Si l’on n’y prend garde, les Sapeurs pompiers pourraient consommer leur mot d’ordre de grève de l’année dernière, mais qui avait été suspendu suite à la signature d’un protocole d’accord entre leur syndicat et le Ministère de la Sécurité Intérieure et de la Protection Civile. En effet, après un an d’attente, ce protocole n’est toujours pas entré en application.
Et le blocage ne se situe plus seulement au niveau de la Direction Générale de la Protection Civile, mais il se situe aussi et surtout au niveau du Ministre. Très fâché, le syndicat tape du poing sur la table : “Tant que les points d’accord du protocole d’accord du 07 Avril 2009 sont violés et continuent à être violés, nous serons dans l’obligation ultime de faire valoir ces droits acquis par tous les moyens légaux…”.
Pourquoi le Général Sadio Gassama traîne-t-il les pieds pour exécuter ce qu’il avait promis ? Ne donne-t-il pas ainsi raison à ceux qui mettent son nom sur la liste des membres du gouvernement devant partir, lui qui ne parvient plus à assurer la sécurité des Maliens ?
Le protocole d’accord
La section syndicale de la Protection Civile, faut-il le rappeler, avait déposé, le 24 Mars 2009, un préavis de grève sur la table du ministère de la Sécurité Intérieure et de la Protection Civile. Des négociations avaient été entamées entre les syndicalistes et le Gouvernement, à travers le département du Général Sadio Gassama, en présence du représentant du ministère du Travail, de la Fonction Publique et de la Réforme de l’État.
Après débats et discussions, certains des 11 points de revendication contenus dans le préavis de grève furent l’objet d’accord total ou partiel entre les parties. Au nombre de ces points d’accord, on cite :
– la relecture des statuts des fonctionnaires de la Protection Civile ;
– l’adoption du décret déterminant les primes et indemnités, leurs taux ainsi que les conditions et modalités de leur octroi ;
– la formation du CAFRES (Certificat d’Aptitude à la Fonction et Responsabilité) ; la formation des chefs d’Agrès ;
– les congés de formation ;
– la mise en place des commissions administratives paritaires et le conseil supérieur des fonctionnaires de la Protection civile ;
– la dotation des agents en tenue ;
– l’équipement des infirmeries ;
– la régularisation des chefs de groupe.
Cependant, d’autres points avaient fait l’objet de désaccord entre les parties, mais le ministre s’était projeté de les examiner ultérieurement. Il s’agit, entre autres, de la formation académique des techniciens de santé, du rétablissement de l’arrêté N°07-2619 du 26 septembre 2007 déterminant les appellations des grades militaires à la protection civile, de l’établissement des cartes professionnelles avec grade de l’agent, de l’avancement indiciaire des chefs d’Agrès.
En tout état de cause, si l’on se félicitait de l’accord intervenu sur 8 des 11 points contenus dans le préavis, il faut regretter que cette satisfaction a été par la suite contrastée. Car parmi ces points d’accord, certains ont été violés par le ministre lui-même. Or c’est lui qui est l’autorité qui doit garantir le respect du contenu du protocole d’accord. Malheureusement, l’un des jeux favoris des ministres du Gouvernement Modibo Sidibé, c’est la violation des accords qu’eux-mêmes ont volontairement signé avec les partenaires sociaux.
La violation des points d’accord
Ainsi, parmi les points d’accords violés par le ministre Sadio Gassama, on peut noter la relecture des statuts des fonctionnaires de la Protection Civile, l’adoption du décret déterminant les primes et indemnités, leurs taux ainsi que les conditions et modalités de leur octroi ; la formation du CAFRES (Certificat d’Aptitude à la Fonction et Responsabilité), la mise en place du conseil supérieur des fonctionnaires de la Protection civile, la dotation des agents en tenue ; l’équipement des infirmeries.
Concernant les statuts, bien que tous les travaux relatifs à leur relecture soient bouclés, le ministre a trouvé les moyens de bloquer l’exécution de ce point d’accord. En effet, par décision N°10-069/MSIPC du 09 Février 2010, il a créé une commission chargée de la relecture des mêmes statuts. Curieusement, ni le syndicat, ni les fonctionnaires de la Protection civile ne sont membres de cette commission. Est-ce pas la preuve de la mauvaise foi du ministre ?
