Avec comme thème : “ Djenné une ville sur le bani, une architecture millénaire » – cette conférence organisée par l’association « Djenné patrimoine » et animée par le géographe, chercheur et architecte Abdoulaye Touré a été une occasion pour tous les participants d’être mieux imprégnés d’une culture, d’une civilisation millénaire comme celle de Djenné.
Cette ville a su, par son art et l’originalité de son architecture, résister à toutes les d’influences. Ville jumelle de Tombouctou, selon les historiens, Djenné, dira le conférencier, a été dans les années 1926 la ville la plus peuplée du Soudan.
Son architecture, fruit de la convoitise de bien de touristes venant des quatre coins du monde, non d’origine marocaine ou berbère comme certaines sources le prétendent, est bien une pure originalité des Barry, les maîtres architectes de cette ville historique du Mali.
Animiste au départ (temps de djenédjeno ou ancien Djenné), cette ville a été progressivement dominée par l’islam, une religion apportée par des marchands venus de Dia et dont l’exemple séduisit le Komboro, chef traditionnel qui se convertira plus tard à l’islam en transformant sa résidence en mosquée.
A cette époque de djenedjeno déjà, on pouvait remarquer les prémices de cette belle architecture de Djenné. Une architecture marquée selon le conférencier par une certaine représentation de la forme humaine.
Des éléments sur la façade traduisent en effet les différents éléments composant une famille : père, mère, enfant et soigneusement mis en harmonie par le génie créateur des Barry, architectes émérites de cette époque.
L’originalité de cette architecture, dira Touré, réside dans les divers éléments, les matériaux utilisés pour la construction. C’est par exemple le banco enrichi avec plusieurs éléments, c’est aussi les « terrons » ou bout de bois placés au travers du mur et même de la forme de ce mur qui prend le plus souvent un aspect bombé avec à l’intérieur des réserves humaines.
Une pratique qui rejoint, à en croire le conférencier, l’ancienne pratique du culte des anciens à laquelle l’habitant de Djenné reste toujours attaché.
Que la façade du mur de Djenné renvoie à une représentation de la forme humaine a, selon M. Touré une autre explication : celle si souvent rapportée par les historiens et qui font état de la construction de Djenné, nouveau site, sur des restes humains – plus précisément sur les reste d’une jeune fille pubère bozo données en sacrifice.
« Cette architecture est, aujourd’hui vieille de 700 ans et ils nous appartiennent de le sauvegarder et d’en rester fier » a souligné le conférencier qui après 15 ans recherche sur l’histoire ancienne de Djenné a abouti au constat selon lequel Djénné est une ville qu’on aime toujours visiter une seconde fois.
La mort à petit feu d’une richesse
L’architecture de Djenné quoique d’une très grande valeur aux yeux des touristes étrangers n’en demeure pas moins une richesse dont la valeur reste encore méconnue du plus grand nombre de maliens.
Cette situation s’explique, selon le conférencier, par le fait que cette richesse culturelle ne fait plus l’objet d’une grande promotion de la part même des autorités politiques qui de plus en plus posent des actes qui vont même à contre-courant de la conservation de cette authenticité.
C’est le cas, selon lui, des nouvelles constructions en ciment en plein cœur de Djénné qui jurent avec les autres constructions.
Une chose contre laquelle les autorités publiques en premier lieu le ministre de la culture, doivent sévir car, ajoute le conférencier, si Djenné a été classé patrimoine de l’Unesco c’est en considération d’un certain nombre de critères parmi lesquels l’originalité de son architecture qu’il s’agit aujourd’hui de préserver contre l’influence du modernisme.
Oumar Diamoye
19 décembre 2005.