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Au nombre des grands axes prioritaires du Programme de Développement Economique et Social (PDES) préconisés par le Chef de l’Etat et dont les objectifs doivent être atteints au cours de son second mandat quinquennal, le volet consacré à la réforme judiciaire occupe une bonne place.

En effet, s’il y a aujourd’hui un domaine qui a besoin d’une bonne “toilette”, c’est bien la justice dans certains de ses secteurs, systèmes, modes et procédures de gestion ou d’application judiciaire. L’aspect le plus pertinent de cette gestion a trait aux conditions du milieu carcéral : situation des détenus, prisons et autres centres de détention…

Une évasion spectaculaire

Le fâcheux incident qui s’est déroulé le 11 octobre 2007, à la prison de Niono, interpelle davantage ladite situation carcérale. Ce jour-là, certains prisonniers ont décidé, vaille que vaille, de fêter le Ramadan… hors de leur lieu de détention. Avaient-ils mûri depuis longtemps leur plan ? Etaient-ils convaincus de la réussite de leur audacieuse entreprise ?…

Toujours est-il qu’ils sont parvenus à se faire la malle (à s’évader) et s’évanouir dans la nature. Comment s’y sont -ils pris ? En nouant tout simplement bout à bout leurs pantalons pour en faire une longue corde. Ensuite, en pratiquant un passage, ou du moins un trou béant, à travers la tôle du plafond de leur prison. Ils n’eurent donc plus qu’à passer leur “corde” par cette échappatoire improvisée pour retrouver l’air libre.

Dix prisonniers sont ainsi parvenus à tromper la vigilance de leurs gardiens pour filer en catimini, au nez et à la barbe de l’autorité pénitenciaire de Niono. Le succès de leur évasion fut d’autant plus facile que la construction de la prison de cette localité date… de 1943 !


La nécessité d’un assainissement

Cette évasion de prisonniers qui, du reste, n’est pas la première, remet une fois de plus en cause le lancinant problème de la vétusté de nombreux centres de détention. Et nonobstant le danger réel que représente ces malfaiteurs en liberté pour la sécurité des honnêtes citoyens, c’est le lieu, pour les hautes autorités, de s’investir davantage pour l’amélioration des conditions logistiques de certaines prisons.

Mieux, combien de fois ces pratiques mafieuses qui sévissent au sein des centres carcéraux ont-elles été décriées par la population ? Des pratiques qui ont cours non seulement au sein du personnel pénitentiaire, mais aussi entre surveillants et détenus.

Une mafia organisée dont ces derniers font le plus souvent les frais. Toutes choses qui nécessitent une sérieuse révision des conditions de détention et de traitement de ces prisonniers de droit commun.

C’est dire que celui qui doit, dès cet instant, faire ses preuves, c’est bien le nouveau ministre de la Justice et Garde des Sceaux, tant son département traîne des “casseroles”, en plus d’avoir besoin d’un assainissement de grande envergure.

Même si ce département n’est pas le seul impliqué, en la matière, il est l’un des plus décriés – sinon le plus décrié- par les Maliens. Dans tous les cas, au cours des cinq années à venir, la justice malienne, ses textes, structures, procédures et logistiques ne doivent plus présenter le même visage que les justiciables lui connaissaient auparavant.

Oumar DIAWARA

19 octobre 2007.