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Face au fléau certaines organisations internationales comme : Oxfam, Amnesty et Reseau d’Action Internationale sur les armes légères préconisent l’adoption d’un traité international sur le commerce des armes. Les initiateurs de ce traité préconisent des actions à tous les niveaux de responsabilité pour atteindre l’objectif.

Nous avons désormais atteint un stade critique de la prolifération et de l’utilisation illégale des armes sur une grande échelle. La guerre contre la terreur aurait dû souligner la volonté politique d’empêcher que les armes ne tombent entre les mauvaises mains.

Au lieu de cela, depuis les attaques du 11 septembre 2001contre le World Trade Center et le Pentagone, certains fournisseurs ont relâché leur contrôle pour pouvoir armer les alliés de fraîche date contre le terrorisme, même si ces alliés violent le droit international relatif aux droits humains et le droit international humanitaire. En dépit des ravages qu’elles commettent, il n’existe toujours pas de droit international contraignant et complet pour contrôler les exportations d’armes conventionnelles.

Selon le document intitulé “Vies Brisées” édité par Oxfam et Amnesty International, nous assistons en même temps à un changement plus profond dans la mesure où les armes font désormais partie intégrante de la vie quotidienne dans un nombre croissant de communautés et de villes de par le monde, devenant ainsi des instruments de mort de plus en plus ordinaires.

A ceux qui disent qu’on ne peut rien faire pour contrôler les armées, ces organisations internationales rétorquent que cela est, au contraire, tout a fait possible. Le traité contre les mines antipersonnel (1997) est né de la rencontre entre des pressions gouvernementales fortes et un soutien populaire mondial.

Pour contrôler de manière plus efficace la prolifération et l’utilisation illégale des armes, Amnesty International et Oxfam recommandent donc des actions urgentes et conjointes à tous les échelons, du niveau local au niveau international.

– Au niveau international : Oxfam et Amnesty international préconisent d’adopter la Convention cadre sur les transferts internationaux d’armes d’ici la Conférence d’examen de l’ONU sur les armes légères en 2006; de créer de nouveaux instruments internationaux pour prohiber le courtage, le transport, le financement et la production sous licence étrangère irresponsables d’armes, en se servant des dispositions contenues dans la Convention cadre sur les transferts internationaux d’armes relative à la définition et à la prévention des transferts irresponsables; de fournir des financements supplémentaires pour développer les programmes d’assistance pratique pour les communautés affectées par les armes, en sollicitant en particulier les agences donatrices des pays producteurs d’armes.

– Au niveau régional : les gouvernements sont exhortés à développer et à renforcer les accords régionaux de contrôle des armes, à respecter le droit international humanitaire et le droit international relatif aux droits humains.

– Au niveau national, les gouvernants sont exhortés à améliorer leur capacité étatique et leur propre système de surveillance pour contrôler les transferts d’armes et pour protéger leurs ressortissants de la violence avec armes dans le respect du droit et des normes internationales.

– Au niveau local : la société civile et les agences gouvernementales locales sont exhortées à prendre des mesures efficaces pour améliorer la sécurité au niveau local en réduisant l’offre et la demande locales d’armes.

LES ARMES INTENSIFIENT LA PAUVRETE ET LES SOUFFRANCES

Chaque jour, des millions d’hommes, de femmes et d’enfants vivent dans la peur de la violence armée. Toutes les soixante secondes, dans le monde, une personne meurt de mort violente. Des gangs de Rio de Janeiro et de Los Angeles aux guerres civiles du Libéria et d’Indonésie, les armes prolifèrent de façon anarchique.

Cette prolifération non contrôlée et l’utilisation illégale des armes par les forces gouvernementales et les groupes armés coûtent cher en vies humaines, en revenus et en opportunités pour échapper à la pauvreté.

En moyenne chaque année, 22 milliards de dollars sont consacrés aux ventes d’armes dans les pays d’Afrique, d’Asie, du Moyen orient et d’Amérique latine – une somme qui aurait permis à ces mêmes pays de répondre positivement aux Objectifs du Millénaire pour le développement en particulier dans le domaine de l’éducation primaire pour tous et de la réduction de la mortalité infantile et de la mortalité maternelle (montant estimé : 12 milliards de dollars par an).

Chaque jour, dans le monde entier, Oxfam et Amnesty International sont les témoins de l’utilisation illégale des armes qui attisent les conflits, renforcent la pauvreté et violent les droits humains.

IL FAUT AGIR MAINTENANT

Il est de la responsabilité de chaque gouvernement de contrôler les armes – celles qu’elles possèdent sur leur territoire pour protéger leurs ressortissants et celles qu’elles exportent pour faire respecter le droit international relatif aux droits humains et le droit international humanitaire dans le monde entier.

Les gouvernements les plus puissants de la planète, qui sont aussi les plus importants fournisseurs d’armes, ont une responsabilité encore plus grande pour contrôler les ventes d’armes à l’échelon international.

Au total, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU- la France, la Russie, la Chine, le Royaume Uni et les Etats-Unis – exportent 88% des armes conventionnelles dans le monde; ces exportations sont régulièrement la cause principale des violations flagrantes des droits humains.

Il est urgent que les gouvernements relèvent le défi. Ils doivent coopérer pour contrôler et limiter le flux des armes et la prolifération de la production d’armes.

Mamadi TOUNKARA

07 décembre 2005.