Samedi, dans la salle des banquets du Centre international des conférences de Bamako, la cérémonie de lancement du Projet de production industrielle de viande bovine à valeur ajoutée pour l’exportation a eu lieu sous la présidence de
Groupements et associations d’éleveurs du District, de la périphérie de la capitale comme Niamana, Tienfala et du cercle de Kati étaient présents.
Troisième source de revenus d’exportation du Mali après l’or et le coton, l’élevage concerne au moins 80 % de la population dans notre pays, et contribue à hauteur de 11 % au PIB.
Malgré les énormes potentialités pastorales de notre pays, qui possède un important cheptel, beaucoup reste à faire. En effet, il est nécessaire de renforcer ces performances.
Ainsi, pour cela, on pourrait avoir recours à une amélioration de la productivité et du potentiel génétique des races autochtones, donc par l’insémination artificielle.
Actuellement, le principal exportateur de viande vers les marchés européens est le Brésil.
Cependant, depuis trois ans, l’Europe est déficitaire en viande.
D’où cette grande opportunité pour le Mali, de tirer de cette situation, pour se faire une place sur le marché européen de la viande.
Cependant, pour cela, il est nécessaire que la production locale de viande évolue et s’améliore.
Ainsi, le Projet de production industrielle de viande bovine à valeur ajoutée pour l’exportation s’est fixé comme missions de développer la production de bovins à haute potentialité bouchère par un programme de croisement industriel des races exotiques comme la Limousine ou l’Aubrac d’origine française avec des races locales, de contribuer au développement des cultures fourragères pour l’engraissement des animaux, de développer la pratique du ré-élevage et de l’embouche industrielle des broutards demi sang (les produits des premiers croisements) améliorés, d’améliorer la transformation de la viande et développer l’exportation de la viande du Mali sur les marchés européens.
Le projet comprend deux phases : une expérimentale et l’autre industrielle.
La phase expérimentale démarrera dans les prochains mois. Elle s’implantera dans les élevages de la zone péri-urbaine du District de Bamako et de la région de Koulikoro, les régions de Ségou et Mopti et les zones CMDT.
Cette année, le programme d’insémination artificielle va concerner 5000 vaches locales sélectionnées qui seront fécondées avec la semence de taureaux reproducteurs de race Limousine et Aubrac.
Pour la première expérimentation, 7500 doses de semences d’un coût total de 300 millions Fcfa, seront utilisées.
Le prix unitaire de l’insémination artificielle sera de 40.000 Fcfa.
Durant cette première phase, éleveurs bénéficieront de services techniques, d’un encadrement concernant la conduite de l’élevage des vaches suitées accompagnées de leurs petits, garantissant ainsi la bonne croissance des veaux jusqu’au sevrage (entre 9 et 12 mois d’âge).
Au sevrage, le projet achètera les veaux des deux sexes à 150.000 Fcfa pièce pour les engraisser ensuite dans les fermes d’embouche pilote qui seront créées dans la zone de l’Office du Niger où les conditions propices existent.
Ensuite, de la ferme, les animaux engraissés seront envoyés à l’abattage pour l’exportation de leur viande.
Dans les deux années à venir, le projet envisage de passer de 5000 à 10000 vaches par an.
Pour atteindre ses objectifs, l’expérience en la matière de la société Afrique Genetic-SARL qui a comme partenaire technique KBS Genetic de France sera sollicitée par le projet.
La partie malienne bénéficiera de l’expertise de Denis Bra Kanon, qui a été durant 15 ans ministre en Côte d’Ivoire, de Jacques Bachelier agro éleveur français et de Jean Luc Kresse généticien français.
Tout en saluant vivement cette initiative, groupements et associations d’éleveurs affirment que cette dernière, donnera un coup de fouet à la fois à la promotion de la production de viande et à l’amélioration de l’élevage traditionnel.
Pour Bakary Touré, un éleveur de Kabala, les bénéfices devraient profiter à toutes les parties. Car actuellement, l’opération ne s’avère pas rentable pour l’éleveur, juge-t-il.
En effet, pour Mr Touré, lorsque la vache inséminée doit se déplacer dans les pâturages pour se nourrir et qu’elle n’a besoin que d’une complémentation alimentaire pour assurer un bon suivi de la gestation, le coût de production s’élève à 187.150 Fcfa. Par contre quand la bête est retenue en stabulation c’est-à-dire dans l’étable, elle coûte 270.900 Fcfa à l’éleveur pour les besoins de la gestation.
Le calcul est vite fait avec un veau rapportant 150.000 Fcfa, après 9 mois d’entretien comme proposé par le Projet. L’affaire n’est donc pas rentable pour l’éleveur, conclut Touré.
Mais comme le Projet est susceptible de générer des emplois grâce à la formation et au recyclage des inséminateurs privés, de permettre le recrutement du personnel des fermes et des centres d’abattage moderne, les éleveurs ne veulent pas être un frein à l’initiative, a fait remarqué Mr Touré.
Cependant, afin que chaque partie puisse tirer le meilleur profit de l’opération, une discussion autour des coûts de production s’impose, a-t-il estimé.
31 mai 2006.