Pour ce qui concerne l’équipement des infirmeries, on s’est contenté de mettre quelques lits dans les infirmeries de certaines localités, mais les médicaments ne sont toujours pas disponibles. Et pourtant, un budget de 4,5 millions de FCFA est dégagé chaque année pour l’achat des produits pharmaceutiques.
Malheureusement, les infirmeries manquent toujours de médicaments, et le ministre ne dit ou ne fait rien pour savoir la destination de l’argent. Que cache alors son refus d’agir ?
Pour les tenues, il était prévu de livrer à chaque sapeur pompier 4 sortes de tenues. Malheureusement, chaque agent n’a reçu qu’une seule tenue. Il est obligé de la portée toute l’année, et tant pis pour celui qui aura sa tenue déchirée lors d’une intervention en cas d’incendie ou autre catastrophe. Sadio Gassama est-il contre que les agents de la Protection civile aient des tenues nécessaires et décentes pour travailler ?
Par rapport au point relatif aux primes et indemnités, le ministre avait informé le syndicat de la programmation de ce texte en conseil des ministres avant la fin du premier trimestre de 2010. Or nous sommes en avril, le début du deuxième trimestre, mais le texte n’est pas passé en conseil des ministres. C’est dire que la promesse ministérielle n’est pas tenue et Sadio Gassama n’a rien donné comme explication au syndicat dans ce sens.
Le syndicat menace
Avec les points d’accord obtenus, la section syndicale de la Protection civile avait décidé de suspendre son mot d’ordre de grève de 48 H qui devait commencer le 8 Avril 2009. Mais au lieu de trouver une solution aux points de désaccords pour qu’ils ne fassent plus l’objet d’un nouveau préavis de grève, le département s’est même permis de remettre en cause ce qu’il avait accepté et signé avec les syndicalistes et ce, devant témoins.
Vu le retard dans l’exécution du protocole d’accord signé il y a une année, la section syndicale de la protection civile n’a pas manqué d’interpeller le ministre Sadio Gassama. En effet, dans une lettre datée du 30 Mars 2010, son secrétaire général, le camarade Bakary Dao, avertit : “J’ai reçu à la date du 10 Février 2010 la correspondance de votre décision N°0-069/MSIPC-SG du 9 Février 2010 portant création d’une commission de relecture du statut des fonctionnaires de la Protection Civile. Cette commission devrait déposer les résultats de ses travaux dans un délai de 15 jours à compter du 10 Février 2010 et nous sommes à un mois de l’expiration de ce délai.
Monsieur le ministre, nous n’avons rien remarqué comme réaction de votre part pour la continuité des travaux suspendus par vous-mêmes depuis le conseil de cabinet élargi du 13 Novembre 2009. Par conséquent, nous sommes dans l’obligation d’agir dans les jours à venir pour la reprise de cette relecture qui est un point du protocole d’accord du 07 Avril 2009. Tant que les points d’accord du protocole d’accord du 07 Avril 2009 sont violés et continuent à être violés, nous serons dans l’obligation ultime de faire valoir ces droits acquis par tous les moyens légaux…”
L’un des moyens légaux auxquels le camarade Dao fait allusion, c’est bien la grève. Or légalement, les sapeurs pompiers pourront passer à l’action sans toute autre forme de transition. Puisque leur mot d’ordre de grève de 2009 n’avait pas été levé, mais suspendu. Les sapeurs pompiers remettront-ils çà ?
Décidément, le ministre Gassama a montré ses limites à la tête de son département. Il est incapable d’assurer la sécurité des Maliens à intérieur. Et voilà qu’il traîne encore les pieds pour appliquer le contenu du protocole d’accord signé par son département avec la section syndicale dudit service.
Que justifie-t-il donc son maintien à ce ministère, puisqu’il ne sert plus le Président ATT ?
Oumar SIDIBE
06 Avril 2010.