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1er mai 2004 – 1er mai 2005, pour l’UNTM l’heure n’est pas seulement à la fête, mais aussi au bilan. Cette célébration lui offrait en effet l’opportunité de faire le point de l’exécution du Protocole d’Accord du 16 octobre 2003 qui le lie au gouvernement. Du 1er mai 2004 au 1er mai 2005, bien des points de revendication auront été, reconnaît le Centrale Syndicale, satisfaits par le gouvernement.

Il s’agit entre autres de la correction de la grille des catégories B1 et B2, du relèvement de l’âge d’admission à la retraite dans le secteur privé, de l’application de la loi portant statut des fonctionnaires des collectivités territoriales, du relèvement du niveau du salaire minimum interprofessionnel garanti à 28.460 F. En dépit de ces acquis, la demande sociale reste, constate le syndicat, très forte.

En effet, les populations n’ont pas ressenti la satisfaction de ces doléances sur leurs conditions de vie. Loin de s’améliorer, lesdites conditions se sont dégradées, jetant les populations dans une pauvreté sans précédent. A entendre le secrétaire général de l’UNTM, M. Siaka Diakité, les douloureux évènements du 27 mars dernier sont l’expression de ce drame sociétal.

Pour le syndicat, le lien entre ces casses et la pauvreté généralisée qui frappe nos compatriotes en ce moment est d’autant plus visible que le prix des produits de première nécessité n’a pas baissé de façon significative dans notre pays. A ce titre, l’UNTM juge insuffisantes les réductions de 10% sur les tarifs d’eau et d’électricité et estime qu’une révision du contrat de cession d’EDM s’impose. Les tarifs de téléphone restent élevés.

Quant à la réduction des prix des produits pharmaceutiques, elle tarde à venir. <>, a martelé le secrétaire général de l’UNTM Siaka Diakité dans l’allocution qu’il a lue lors de la célébration du 1er mai.

Ces propos de M. Diakité constituent une véritable sommation adressée aux autorités. Autant dire que la Centrale Syndicale, qui estime que tous ses efforts seront annihilés si des mesures ne sont pas prises à certains niveaux, accuse l’actuel gouvernement d’avoir mis le pays sur répondeur.

Du coup, elle remet en cause l’une des préoccupations essentielles de l’actuel locataire de Koulouba à savoir l’amélioration des conditions de vie des Maliens et des Maliennes. Président du parti de la Demande Sociale, le Chef de l’Etat n’a eu de cesse de rappeler ce souci constant. Et c’est en cela que les récriminations de l’UNTM revêtent un enjeu électoral non négligeable. D’autant que nous sommes à quelques encablures de 2007. En dépit des efforts déployés dans le domaine social, peut-on rendre le régime responsable de la situation économique difficile que traverse le pays ?

Ce que Pinochet doit faire

C’est vrai qu’il est fort malaisé d’occulter la responsabilité des autorités quand la situation socio-économique n’est pas reluisante. Dans de telles circonstances, ceux qui sont aux affaires sont d’emblée interpellés quand on s’en tient aux facteurs endogènes. A cet égard, force est de reconnaître que le gouvernement a jusque-là procédé à des réductions formelles en ce qui concerne la baisse des prix des produits de première nécessité, de telle sorte que les populations ne ressentent pas lesdites réductions sur leurs conditions de vie. A quoi servent alors les réductions consenties par le gouvernement ?

Est-on tenté de s’interroger. Car malgré les efforts déployés par l’Etat, la demande sociale reste forte. A ce propos, l’on se demande encore si la baisse annoncée des prix des produits pharmaceutiques sera significative. N’est-il pas aujourd’hui grand temps pour le gouvernement de rompre avec les réductions superficielles afin de combler véritablement les attentes des populations ?

Le gouvernement ne peut, rétorquera-t-on, faire face à la demande sociale que dans la mesure de ses moyens financiers. Soit. Mais les autorités peuvent consentir des efforts supplémentaires pour éviter que la demande sociale ne s’accumule. Elles sont appelées à faire preuve d’anticipation dans le souci de mettre le pays à l’abri d’une éventuelle crise sociale. Ne dit-on pas que gouverner c’est prévoir ? Il ne faut pas attendre que la situation explose pour intervenir.

De ce fait, le gouvernement Pinochet gagnerait à opter pour des réductions plus significatives des prix des produits de première nécessité et à hâter l’exécution du Protocole d’Accord qui le lie à l’UNTM. Ce qui contribuera largement à rendre la demande sociale moins forte et du coup à le sortir du collimateur de l’UNTM.

Cependant, il y a lieu de souligner que des facteurs endogènes ne suffisent pas à eux seuls pour expliquer la paupérisation générale actuelle. En effet, la situation socio-économique actuelle est, faut-il le souligner, l’effet conjugué de facteurs endogènes et de facteurs exogènes. Au titre de ces derniers facteurs, nul n’ignore que la crise ivoirienne et la crise acridienne n’ont pas manqué d’exercer un impact négatif considérable sur les conditions de vie des populations maliennes.

En effet, la crise ivoirienne s’est traduite par une augmentation des prix des produits commerciaux pendant que la crise acridienne a entraîné la flambée des prix des céréales. Si le gouvernement arrive aujourd’hui à gérer les conséquences de l’invasion des criquets en évitant que la famine ne frappe à nos portes, il n’en est pas de même pour le contrôle des prix des céréales sur le marché.

Des mesures ont été également prises pour gérer au mieux les effets néfastes de la crise qui secoue la RCI. Mais il serait illusoire de croire que le gouvernement pourra gérer les conséquences de ces deux crises de telle sorte qu’elles ne rejaillissent pas le moins du monde sur les conditions de vie des populations. Il faudrait que l’UNTM prenne en compte ces paramètres dans ses doléances.

Le front social va-t-il entrer en ébullition après la célébration du 1er mai ? C’est vrai qu’avec ces nouvelles doléances de l’UNTM, on assiste à un réveil quelque peu brutal du front social. Mais nous ne sommes pas encore au stade de l’ébullition étant donné que pour l’heure il n’y a aucun préavis de grève en vue. Du sort réservé aux nouvelles doléances dépendra l’attitude de la Centrale Syndicale. Et il est à espérer que le gouvernement Pinochet saura se mettre hors du champ de tir du syndicat.

Samou KONÉ

2 mai 2005