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En l’absence d’une politique de pastoralisme, l’État ne fait que déplacer le problème des bergers transhumants d’une localité à l’autre sans jamais trouver une solution définitive. La conséquence aujourd’hui est que la forêt classée de Yanfolila ainsi que les récoltes sont soumises au diktat des bergers indélicats dans l’indifférence totale des autorités.
L’histoire des bergers transhumants remonte à loin. Un moment, ils avaient créé la chienlit dans le Sahel, à Bougouni, Kangaba, Kadiolo, etc. Aujourd’hui, c’est cette situation que le Wassoulou vit.

Le problème ne fait que se déplacer d’une localité à l’autre. L’État, censé mettre en place une véritable politique de pastoralisme, ne s’assume pas. Le plus souvent, ce sont des accrochages qui éclatent entre les bergers transhumants et les agriculteurs.

Contrairement à une idée répandue, la prise de position actuelle des Wassoulouké n’est pas dirigée contre tous les éleveurs. Seulement, ils s’insurgent contre l’attitude d’un certain nombre de bergers transhumants qui n’ont trouvé de mieux que de dévaster la nature et les récoltes des agriculteurs du Wassoulou en conduisant les troupeaux dans les champs et dans la forêt classée.

Or, nul n’ignore que ceux-ci ne doivent pas être des lieux de pâturage des animaux. Depuis plus de 4 ans les Wassoulouké sont soumis au diktat des bergers transhumants sans foi ni loi. Leur seul tort a été aujourd’hui de demander la réglementation de l’opération, c’est-à-dire que soit fixé un moment d’arrivée et de départ des troupeaux dans leur contrée pour éviter à la fois la dégradation de l’écosystème mais aussi la destruction des récoltes.

Rien à faire

Les récoltes continuent d’être ravagées. Avec la complicité de la gendarmerie et de la justice, les Wassoulouké n’ont jamais eu raison face aux bergers transhumants.

Pis, on a tendance à les qualifier de « xénophobes » parce qu’ils ont demandé aux bergers transhumants de ne pas décimer la nature. Plus de 3000 têtes appartenant à des opérateurs économiques et cadres de l’administration de Bamako et de Koulikoro font la pluie et le beau temps à Wassoulou au grand dam des agriculteurs.

En tout état de cause, l’honorable Yaya Sangaré, élu à Yanfolila, s’inscrit en faux contre des allégations selon lesquelles les Wassoulouké sont en train d’abattre des animaux appartenant aux bergers transhumants. « Je mets quiconque au défi d’aller montrer un bœuf abattu par des Wassoulouké. Ils n’ont jamais abattu un animal. Ce n’est pas vrai. Il n’y a eu aucune violence entre les parties. Les gens doivent éviter de tomber dans la surenchère », soutient le député.

L’élu de la nation pense qu’il est temps que l’État convie autour d’une même table tous les acteurs pour réfléchir sérieusement sur la gestion de la transhumance en vue de trouver une solution définitive au problème. « L’Etat doit convoquer un grand forum réunissant tous les acteurs pour que la cohabitation puisse être possible entre les bergers et les Wassoulouké d’une part, et entre les propriétaires de troupeaux et les Wassoulouké d’autre part », suggère l’honorable Yaya Sangaré. Pour l’élu de la nation, « les textes en matière de pastoralisme doivent être mieux ventilés ».

La protection de l’environnement tant clamée par les Wassoulouké est une mission qui revient normalement à l’État. Il urge pour les autorités de prendre des dispositions pour gérer de façon définitive la question de la transhumance.

Mohamed Daou

15 Mars 2010.