La question des OGM fait débat au Mali. Après les conférences, tantôt de sensibilisation, tantôt de protestation, la question inéluctable arrive à l’Assemblée nationale où les Commissions se sont saisies du dossier. Le débat en séance plénière est prévu pour le jeudi 13 novembre. D’ici là ceux qui y sont favorables et ceux qui sont contre les OGM, sont en train de fourbir leurs armes. La bataille se prépare et promet d’être âpre.
A l’Assemblée nationale, pendant que le règlement intérieur révisé est envoyé à la Cour Constitutionnelle pour en vérifier la conformité, les commissions parlementaires s’activent autour des projets de loi prévus à l’ordre du jour de la prochaine séance plénière. Celle-ci est prévue pour le jeudi 13 novembre.
Parmi les projets de loi à l’ordre du jour de cette plénière, figure en bonne place, celui sur la biosécurité et la biotechnologie. On note également des projets de loi sur le statut des Huissiers de Justice, la réglementation bancaire, un projet de loi de ratification concernant le développement rural de la région de Kidal.
Le projet de loi qui fait le plus de bruit, est de loin celui sur la biosécurité et la biotechnologie, vaguement désigné sous le vocable d’OGM. Vu par certains comme la solution à nos problèmes de sécurité alimentaire, la nouvelle génération de pratique biotechnologique est vue par d’autres comme une aventure ravageuse contre laquelle, il urge de s’ériger.
Cependant l’Assemblée nationale semble tout à fait prête pour adopter ledit projet de loi, même si du côté de l’opposition, la résistance se prépare. Celle-là se fera l’écho d’une couche paysanne qui s’est prononcée contre, et qui souhaiterait que les députés n’adoptent pas le projet de loi.
En revanche, le projet est soutenu par certains membres de la société civile qui ont été reçus à l’Assemblée nationale, lors des écoutes sur la question.
Le sujet a longtemps divisé la société civile qui a ses partisans du progrès technologique et ceux qui y sont contre. Lors d’une session sous-régionale sur la question à Bamako, le président de l’Assemblée permanente des chambres d’Agriculture (APCAM), Bakary Togola, s’était clairement prononcé pour la biotechnologie.
Son adhésion tenait à une volonté de progrès, de production intensive. Selon lui, il est nécessaire de s’engager dans cette voie, et les quelques contestations ne s’expliquaient que par la méconnaissance et le caractère conservateur de certaines couches qui ne résistent pas à l’évolution. Il a cité l’exemple sur l’introduction de la charrue dans l’agriculture chez nous. Selon lui certains avaient juré de ne jamais abandonner la daba et de ne jamais manger les céréales produites en utilisant la charrue.
De son côté, la présidente de l’ASCOMA, était restée sans position claire, tandis que les hautes autorités avaient adopté les résolutions sur l’introduction de la biotechnologie. De ce fait la société civile a toujours été divisée sur la question. Ce n’est pas aujourd’hui qu’elle va retrouver son unité au moment où l’Etat a tout mis en œuvre pour sensibiliser et expliquer la question.
Pour mieux outiller les députés qui préparent l’adoption des projets de textes sur la biosécurité et la biotechnologie, le département de l’Environnement et de l’assainissement a organisé une journée d’information et de sensibilisation à leur intention le 10 juin 2008.
Il s’agit selon ce département, d’un instrument juridique et réglementaire sur la prévention des risques liés aux OGM. Cette journée d’information et de sensibilisation des parlementaires sur le Cadre national de biosécurité et le projet de loi sur la sécurité en biotechnologie en République du Mali a permis de relancer le débat.
L’évaluation des risques sanitaires des aliments génétiquement modifiés, les enjeux et les perspectives des biotechnologies sont également des thèmes qui ont été épluchés par des spécialistes de la biosécurité venus du Stp/Cigqe, à cet effet.
Avec comme but, « la conservation de la diversité biologique, l’utilisation durable des ressources naturelles et le partage juste et équitable des avantages découlant de l’exploitation des ressources génétiques, le gouvernement du Mali a signé et ratifié la Convention sur la diversité biologique depuis juin 1994 », a précisé Mamadou Gakou, Secrétaire technique permanent du cadre institutionnel de gestion des questions environnementales (Stp/Cigqe).
Cette Convention se rapporte à la prévention des risques biotechnologiques liée à la nécessité de protéger la santé humaine, animale et l’environnement contre les effets défavorables de l’utilisation de la biotechnologie moderne.
La mise en œuvre du protocole de Cartagena dans notre pays s’est traduite par l’adoption par le gouvernement depuis le 28 février 2007 du projet de loi sur la sécurité en biotechnologie en République du Mali. L’objectif de ce projet de loi est de prévenir les risques liés à l’utilisation des organismes génétiquement modifiés (OGM) au Mali.
Pour le 6è vice président de l’Assemblée nationale, Abdrahmane Sylla, représentant le président de l’institution, le développement sans précédent des biotechnologies a suscité des inquiétudes en raison des conséquences qui peuvent découler de leur utilisation sur la diversité biologique, la santé humaine et animale et l’environnement. Raison pour laquelle la communauté internationale a élaboré des instruments juridiques destinés à prévenir les risques liés à l’utilisation de la biotechnologie moderne, à travers la Convention sur la biotechnologie adoptée à Naïrobi en 1992, le protocole de Cartagena…
L’Union africaine a élaboré une loi type dénommée « Loi modèle de l’Union Africaine » sur la biosécurité qui prend en compte les spécificités du Continent. Elle est destinée à servir de cadre de référence aux Etats pour l’élaboration de leurs lois nationales dans le domaine de la prévention des risques liés à l’utilisation des biotechnologies.
B.D
04 Novembre 2008