Le thème de cette année “quels droits pour les citoyennes du monde rural” vient à point nommé quand on sait que l’un des combats des organisations non gouvernementale, des femmes et des pouvoirs publics est la prise en compte progressive de l’approche genre dans les actions de développement, voire dans les différents services privés et publics, bref dans le cadre de la gestion des affaires publiques.
En effet, avec les principes de la bonne gouvernance démocratique, il est, ces temps-ci, interdit aux gouvernements, aux organisations non gouvernementales, aux associations et GIE d’entreprendre des actions de développement sans prendre en compte l’approche genre. Le combat des femmes est mené en effet sur deux fronts essentiels: en milieu urbain et dans les campagnes. Comment la situation se présente-t-elle aujourd’hui?
ATTENUER LES DISPARITES
Aujourd’hui, il ne fait aucun doute qu’il existe de très grandes disparités entre les villes et les campagnes et partant, entre les citadins et les ruraux. Rarement dans le milieu rural les femmes poursuivent les études jusqu’à l’obtention de diplômes. D’ailleurs, nombre d’entre elles n’entrent même pas à l’école.
En revanche, les femmes citadines sont nombreuses au niveau de l’administration publique, dans les services privés, bref, elles participent de plus en plus aux travaux qui s’exercent dans les bureaux. Cela explique en partie les disparités entre les femmes citadines et celles vivant en milieu rural.
Les premières ont généralement plus de revenus, renforcent progressivement leur capacité et leur indépendance financières, perçoivent mieux leurs droits, comparativement aux femmes exerçant leurs activités en milieu rural. Il en est de même pour les droits politiques.
FEMMES RURALES, FEMMES CITADINES
Les citoyennes du monde rural ont sans doute beaucoup d’efforts à faire dans le cadre du combat pour l’affirmation et le raffermissement de leur citoyenneté. Fondamentalement le droit au vote, à un bon positionnement sur les listes électorales, à un quota raisonnable par rapport aux hommes dans le cadre des candidatures aux différentes élections est tout aussi important que leur participation à la production des biens matériels.
Dans ce second cas, les femmes rurales sont particulièrement impliquées dans le développement des activités génératrices de revenus. Cela se traduit par la promotion des activités génératrices de revenus soutenues par les caisses de micro-crédit.
Ce sont de nombreuses activités de production agricoles, de cultures maraîchères et autres s’inscrivant dans le cadre de l’artisanat traditionnel, ou du petit commerce qui font aujourd’hui des femmes rurales des acteurs incontournables du développement socioéconomique.
Par ailleurs, en milieu rural, les femmes jouent un rôle non négligeable dans les échanges commerciaux, notamment à travers leur participation aux foires dans différentes localités qui sont en fait des lieux et opportunités d’échanges commerciaux.
“Quels droits pour les citoyennes du monde rural ? “Nous le disions, est une question qui vient à point nommé. Elle mérite d’être sérieusement débattue, puisque les réponses qui y seront portées participeront activement au renforcement du développement local, rural. Ne dit-on pas que la force de la pyramide c’est sa base?
Alors, tout développement, surtout lorsqu’il s’agit de pays en développement, est voué à l’échec, s’il ne prend pas en compte non seulement l’aspect genre mais aussi les disparités entre ruraux et urbains. En effet, tant au plan socio-économique qu’au plan politique, il existe encore de nombreuses insuffisances et lacunes
A l’occasion de la célébration de la journée mondiale des femmes rurales, il ne s’agira pas de lire des discours politiques creux et de faire miroiter des solutions idéalistes, utopistes aux difficultés auxquelles les femmes sont confrontées en milieu rural.
LA NECESSITE D’AMELIORER L’APPROCHE
Par ailleurs, espérons surtout que le département de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, contrairement aux années précédentes, développe plutôt une synergie novatrice avec les femmes rurales afin qu’elles aient l’opportunité de s’exprimer en grand nombre partout où il est question de leurs problèmes, de la recherche de solutions afin qu’elles jouissent pleinement de l’un de leurs droits fondamentaux, celui d’avoir l’opportunité d’exprimer leur point de vue, leur position.
Cela est particulièrement important, car selon des études même dans les pays du Nord les femmes sont considérées comme des relais sûrs dans le cadre de la promotion des activités de production des biens matériels.
La question que l’on se pose, c’est de savoir si on va donner la parole aux intéressées afin qu’elles diffusent toutes les informations disponibles relatives à leurs conditions de vie, aux innombrables difficultés qu’elles rencontrent au cours de leurs activités quotidiennes de production des biens matériels.
Et il faudra qu’on puisse aller au-delà de simples constats en envisageant côté département, organisations et associations féminines des solutions idoines aux multiples questions qui se posent, handicapant l’épanouissement socio-économique des femmes.
Moussa SOW
13 octobre 2005.