai 2010.