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Depuis des années, les terres agricoles de la commune rurale de Sanamadougou font l’objet de controverse entre les populations locales et des investisseurs de l’agrobusiness.

Pour attirer l’attention des nouvelles autorités sur la sensibilité de la polémique autour de cette question, des organisations de la société civile ont décidé d’alerter le ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, Moussa Léo Sidibé dans une lettre ouverte datée du 18 mai. «La cohabitation de l’agrobusiness avec l’agriculture familiale pourrait mieux servir au Mali et non la transformation des acteurs du dernier en un instrument du premier», clament-elles.

Réunies au sein d’une coordination dénommée Convergence malienne contre les accaparements de terres, l’Association des organisations professionnelle paysannes (AOPP), la Coalition des alternatives africaines dettes et développement (CAD-Mali), la coordination nationale des organisations paysannes (CNOP) et de l’Union des associations et coordinations d’association pour la défense des droits des démunis et des déguerpis (UACDDDD), se veulent porte-parole des «victimes» d’une entreprise de «dépossession de paysans maliens de leurs terres agricoles». Une «injustice grandissante envers les paysans», ont-elles souligné dans leur lettre ouverte au ministre.

Les casiers rizicoles de Sanamadougou, Saou et Sansanding, situés dans le cercle de Ségou sont, aujourd’hui, sous ce joug, la population étant en bras de fer avec des investisseurs comme l’opérateur céréalier Modibo Keïta et sa Société 3M. Lors d’une récente visite dans la zone, le ministre de l’agriculture aurait provoqué la colère de la population en déclarant : «Modibo Kéita est l’un des opérateurs économiques au Mali qui mérite soutien et encouragement dans ses efforts de développement socio-économique du Mali à travers son projet de Sanamadougou».

Vision à laquelle rétorque la Convergence malienne contre les accaparements des terres : «Du Soudan français, au Mali, de manière générale, l’Agriculture familiale où les petits producteurs comme certains se plaisent à dire, ont nourri et continuent de nourrir le Peuple malien. Au-delà, ils exportent aussi». Elle a aussi ajouté : «Les petits producteurs au Mali sont ceux là qui ont investi dans les terres depuis des générations, et non les investisseurs qui viennent s’accaparer précisément de ces terres là». Selon cette organisation, l’investisseur modèle du ministre n’a pas respecté les zones à lui attribuées par l’Etat.

Pour les signataires de cette lettre ouverte, la survie de certains de ces petits producteurs est aujourd’hui menacée. «Nous disons oui à la modernisation mais pas au détriment d’une grande partie de la population que constituent les paysans qui jadis ont donné et donnent encore corps et âme pour nourrir ce pays», ont-elles signifié.

Seydou Coulibaly

Le 30 Mai 2012

© AFRIBONE