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Pour accroître les ressources consacrées aux programmes d’alphabétisation en Afrique, particulièrement au Mali, les organisations de la société civile ne lésinent plus sur les stratégies de plaidoyer. Ainsi, après la caravane dans des localités maliennes, guinéennes et sénégalaises, et après la marche organisée lundi matin, l’ONG « Jeunesse et développement » et ses partenaires étaient mardi devant les journalistes au Centre de presse du CICB.

Organisé par « Jeunesse et développement » et Pamoja Afrique de l’Ouest, cette conférence était animée par Gorgui Sow (Campagne africaine pour l’Education pour tous), Pr. Mamadou Ndoye (ancien ministre sénégalais de l’Education et secrétaire général de l’ Adéa), Mme Joyce N. Kebathi (Kenya) et Mme Gina Mamba Chimda (Pamoja , Zambie) qui sont tous des figures emblématiques du combat pour la promotion de l’alphabétisation.

Une fois de plus, il s’agissait d’un plaidoyer visant à amener les gouvernements et les agences de développement à consacrer plus de ressources aux programmes de promotion de l’alphabétisation. Vu l’énormité des besoins sans cesse exprimés, il est nécessaire que les gouvernements consacrent au moins 3 % de leurs budgets alloués à l’éducation. Cela est d’autant nécessaire que 1/3 des adultes ne savent encore ni lire ni écrire. Pis, il n’y a pas de politique systématique en matière d’alphabétisation et d’éducation non formelle.

Pour atteindre cet objectif de 3 %, le groupe d’ONGs va poursuivre son plaidoyer et accentuer la pression sur les gouvernements et les partenaires au développement en s’appuyant sur les autres composantes de la société civile, les médias, les parlements nationaux. Les différentes campagnes vont surtout mettre en évidence les multiples avantages de l’alphabétisation au-delà du fait de savoir écrire et lire. Une tâche aisée d’autant plus que l’alphabétisation fait la différence à tous les niveaux.

Selon le Pr. Mamadou Ndoye, les pays africains consacrent 5 à 40 % de leurs budgets globaux à l’éducation. Dans une telle situation, exiger 3 % de ce budget pour l’alphabétisation et l’éducation non formelle, ne consisterait-elle pas à pousser les gouvernements à dégarnir d’autres secteurs à leur profit ?

Des réponses apaisantes ont été apportées à cette préoccupation des confrères. Pour l’ancien ministre sénégalais de l’Education, Pr. Ndoye , l’atteinte de l’objectif fixé par les ONG exige des ajustements internes, d’allocations mieux équilibrées et la recherche du coût/efficacité pour allouer une part significative à l’alphabétisation.

Pour M. Gorgui Sow de la Campagne africaine pour l’Education pour tous, il faut surtout mettre l’accent sur le plaidoyer national afin de convaincre les gouvernements et leurs partenaires à accorder plus d’importance et à consacrer plus de ressources à l’alphabétisation. Il faudra aussi veiller à ce qu’il y ait plus d’efforts dans la gestion des ressources allouées.

« Quelle que soit l’importance des ressources allouées, elles n’auront jamais l’impact socioéconomique attendu sans une gestion transparente, efficace et équitable » , a rappelé M. Sow . Dans sa conclusion, il a attiré l’attention des journalistes sur le fait que la rareté ou l’insuffisance des ressources ne doit pas être un prétexte pour marginaliser davantage les couches pauvres qui sont aussi les plus touchées par l’illettrisme.

Cette conférence de presse intervient après une marche de plaidoyer et une caravane d’information et de sensibilisation des communautés sur l’importance de l’alphabétisation. Ainsi, du 27 août au 7 septembre 2007, cette caravane a parcouru des localités maliennes, guinéennes et sénégalaises comme Siguiri, Mamou, Labé, Kédougou, Tambacounda, Kidira, Diossong, Diboli, Kayes et Kita…

Toutes ces activités d’information, de sensibilisation et de plaidoyer étaient organisées en marge de la Conférence régionale panafricaine sur l’alphabétisation (du 10 au 12 septembre 2007) qui a pris fin hier à Bamako.

Moussa Bolly

13 septembre 2007.