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La campagne agricole 2006-2007 tire vers sa fin. Dans le cadre de cette campagne, la culture du coton biologique et équitable a mobilisé plus de 3000 producteurs, dont 40 % de femmes. La révélation a été faite par Sékou Diarra, coordinateur du programme coton biologique et équitable à Helvetas Mali, au cours de la matinée d’information organisée à la Cafo.

Dans le cadre de ses semaines d’éducation populaire, d’information et de plaidoyer politico-médiatique sur la conduite de la culture du coton biologique et équitable au Mali, le programme coton bio et équitable de Helvetas Mali et le mouvement biologique malien (Mobiom) ont rencontré, le samedi 11 novembre 2006, les femmes de la coordination des associations et ONGs féminines (CAFO). Selon Mme Traoré Oumou Touré, les femmes, depuis un certain temps entendent parler du coton biologique et équitable, sans en réalité savoir ce que sait.

“Elles n’ont pas toujours accès à la bonne information afin de se positionner quant à certaines questions”, a-t-elle déclaré. De son côté, Anne Sophie, directrice de Helvetas Mali a salué la mobilisation des femmes de la Cafo. Elle a souhaité qu’à l’issue de la matinée que toutes les femmes présentes soient mieux informées sur le coton bio et équitable au Mali.

Pour Sékou Diarra, coordinateur du programme coton bio et équitable à Helvetas Mali, avec la proportion élevée des femmes dans la population malienne, le pays ne peut se développer sans capitaliser leurs efforts. Il a estimé que les femmes doivent jouer pleinement leur partition pour le développement du Pays.

“Mais pour cela, il vous faut des informations sur les grandes problématiques du développement de notre pays”, a-t-il déclaré. Dans son intervention sur le contexte de la rencontre, M. Diarra a estimé que plus de 3 millions de maliens vivent du coton. Et depuis quelques années, la chute du prix du coton sur le marché international plonge les paysans dans une extrême pauvreté.

La menace des OGM “Face à cette crise, Helvetas a proposé aux paysans et paysannes la culture du coton biologique qui, en plus de son prix rémunérateur sur le marché international, est soucieux de la préservation de la santé des producteurs et productrices et de l’environnement”, a-t-il soutenu.

Huit ans après le démarrage du programme, Sékou Diarra a estimé qu’il est en passe de tenir toutes ses promesses. Mieux, il a indiqué que le programme est porté par plus de 3000 paysans des cercles de Bougouni, Yanfolila et Kolondièba, parmi lesquels, 40 % sont des femmes. M. Diarra de préciser : “pour cela, nous avons souhaité venir à la Cafo pour parler du coton biologique et équitable afin d’édifier les femmes sur les enjeux et les défis de la filière”.

Sékou Diarra a ensuite rappelé que la privatisation annoncée de la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT) peut être une menace pour la filière. Il a indiqué qu’il faut craindre que la zone de production du coton biologique et équitable au Mali ne tombe entre les mains d’un acheteur hostile à la production biologique du coton. Et pire qui serait favorable à l’introduction du coton OGM. “Nous sommes venus à vous pour voir comment nous donner la main et assurer la promotion de la filière dans l’intérêt des femmes engagées dans la production et du Mali”, a-t-il dit.

De l’avis de Sidi Nguiro, directeur du mouvement biologique malien (Mobiom), structure faîtière regroupant 29 coopératives de producteurs et productrices, le coton biologique est une alternative pour les producteurs et productrices du Mali. Selon lui, l’agriculture biologique est un système de production qui valorise les ressources naturelles existantes et qui n’autorise pas l’utilisation des intrants chimiques de synthèses comme les engrais minéraux et les pesticides de synthèse.

En agriculture biologique, la fertilité du sol est assurée par la rotation culturale, l’utilisation de plantes légumineuses et l’apport d’engrais organiques (fumier et compost). Système de production apprécié par les femmes En ce qui concerne la protection des plantes, il dira qu’elle se fait avec le bio pesticide fabriqué à partir des extraits végétaux, notamment des extraits de Neem (azadirachta indica) mélangés avec les huiles de Koby (carapa procera) et de Npeku (lannea microsperma) : “nous y associons des techniques alternatives d’utilisation des plantes pièges telles que le gombo, apprécié par les prédateurs du coton”.

Il a ajouté que l’agriculture biologique est un système de production apprécié par les femmes parce qu’elle les éloigne du maniement des engrais et pesticides chimiques de synthèse, trop dangereux pour elles et leurs enfants. Il a ensuite fait un rappel historique du programme du coton biologique et équitable au Mali. Selon lui, une phase expérimentale, démarrée en 1998 et achevée en 2001, a convaincu de la possibilité de produire du coton au Mali sans apport d’engrais et pesticides chimiques de synthèse.

La première phase du programme de production du coton biologique (2002-2005) a été marquée par la certification bio en 2002 par ECOCERT International et par celle équitable en 2004 par Fair Trade Labelling Organisation (FLO). La deuxième phase, démarrée en 2006 et qui doit prendre fin en 2008, selon Sidi N’Guiro, va s’atteler à développer une filière autonome qui doit générer une quantité significative de coton de bonne qualité, certifié et produit en fonction des méthodes de l’agriculture biologique.

Cependant, la campagne 2006-2007 n’étant pas encore bouclée, Sidi N’Guiro a levé le voile sur les prévisions de 2006. Selon lui, avec une superficie de 1810 ha, 3170 producteurs et productrices sont à pied d’œuvre pour produire 828 tonnes de coton graines. Parallèlement à la production du coton biologique, le directeur du Mobiom a indiqué que les paysans, en rotation au coton, cultivent le Sésame biologique.

Après, deux années d’expérimentation à petite échelle, la production de sésame bio et équitable a débuté pendant la campagne 2005-2006 et sur une prévision de 50 tonnes, seules 21 tonnes ont pu être produites”.

Et M. N’Guiro d’estimer que le programme bénéficie d’un certain nombre d’atouts, dont le prix de vente du Kilogramme de coton graine. A l’issue de la campagne agricole 2005-2006, le kilogramme de coton biologique a été acheté au paysan à 305 F Cfa contre 160 F Cfa pour le coton conventionnel. Cependant, il a mis un accent particulier sur les défis de la filière : la production de la matière organique en quantité et qualité suffisante et l’implication des producteurs dans le mécanisme de fixation du prix.

La filière est menacée par la multiplication des labels et par les discours favorables à l’introduction des OGM et la privatisation de la CMDT. Impressionnées, les femmes de la Cafo ont souhaité l’intégration des citadines dans la filière du coton biologique et équitable. Sékou Diarra a estimé qu’il y a suffisamment de place pour toutes les femmes dans la filière.

Selon lui, certaines pourraient s’intéresser à la teinture des tissus fait à partir du coton biologique et d’autres à la couture. A la fin de la matinée, Mme Traoré Oumou Touré a souhaité un véritable partenariat avec le programme coton biologique et équitable de Helvetas afin que les femmes soient initiées à l’agriculture bio.`

Assane Koné

15 novembre 2006.