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Un paradoxe qui ne facilite pas la stratégie des compagnies cotonnières africaines focalisée sur une réduction du coût de production et l’accroissement des rendements. .

L’optimisation du ratio coût/efficacité des engrais et des pesticides en Afrique» est au cœur d’un atelier de trois jours organisé à l’hôtel Olympe International par l’Association Cotonnière Africaine (A.C.A).

Cette rencontre internationale à laquelle participent sept pays africains producteurs de coton vise à trouver un palliatif au coût d’achat des engrais et intrants jugé cher surtout dans un contexte caractérisé par la chute des cours de l’or blanc et la faiblesse du dollar.

La conjonction de ces deux facteurs fait craindre une implosion de toutes les filières si les cours mondiaux du coton restent à leur niveau actuel.

Ainsi, en deux ans, les prix sous le poids d’une production mondiale battant tous ses records, ont chuté de 40%, passant de 78,30 cts/lb en décembre 2003 à 62 cts/lb aujourd’hui.

De même, le dollar américain, monnaie dans laquelle s’effectuent les transactions cotonnières, a baissé de 15 % pendant la même période.

C’est ainsi que les acteurs de filières – producteurs, sociétés fabricants et fournisseurs des engrais et pesticides, transporteurs – vont se concerter pour identifier le voies et moyens afin de réduire les coûts, améliorer significativement les revenus des cotonculteurs et maintenir durablement le potentiel productif des terroirs agricoles afin d’accroître la compétitivité du coton africain.

En effet, les effets conjugués des subventions des pays du Nord à leurs cotonculteurs et la baisse des rendements au champ des producteurs anéantissent de plus en plus cette culture en Afrique.

C’est pourquoi, fera remarquer le PDG de la CMDT, Ousmane Amion Guindo,  » les paysans ne respectent plus les doses d’engrais recommandées à cause des prix trop élevés des intrants « .

Une pratique qui, en plus de la pauvreté des sols, compromet dangereusement l’accroissement de la production agricole à travers l’augmentation de la productivité.

Or, il est impérieux qu’  » en plus du combat pour la préservation et l’amélioration de la qualité, nous devons mener de front celui de la productivité si l’on veut éviter que nos filières meurent. Et l’amélioration de la productivité au champ passe nécessairement par la baisse du coût de production dont celui des engrais et pesticides  » insistera M. Guindo.

Le développement de l’agriculture, dira le représentant du ministère de l’Agriculture, passe par une utilisation rationnelle et croissante des intrants et du matériel agricole qui sont d’une importante capitale dans l’augmentation de la production et de la productivité.

Pour le vice-président de l’A.C.A, Ahmed Bachir Diop, la tenue de cette rencontre au Mali est, avant tout, une reconnaissance de la place que joue notre pays dans les négociations commerciales sur le coton.

En choisissant de discuter de cette problématique, l’A.C.A entend susciter un débat fécond pouvant conduire à l’amélioration de la filière coton.

Pour ce faire, les débats porteront sur des thèmes comme la situation des intrants : cas du Bénin, du Burkina Faso et du Tchad ; l’impact des fiscalités sur les coûts des intrants : cas du Mali et des pays de la zone Uemoa, Cedeao, Cemac ; les structures des prix des intrants agricoles en Afrique, le fonctionnement du marché international et régional des engrais.

L’A.C.A est plus que jamais convaincue que la situation de la filière cotonnière africaine est extrêmement grave. Et elle en appelle à la solidarité des pays africains sur ce dossier et à la relance de l’Initiative sectorielle en faveur du coton soumise à l’OMC par le Bénin, le Burkina Faso, le Mali et le Tchad.

Le salut de nombreux pays africains passe inévitablement par la sauvegarde des filières coton. Car malgré, les difficultés auxquelles elles sont confrontées, ces filières contribuent toujours à faire vivre environ 20 millions d’Africains.

Youssouf CAMARA

8 novembre 2005.