A la faveur de la sortie de son dernier long métrage, intitulé « Min Yé », en absence de salles de cinéma dignes de nom, Souleymane Cissé est en passe de développer un mode alternatif de lieux de diffusion qui draine aussi du monde. En seulement quelques jours de projections, « Min Yé » a drainé plus de 2500 spectateurs.
Malgré l’absence de salles de cinéma dignes de nom, les Maliens, à la faveur de la sortie du nouveau film de Souleymane Cissé, viennent de prouver qu’ils aiment encore le cinéma. Après Blonba où le film a été programmé du 24 au 31 mars 2010, Souleymane Cissé a mis à contribution la salle de conférence de Radisson Blu hôtel de Bamako, pour amener le maximum de personnes à voir son film.
Même si une salle de conférence n’est pas trop adaptée à la projection de films, elle a quand même l’avantage d’offrir un certain confort qu’apprécient les cinéphiles.
Du coup, la sortie de « Min Yé » à Bamako, sans tambours ni trompettes, vient poser le sempiternel problème de salles de cinéma. « Après Blonba, nous avons de la peine à programmer le film dans d’autres salles qui donnent le minimum de confort aux spectateurs », a déclaré Souleymane Cissé.
Du coup, il pose sans le dire clairement le problème de l’exploitation au Mali des films après la production. Mais, à réfléchir de près, notre pays n’est pas un cas isolé.
Hormis Ouagadougou, la plupart des capitales africaines au sud du Sahara assistent impuissantes à la fermeture de leurs salles de cinéma. Et les quelques salles qui ont pu survivre à cette avalanche de fermeture ou de détournement de fonction n’ont aucune commodité et dissuadent les cinéphiles les plus téméraires.
C’est dans un tel contexte que l’émérite réalisateur malien a décidé de montrer à ses compatriotes sa dernière œuvre « Min Yé », sortie 14 ans après son film « Waati » ou le temps. A
près Blonba où le film a enregistré 1510 entrées, le film a été programmé à Radisson Blu hôtel où il a enregistré 688 entrées pendant le week-end dernier. Le film a été aussi projeté à Sélingué où 111 cinéphiles ont bien voulu faire le déplacement pour le voir.
Les films Cissé ne veulent pas s’arrêter en si bon chemin. A travers la projection de « Min Yé », Souleymane Cissé vient de se donner un autre challenge : celui de pousse les maliens à aller voir les films.
Mais, pour réussir ce challenge, il va falloir doter le pays de salles de cinéma dignes de nom. Mais, en attendant que Bamako soit doté de salles à l’instar de Ouagadougou, les Maliens qui ont vu « Min Yé » y ont senti le reflet de notre société à travers ce qui se passe dans certaines familles.
« Min Yé » n’est ni plus ni moins qu’un miroir d’une grande partie de la société malienne. Ceux qui ne l’ont pas encore vu pourront le voir pendant le week-end prochain, Samedi et dimanche à l’hôtel Radisson.
Assane Koné
Le Républicain du 14 Avril 2010.