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Accompagné de Félix Dakoué, directeur national de la conservation de la nature et de quelques conseillers du département en charge de l’environnement, Nacouman Kéïta a ciblé un certain nombre de villages situés dans les régions de Koulikoro et Sikasso.

Il s’agit, entre autres, de Kignan, Tela, N’Tikouna, Dïoila, Kola. A toutes les étapes, il a appelé les populations à léguer les forêts aux nouvelles générations.

A Tela, deuxième étape de sa visite après Kignan, le Ministre s’est appesanti sur l’occupation anarchique de la forêt classée de Morila. En effet, située à 35 Km de Kignan, cette forêt couvre une superficie de 13 280 Km².

Jadis riche en faune et en flore, elle est aujourd’hui investie anarchiquement par 58 hameaux de cotonculteurs qui pratiquent l’agriculture intensive itinérante sur brûlis. Chaque année, ils abattent des centaines de troncs d’arbre sans aucune politique de reboisement.

M. Kéïta a invité les populations à s’impliquer davantage dans la protection de cette forêt. Selon lui, « l’Etat seul ne peut pas sauvegarder ce joyau ». Il a déclaré que « cette forêt constitue un héritage qui doit être légué aux nouvelles générations ».

Après Tela, la délégation s’est dirigée vers Ntikouna, localité située dans la commune rurale de Nkourala. Là, Nancouman Kéïta a salué l’engagement des populations dans la protection de l’environnement. Il les a exhortées à se mettre d’accord autour d’une convention locale dans la gestion de l’environnement, seule manière, selon lui, d’impliquer tout le monde.

N’Famara Abdoul Koné, maire de la commune de N’Kourala, quant à lui, a demandé à l’Etat de l’assister à mettre fin à la vente illicite du bois.
Une autre étape importante de cette tournée a été celle de Dioïla. Dans cette ville, Nancouman Kéïta a visité des espaces verts aménagés par les autorités communales. Il a aussi visité des espaces reboisés par les agents du service de la conservation de la nature.

Le ministre de l’Environnement a aussi rencontré deux associations de femmes qui s’occupent de jardinage. Dans les échanges, les responsables des deux regroupements ont évoqué leurs difficultés: problèmes d’eau, d’insecticides, de traitement des produits, manque de semences.

Le Ministre, dans sa réponse, a proposé aux femmes de s’organiser afin d’élaborer un cycle de production pour éviter la surproduction. Il a aussi demandé aux responsables du service de la conservation de la nature d’assister ces femmes dans la réalisation des pépinières.

A la découverte des forêts privées

Aujourd’hui, les forêts privées se multiplient de plus en plus au Mali. On peut citer celle de Yacouba Cissé à Yélékila dans la commune de Kignan et celle de N’Tie Fomba à Kola dans la commune de Dioïla.

La ferme de Yacouba Cissé couvre 28 hectares. On y retrouve des mangueraies, des orangeraies, des anacardiers et beaucoup d’autres espèces fruitières. Il faut y ajouter des parcelles d’eucalyptus, des rôniers. Cette forêt est composée aussi d’une forêt naturelle abritant des animaux sauvages.

Chez N’Tia Fomba, la délégation ministérielle a visité une plantation de 5 hectares et demi avec 5300 pieds d’arbre. Selon lui, « dans cinq ans la coupe de l’arbre sera interdite ». A souligner que les deux fermiers partagent les mêmes difficultés. Il s’agit, entre autres, du problème d’eau, de l’absence d’un marché de pépinières et de bois. Le ministre Kéïta a proposé aux fermiers de s’investir pour créer une association de promoteurs de forêts qui travaillera en collaboration avec l’Etat.

Un autre temps fort de cette sortie de Nancouman Kéïta a été la visite de la forêt classée de Faya. Elle couvre une superficie de 80 000 hectares et s’étend dans les cercles de Kati, Dioïla, Koulikoro.

Rappelons que cette forêt, à ses débuts, était une réserve de bois pour Bamako et pour la régie des chemins de fer Dakar-Niger. Elle est composée de 75 633 ha de forêt naturelle contre 4 367 ha de plantations.

La Faya subit aujourd’hui trois principaux facteurs de dégradation anthropique. Il s’agit de l’exploitation abusive et incontrôlée du bois, de la forte pression pastorale sur les formations naturelles, les plantations artificielles et les feux de brousse.

Sa dégradation actuelle trouve en grande partie son explication dans l’arrêt des contrats de gestion des DIF, arrêt non suivi de mesures appropriées et de contrôle.
A ce principal facteur, il faut ajouter la démission totale des ex-propriétaires, l’envahissement de la forêt par des exploitants venus de divers horizons, le laxisme assez flagrant du contrôle forestier.

Dans cette forêt qui a été la dernière étape, le Ministre a visité les pare-feux tracés par les agents de la conservation de la nature. Il s’est aussi entretenu avec les agents dudit service sur les difficultés qu’ils rencontrent dans l’exercice de leurs fonctions.

Mamadou Haïdara, chef de la cellule du projet de gestion durable des forêts autour de Bamako et de la mise en valeur de la zone de biodiversité des monts manding, a déclaré que les problèmes qui les empêchent de travailler convenablement sont d’ordre matériel. Il a souligné les besoins d’équipement en motos, d’hébergement pour les agents de contrôle dans la forêt.

Parallèlement, il a aussi évoqué un problème d’ordre institutionnel qui réduit l’efficacité de son service. Ce sont les mutations spontanées des éléments dans d’autres services.

Au terme de sa visite, Nancouman Kéïta, dans sa synthèse, a invité les populations à s’impliquer ardemment dans la protection de la nature.

Il leur a aussi demandé de se méfier des feux tardifs qui sont destructeurs de l’environnement. «Je suis alarmé, car la période des feux précoces est passée», a-t-il conclu.

Abdoul Karim KONE

Envoyé spécial à Koulikoro et Sikasso

13 janvier 2006.