Jeune écrivaine malienne diplômée de l’ex-flash avec une maitrise en lettres modernes, Fatoumata Z Coulibaly a décidé de mettre son art à la portée des journalistes de son pays. Un choix qui n’est pas venu au hasard car elle est aussi détentrice d’un master en communication et journalisme à l’Institut des Sciences Politiques des Relations Internationales et de Communication de Bamlako (ISPRIC). En cette période où notre pays traverse une forte tension, Fatoumata Z a jugé nécessaire de rappeler la place et la posture que doivent avoir les journalistes en cette période de crise, afin d’apaiser la situation. Interview.
– Quel message souhaitez-vous circuler à l’endroit de ces hommes de médias à travers cette parution?
Fatoumata Z Coulibaly : « La crise malienne : le journaliste au cœur de la crise » est mon tout premier ouvrage. C’est un livre de recherche personnelle sur une situation donnée. Ce livre de 52 pages, composé de trois parties subdivisées en chapitre, aborde les dimensions d’une crise épineuse et le rôle prépondérant que doit jouer les journalistes dans cette crise qui a débuté depuis 2012. En fait, Je parle de l’apport des journalistes dans la résolution de la crise malienne. Cela ne peut être effectif que s’ils s’astreignent à respecter certains comportements. C’est ainsi qu’ils pourront tirer l’épingle du jeu. Mon objectif à travers l’écriture de cette œuvre est d’informer, d’éclairer la lanterne du grand public sur cette crise qui risque de replonger le pays dans le chaos. Je cherche également à assigner les obligations du journalisme. Aujourd’hui, nous sommes tous conscients de l’état du Mali et du traitement de l’information par le secteur médiatique. A travers ce livre, je me penche sur certaines règles déontologiques que tout bon journaliste se doit d’observer. Les journalistes, en période de crise, doivent éviter de ventiler des informations susceptibles de jeter de l’huile sur le tissu social déjà en feu. Pour dire, ils doivent s’atteler à résoudre les conflits dans notre société en évitant toutes informations qui peuvent nuire au développement du pays. Pour expliquer le titre de l’œuvre : Je dirais qu’en temps de crise, le journaliste marche sur les œufs, son rôle est d’apaiser la tension sociale pour prémunir et éviter les glissement et débordements. En résumé, à travers ma plume, j’apporte la lumière tout en dégageant des pistes de solutions afin de donner une chance à la paix. En prodiguant des conseils aux hommes de médias qui paraissent comme des acteurs passifs de la crise.
– Selon vous, comment doivent se comporter les journalistes en cette période de crise ?
FZC: Les journalistes doivent avoir un rôle de modérateur et de pacificateur. Ils doivent s’atteler à construire et non à détruire à travers leurs articles, reportages sonores ou visuels. Pour cela, ils doivent constamment vérifier leurs sources, recouper l’information avant toutes publications. En outre, les journalistes doivent s’abstenir de porter à la connaissance du public des informations incendiaires qui ne peuvent qu’envenimer la crise. Je conclus qu’ils doivent néanmoins informer constamment l’opinion publique sur les tenants et aboutissants de la crise en toute objectivité.
– Que pensez-vous des personnes s’octraoyant le titre de journaliste ?
FZC: L’article 4 de la loi n° 00-046 du 7 juillet 2000 portant régime de la presse et délit de presse dit : « Celui qui est titulaire d’un diplôme de journalisme ou d’un diplôme d’études supérieures avec une année d’expérience professionnelle, a pour activité principale, rétribuée, la collecte, le traitement et la diffusion d’information et de nouvelles, dans le cadre d’un organe médiatique public ou privé, écrit ou audiovisuel ». Moi personnellement, je pense que ceux qui s’y lancent au petit bonheur sont des éléments extrêmement dangereux pour la société. En effet, ces personnes n’ayant aucune notion des règles déontologiques qui régissent la profession, peuvent brûler la société à petit feu. Ils sont juste dans la posture d’apprentis sorciers qui détiennent un pouvoir maléfique, destructeur dont ils ignorent la nuisance.
– Que pensez-vous de la presse malienne ?
FZC: Tout d’abord, j’encourage et je félicite la presse malienne pour leur présence massive aux grands évènements du pays. Mais, je tiens à souligner un point très important : dans le bon traitement de l’information, à vrai dire, elle ne joue pas pleinement ses rôles qui sont entre autres : l’apaisement de la tension sociale, la défense de la tradition humaniste, la construction de la paix etc. En un mot, on sent l’absence du professionnalisme dans ce secteur. Et aujourd’hui, la presse malienne est devenue un secteur matérialisé, un secteur où on a peur de s’identifier en tant que journaliste juste parce que la population nous voit d’un autre œil « Diffamateur ». Je veux que nous les jeunes, nous acceptons de venir dans ce métier par passion et que nous acceptions de nous former.
Bamako, le 14 Septembre 2020
Adama SANOGO
@Afribone