Depuis l’avènement de la démocratie, la participation aux élections est une préoccupation partagée par tous les acteurs de la vie publique.
Le Centre Djoliba et son cercle de réflexion, en partenariat avec le PNUD, a organisé samedi dernier une conférence débat sur le thème d’une évidente actualité : « Pour une participation massive aux différentes échéances électorales de 2007 au Mali : quelle stratégie de mobilisation des citoyennes et citoyens ? ». Animée par Mamadou Samaké, professeur de droit public à la faculté des sciences juridiques et politiques, la rencontre a enregistré la participation de responsables de la classe politique et de nombreux d’universitaires.
Pourquoi les Maliens ne participent-ils pas massivement aux différentes consultations ? Pour tenter de répondre à cette question, le conférencier a d’abord fait ressortir l’importance des institutions de la République.
Il a ainsi fait remarquer qu’au terme de la Constitution, le président de la République est le chef de l’État, le garant de la mise en œuvre des accords internationaux. Il nomme le Premier ministre, peut dissoudre l’Assemblée nationale, peut également s’arroger des pouvoirs exceptionnels certes dans des conditions bien précises.
Pour le conférencier, il est incompréhensible que les citoyens restent indifférents au choix d’un homme aussi puissant que le chef de l’État.
Quant au député, a expliqué le conférencier, il vote les lois. Il contribue à mobiliser des ressources pour le développement de sa circonscription quand bien même ce rôle n’est pas écrit dans la Constitution. L’Assemblée nationale contrôle les actions du gouvernement.
Parlant du maire et du conseil communal, le conférencier a indiqué qu’ils ont d’importantes attributions. Le conseil communal détermine les grandes orientations de la vie de la commune. L’enseignement primaire, les centres de santé communautaires et les marchés relèvent de la mairie, a-t-il énuméré.
« C’est le pouvoir qui arrête le pouvoir. Le bulletin de vote est un pouvoir qui se trouve entre les mains du citoyen. Nous sommes absents à leur élection alors que c’est en notre nom qu’ils agissent« , a plaidé Mamadou Samaké.
Ce sont les partis politiques qui concourent à l’expression du suffrage. À ce titre, ils ont une mission d’éducation permanente des électeurs. « Les partis reçoivent l’argent public pour faire ce boulot« , a-t-il fait remarquer en déplorant que ceux-ci ne font pas le travail.
C’est ce qui expliquerait en grande partie la faiblesse du taux de participation aux différentes élections. La société civile et les médias aussi doivent jouer leur rôle de conscientisation et de sensibilisation.
Par ailleurs, de l’avis de Mamadou Samaké, il n’était pas nécessaire d’essayer de prescrire dans la loi électorale un quota quelconque pour les femmes sur les listes de candidature puisque celles-ci représentent 51 % de la population. Selon lui, avec une bonne organisation, elles peuvent s’imposer dans n’importe quelle élection.
Au cours des débats, des intervenants ont montré du doigt le mode de distribution des cartes d’électeur comme étant l’une des causes du faible taux de participation. La distribution des cartes d’électeur n’est pas faite par la voie la mieux indiquée, ont critiqué certains intervenants qui ont proposé qu’une structure soit spécialement chargée de remettre sa carte à chaque électeur chez lui.
Les promesses non tenues des hommes politiques seraient aussi une des causes du faible taux de participation aux élections, ont estimé des participants.
Pour l’écrasante majorité des intervenants, le système d’inscription d’office a montré toutes ses limites. Il doit être remplacé par le système d’inscription volontaire. C’est par cette méthode que l’on pourra relever le taux de participation, estiment-ils.
S. DOUMBIA-L’Essor
29 juin 2007.