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« Sikasso a tout pour plaire » ! Titrait un confrère de l’Essor de retour de la rentrée touristique 2005-2006 qui a lieu dans la capitale du Kénédougou le 17 décembre dernier.

Ils sont en tout cas nombreux ceux qui reconnaissent que la glorieuse histoire de la région combinée à son patrimoine matériel et immatériel peuvent faire d’elle « un pôle d’avant-garde » du tourisme au Mali.

« Je suis ravi de ce que je viens de voir. C’était extraordinaire. Il y a un potentiel qu’il faut aménager. Je crois qu’avec la diversité des musiques et les pas de danse que je viens de voir, on peut organiser un carnaval à l’image de Rio au Brésil. Ce sera génial et je n’y manquerais pas« , promet M. Alain Breton, agent de Abbis Formation. Un français qui a plusieurs fois visité le Mali comme touriste.

Un enthousiasme partagé par M. André Klossowski, Directeur général de Signes, un organisme de conseil en image de marque et communication d’entreprise (France). Il demeure convaincu que le Mali possède de quoi intéresser les professionnels du tourisme à travers le monde.

« Sikasso fait partie des régions sur lesquelles le pays peut compter. Ancien royaume du Kénédougou, zone humide par excellence, la ville peut constituer une porte d’entrée pour le Sud du Mali« , a apprécié à son tour M. Oumar Balla Touré, Directeur général de l’Office malien de tourisme et de l’hôtellerie (OMATHO).

Et ce ne sont pas là des lauriers complaisamment jetés sur le Kénédougou. Les Sikassois ont sorti la grosse artillerie pour démontrer que le choix porté sur leur région pour arbitrer cet événement n’était pas fortuit. Comme lors du 22 septembre 2005, la reconstitution de l’histoire du royaume des mystères n’a presque laissé personne indifférente.

« A Sikasso, la bravoure se hérite par le sang« , a chanté le Kéné Stars (l’orchestre régional) à son apogée. On en est plus que convaincu en voyant Tiéba Traoré, fondateur du royaume, à la tête de sa garde royale ; son brave frangin, Babemba, et ses sofas dont le pas martial rappelle que l’Afrique n’a pas hérité l’art militaire des colonisateurs, mais qu’elle l’avait forgé. Que dire alors de l’intrépide Momo Traoré fièrement dressée sur son étalon pour ouvrir des brèches dans les lignes ennemies pour ses amazones !

On comprend alors pourquoi Almamy Samory Touré a assiégé en vain la citadelle sans pour jamais parvenir à y pénétrer. L’histoire dit même que l’échec de cet autre glorieux résistant à la pénétration française en Afrique de l’Ouest est dû à des charmantes amazones qui ont infiltré les rangs de son armée pour désarmer ses sofas dans leur sommeil.

Le Kénédougou, c’est aussi la danse et la musique. Le défilé des artistes a réservé d’agréables surprises même à des natifs de la région qui étaient loin de soupçonner que leur région regorgeait tant de richesse et de diversité artistiques et culturelles.

« La variété des danses et des masques, la diversité de la musique étaient, jusque-là, peu connues de la majorité de nos compatriotes« , écrit le doyen Youssouf Doumbia (l’Essor).

Le balafon était naturellement à l’honneur sous toutes ses facettes. Chaque contrée naturelle (Kénédougou, Miniankala et Folona) a sa spécificité par rapport à ce mythique instrument.

Le Mali et le monde connaissaient Lamissa Bengaly N°1, Lamissa Bengaly N°2 et Souleymane Traoré « Néba Solo », l’artiste vedette de la CAN « Mali 2002 ». Sikasso leur a fait découvrir, les balafonnistes de Diakala, de Nakoya et surtout le virtuose de Watiali, Zégué Bamba.

On a beau être un profane dans le domaine, on ne peut qu’être séduit par ce septuagénaire plus alerte qu’un jeune de 20 ans et dont la beauté vocale fait frémir au plus profond de soi.

Irrésistible curiosité est la majestueuse danse du Kourby, le Goumpé des Bobos et les envoûtants masques de Mahou et de Boura (Yorosso), le magistral Sogoninkoun du Wassoulou (Yanfolila).

Atouts auxquels s’ajoutent, entre autres, le Tata, le Mamelon, les chutes de Woroni et de Farako, les poissons sacrés de Kébéni, le lac sacré de Kambo (Kadiolo), les hypogées de Dogo et de Zégoua, les Nagawas de N’koutina (Koutiala).

Le potentiel est énorme et réel. Mais, comme l’a écrit un confrère, ces atouts restent comme des « pépites brutes » qui n’attendent que d’être « polies » pour attirer les visiteurs de part le monde.

Une tâche à laquelle s’atèle désormais le ministère de l’Artisanat et du Tourisme à travers l’OMATHO. Mais, comme l’a dit le D.G de cet office, M. Oumar Balla Touré, « la promotion touristique est une lutte de longue haleine. Ce n’est pas du jour au lendemain qu’on peut faire changer la destination des touristes longtemps concentrée sur le triangle du Nord. Mais, il va sans dire qu’avec l’évolution, il est nécessaire d’ouvrir d’autres pistes car le produit touristique est changeable ».

Une ouverture qui, selon lui, nécessite « une large implication des acteurs. Il est évident qu’avec les efforts de chacun, le Kénédougou ne va pas tarder à récolter les retombées de tourisme ».

Les jeunes étudiants ressortissants de Sikasso à l’Institut Universitaire de Gestion (IUG/Section tourisme et hôtellerie) ont déjà démontré, par un gigantesque défilé, qu’ils entendent jouer leur partition dans la revalorisation et la promotion de cette nouvelle destination.

Gageons que tous les autres acteurs vont suivre leur engagement pour que les premières retombées de cette rentrée touristique attendues en 2007 tiennent les promesses du magnifique défilé du 17 décembre 2005.

Moussa Bolly
Envoyé spécial

27 décembre 2005.