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Décor de la zone de Kidal

Nous sommes à Kidal, dans le septentrion malien, une zone avec laquelle la nature n’a pas toujours été très clémente. Pas la nature seule d’ailleurs. Jusqu’à une époque très récente la région servait de bagne (sans espoir de retour) pour les grands prisonniers (détenus politiques et bandits de grand chemin). En un mot une sorte de goulag soviétique, bien sûr que je mesure et pèse mes mots.

Néanmoins Dame Nature, dans sa magnanimité, a doté cette zone désertique et aride qu’est Kidal et sa région, de très rares ressources fauniques. Autour de ces espèces protégées, s’est installée une autre espèce humaine: les braconniers, qui entreprennent une lutte sauvage, acharnée et intrépide, contre les espèces animales rares et protégées par une convention mondiale.

Rares espèces dont regorge la zone de Kidal

Malgré la rigueur du climat et de la nature, le septentrion malien peut se targuer d’une extrême richesse et d’une relative variété en matière de faune. Entre autres, nous pouvons signaler encore la présence de plusieurs rares et admirables espèces, telles que les:
éléphants, panthères, hyènes ;
– gazelles, antilopes, buffles, élans de derby, zèbres, dorcas, damas ;
– phacochères, singes, chacals, fennecs ;
– couleuvres, vipères à corne ;
– crocodiles, varans, lamantins, hippopotames ;
– aigrettes, cormorans, canards, hérons, outardes, alouettes; et
– pas mal d’espèces d’oiseaux.

Je tiens à vous dire qu’à la lumière de nos interrogations, qu’aucun contrôle de l’action de destruction de cette richesse faunique, n’est fait sur la nature et le montant des prélèvements autorisés sur la faune, aussi bien en amont qu’en aval.

.. et retenons que …

Dans la région de Kidal, on ne rencontre plus guère que des hyènes, chacals, fennecs et des gazelles dorcas et damas, d’ailleurs en voie de disparition.

Peut-être encore faut-il signaler quelques panthères et mouflons dans des vallées reculées du Tamesna et apprécier que la France finance actuellement un projet de réserve entre Kidal et Gao pour la protection de la gazelle  » dama « .

Comme triste constat, notez que l’autruche, le lion, le guépard, la girafe sont des espèces disparues depuis longtemps du Mali, du fait de la chasse sauvage, incontrôlée et effrénée qu’on leur a livré.

Fait très récent

La nouvelle est banale me dira t-on, tellement elle est courante et n’émeut plus personne dans notre pays.

La scène s’est passée le lundi 4 avril 2005, quand des fonctionnaires de l’état devant se trouver à leur poste de travail, raison de leur affectation dans la localité, auraient été interpellés par une brigade antibraconnage, avec un incroyable butin de chasse entre leurs mains.

Nos trois braconniers, responsables de services de communication de surcroît, détenaient non pas moins de 25 dépouilles de gazelles dorcas, une espèce rare, menacée et protégée, car en voie de disparition.

Pratique courante ?

On n’est pas sans savoir, que cette chasse sauvage n’est pas pour protéger ou régénérer notre faune, et corollairement notre flore. Loin s’en faut. Quelques questions essentielles se posent à nous.

Le terme de braconniers est-il approprié pour qualifier ces chasseurs ?

Sinon, sont-ils uniquement maliens ou étrangers ? Bénéficient-ils des autorisations en bonne et due forme ? Si oui, quels types et de quelles autorités les obtiennent-ils ?

L’affaire récente des otages Qataris, est elle une conséquence logique de cet exercice étrange réservé à une certaine élite ?

La liquidation par l’état des services des eaux et forêts était-elle pour faciliter le braconnage et la destruction de notre nature, chose à laquelle nous assistons à longueur de journée, sur toute l’étendue de notre territoire ?

(à suivre)

05 mai 2005

Cheich Abd El Kader, architecte

abdelkader@afribone.net.ml

abdelkader@Koulikoro.net.ml