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Initialement prévu pour le 19 mars prochain, le référendum pour la nouvelle Constitution de notre pays a été reporté à une date ultérieure. L’annonce a été faite vendredi par le ministre d’État, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le colonel Abdoulaye Maïga, au cours d’une conférence de presse qu’il a animée dans les locaux de son département.

Il était accompagné de la ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée des Réformes politiques et institutionnelles, Mme Fatoumata Sékou Dicko. Au cours de la conférence de presse, les points évoqués ont essentiellement porté sur le report du référendum,  la réorganisation territoriale et la carte nationale d’identité biométrique sécurisée. Le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation a introduit la rencontre par le communiqué du gouvernement concernant le report du référendum.

Dans le document, il est précisé un «léger report» du référendum prévu initialement pour le 19 mars 2023. Selon le colonel Abdoulaye Maïga, cette décision se justifie par la ferme volonté des autorités de la Transition d’appliquer les recommandations des Assises nationales de la Refondation (ANR), notamment la pleine opérationnalisation de l’Autorité indépendante de gestion des élections (Aige) à travers l’installation de ses démembrements dans les 19 régions administratives et le District de Bamako.

Le ministre Maïga a indiqué que la date du référendum sera fixée après concertation avec l’Aige et l’ensemble des acteurs du processus électoral. «Le gouvernement rassure l’opinion nationale et internationale que le retour à l’ordre constitutionnel, après avoir mené les réformes nécessaires, demeure l’une de ses priorités absolues, dans le respect de la durée de la Transition», a-t-il déclaré.

Répondant aux questions des journalistes, il a indiqué que le chronogramme est un outil de planification. Toutefois, il a assuré que la date butoir reste celle négociée avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

«Le chef de l’État tient fermement au respect de cette date», a insisté le colonel Abdoulaye Maïga. Reconnaissant qu’il n’y a pas de date pour le référendum pour le moment, il a souligné que certains objectifs que le gouvernement de Transition s’était fixés ont été atteints. «Nous avons un projet de Constitution. Nous avons également un projet de réorganisation territoriale dont les textes ont été adoptés par le CNT», a-t-il argumenté.

CARTE ADMINISTRATIVE–  Concernant la réorganisation territoriale, le ministre en charge de l’Administration territoriale a fait savoir que forcément celle-ci détermine la mise en place des démembrements de l’Aige. Et il fallait impérativement régler ce problème avant de mettre en place ces démembrements dans les régions, les cercles et les communes.

Le colonel Maïga a rappelé qu’en mars 2012, notre pays est passé de 8 à 19 régions soit une augmentation de plus de 137%. Il a souligné qu’une région est composée de circonscriptions administratives et de collectivités territoriales. Et tant qu’on ne les a pas déterminées, il est impossible de dire qu’on a une région pleine et entière.

Le ministre Maïga a déploré que le Mali se singularise négativement en n’ayant pas une carte administrative à jour. «Ce n’est pas normal que sur plus de 196 États dans le monde, le Mali soit le seul pays qui n’est pas capable de mettre à jour sa carte administrative», dira-t-il, en rappelant que la carte administrative du Mali est caduque depuis 11 ans. Pour lui, un pays existe en connaissant ses frontières avec les autres mais aussi ses frontières intérieures. Sur le papier, il y a 19 régions, mais dans la pratique, certaines de ces régions sont toujours des cercles.

Parlant de la carte nationale d’identité biométrique sécurisée, il dira que le Mali coexiste avec d’autres pays. Et la tendance, c’est la biométrie. Pour le ministre Maïga, la carte de circulation dans notre espace commun est la carte biométrique sécurisée. Selon lui, il est dans notre propre intérêt de sécuriser nos documents de voyage.

Il a rappelé ; à cet effet ; qu’il était facile pour tous les migrants du monde de venir au Mali et se faire établir un passeport pour aller vers des pays avec lesquels, le Mali n’a pas de visa. Mais cela a été réduit grâce à notre base de données Recensement administratif à vocation d’état civil (Ravec). La carte d’identité nationale biométrique, rappellera-t-il, aura vocation à remplacer la carte d’électeur. Ce qui fait une économie de deux cartes et dégage une niche financière pour l’État.

Sur la question de la laïcité, le colonel Abdoulaye Maïga dira que la commission de finalisation du projet de Constitution a fait l’effort de définir que la laïcité n’est pas contre les religions. Mais malgré ces avancées, la Ligue malienne des imams et érudits pour la solidarité islamique au Mali (Limama) n’est toujours pas satisfaite.  Il a rappelé que le principe de laïcité a toujours figuré dans toutes les Constitutions du Mali depuis l’indépendance. Et c’est ce principe qui a permis l’émergence de plusieurs associations et mouvements religieux dont la Limama.

«Il est curieux que le principe qui a favorisé votre émergence puisse être combattu par une association d’autant plus que nous avons fait l’effort de démontrer  que la laïcité n’est pas contre une quelconque religion…», a soutenu le ministre Maïga. Pour lui, «dans la situation actuelle du pays, on n’a pas le luxe de se polariser autour d’un mot». C’est pourquoi, il a lancé un appel à la Limama pour qu’elle revoie sa position, car il est important d’aller au référendum de manière très sereine.

S’adressant aux formations politiques qui demandent l’abandon du référendum, le ministre Maïga soulignera qu’il n’est pas de son ressort de prendre une décision par rapport à l’abandon ou la poursuite du processus référendaire. Le gouvernement a des objectifs et fera tout pour les atteindre, dira-t-il.

Dieudonné DIAMA

SOURCE : ESSOR