A la proclamation de notre indépendance en 1960, les Maliens, par la foi qui les habitait et leurs convictions éprouvées, étaient prêts à soulever des montagnes car les adversités ne manquaient pas.
Il fallait nous remettre du traumatisme de l’échec de la Fédération du Mali que bien de nos compatriotes avaient vécu comme une traîtrise doublée d’un complot ourdi par l’ancien colonisateur.
Coincé entre des pays à l’hostilité plus ou moins relative, encerclé comme le loup de Vigny, il fallait être ingénieux et imaginatif pour bâtir le pays dans la dignité et avec la fierté qui sied aux responsables de l’époque. La foi peut soulever des montagnes, mais ne soutient pas toujours le ventre.
Les difficultés économiques combinées à une dérive politique ont balayé le régime de Modibo Kéita. Les Maliens allaient expérimenter la formule qui affirme que le remède peut se montrer plus mortel que la maladie.
Venus avec des intentions louables, Moussa Traoré et sa clique ont aggravé les dysfonctionnements en soumettant le pays à un saccage et à un pillage dont il mettra du temps à se relever. Pis, ils ont cassé les ressorts moraux des Maliens installant durablement du coup le pays dans l’incertitude la plus totale.
La révolution du 26 mars 1991 a apporté un souffle nouveau au pays et des perspectives tout aussi nouvelles. L’environnement économique mondial n’ayant pas évolué en faveur de l’Afrique et donc du Mali, le pays avance à pas comptés.
Plus que jamais, le Mali doit compter sur lui-même d’abord pour exister et compter dans le concert des nations. Le pays regorge de matières premières de tout premier ordre comme l’or, le coton et le pétrole annoncé pour bientôt.
Mais, comme le dit l’adage, tout l’or du monde ne fait pas le bonheur. Il faut donc des hommes et des femmes capables de mettre le Mali au-dessus d’intérêts personnels. Il faut des hommes de conviction, aptes à tracer la voie à suivre.
Il faut des dirigeants qui, par l’exemple, montrent aux Maliens que le pays est notre seule richesse et qu’il vaut la peine de se battre pour lui. Il faut un idéal et des militants pour le nourrir et le porter. Le Mali a besoin de dirigeants qui éclairent le chemin du peuple afin que notre devise, Un Peuple, Un But, Une Foi, ne soit pas une simple incantation.
Après 45 ans d’indépendance, on peut se demander si le pays dispose encore de son mordant ; on peut se demander si le pays possède encore toutes ses dents. Modibo Kéita, malgré un environnement hostile et une pauvreté multiforme, avait pu donner au Mali une aura et un rayonnement international que beaucoup nous enviaient. Alpha Oumar Konaré avait redonné au pays sa place parmi ceux qu’on respecte.
Après trois ans de grâce, ATT éprouve toutes les difficultés à maintenir le pays à niveau, tant au plan national qu’au plan international. Peut-être à cause d’un manque de ligne directrice lisible et cohérente pour tous.
21 septembre 2005.