Dans le cadre de la campagne d’information des journalistes et communicateurs, et du grand public dans la prévention et la lutte contre la grippe aviaire, le ministre de l’Elevage et de la Pêche M. Oumar Ibrahima Touré a animé une conférence de presse hier à la Direction Administrative et Financière de son département située près de la représentation de la FAO sur la route de Koulouba.
DES MESURES PREVENTIVES
Dès le 10 février 2006, le gouvernement a adopté un arrêté interministériel portant interdiction temporaire d’importation des oiseaux et de produits avicoles en République du Mali. Mais déjà en octobre 2005, un Comité technique de coordination de la lutte contre la grippe aviaire a été mis en place. Les missions qui lui ont été confiées sont entre autres d’engager des actions pour prévenir l’apparition de l’Influenza aviaire ; déclencher le cas échéant le plan d’urgence ; veiller à la publication et à une large diffusion de l’information relative au H5N1.
Face aux journalistes, le ministre Oumar Ibrahima Touré a déclaré ceci : “Conscient de l’urgence et de la complexité de la lutte contre ce fléau, qui constitue une menace réelle pour la planète toute entière, le gouvernement de la République du Mali a adopté un plan d’urgence de prévention et de lutte contre la grippe aviaire le 18 janvier 2006”.
Le plan d’urgence auquel le ministre de l’Elevage et de la Pêche fait allusion comporte un volet communication (sensibilisation des techniciens, des aviations de façon générale sur l’Influenza aviaire hautement pathogène.
Il faut préciser que la grippe aviaire (H5N1) est différente du “Chè banani” (la maladie de New castle ou pseudo peste aviaire).
LA MOBILISATION DES RESSOURCES
Pour faire face à la menace de la grippe aviaire et agir en cas d’apparition de l’épizootie, le gouvernement a élaboré un plan national d’urgence le 18 janvier 2006 dont la mise en oeuvre coûtera 860 millions de francs CFA. Sur les 800.000.000 FCFA, l’Etat malien a déjà pris en charge 322 millions.
Ledit plan a été soumis à l’appréciation des partenaires financiers du pays pour leur contribution. C’est ainsi que l’UNICEF s’est manifestée en annonçant un don de 50.000 dollars soit environ 30 millions FCFA qui sera affecté au volet communication-sensibilisation. Le PNUD, de son côté, a fait don de 50.000 dollars destinés à la formation ; la FAO aussi a contribué à hauteur de 15.000.000 FCFA ; l’Union Européenne 30 millions d’euros pour l’ensemble des pays africains.
En plus de ces gestes, des annonces de contributions ont été faites, par les Etats-Unis d’Amérique, l’Allemagne, l’UEMOA etc. Ces fonds sont le fruit des gestes temporaires et rien n’est sûr quant à leur pérennisation. D’où la plaidoirie du ministre Touré pour une inscription budgétaire de la grippe aviaire. “Il est temps que la grippe aviaire soit déclarée comme une maladie prioritaire”, a-t-il déclaré. Ainsi, la prise en charge sera facile.
Autre mesure adoptée par les autorités, c’est l’abattage systématique au Mali en cas d’apparition et l’enfouissage de cadavres de volailles sous la terre à 2 m de profondeur. Les éventuelles victimes seront indemnisées et bientôt un fonds d’indemnisation verra le jour.
Daba Balla KEITA
Note sur la place de la filière avicole dans l’économie du Mali
Au Mali, l’aviculture est une activité socioéconomique importante du fait de son implication dans les transactions commerciales, de l’utilisation de la volaille dans les manifestations festives, et culturelles, par exemple.
Le cheptel est estimé à près de 26 millions de sujets repartis entre :
– l’aviculture traditionnelle, surtout pratiquée dans les zones rurales comme activité de diversification de revenus. Elle représente 90% des effectifs ;
– l’aviculture moderne, surtout focalisée dans le District de Bamako et les autres grands centres urbains du pays.
En terme de contribution dans l’économie du pays, l’analyse des flux commerciaux enregistrés au niveau de 32 marchés suivis (dans la zone d’intervention du Projet d’Appui au Développement de l’Aviculture au Mali-PDAM) a permis d’estimer ceci : près de 6 millions et demi de sujets vendus sur un total de 7 millions présentés sur l’ensemble de ces marchés ; ce qui correspond à une masse monétaire estimée à environ 5 milliards de FCFA brassés à travers les différentes transactions commerciales au niveau d’une trentaine de marchés seulement. Rapporté à l’échelle du pays, cela fait énorme.
Pour ce qui est de la position stratégique de la filière avicole du Mali dans la sous-région, le secteur moderne n’est pas compétitif par rapport à celui des autres pays de la sous-région (comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Ghana) même si notre pays dispose de nombreux atouts, notamment en terme d’ingrédients alimentaires (maïs, mil/sorgho et sous-produits agro-industriels).
Le développement de la filière avicole nationale est largement tributaire de l’extérieur à cause de la faible capacité de production du maillon industriel (insuffisance numérique et sous-équipement des structures de production de poussins d’un jour et de fabrique d’aliments volaille, inexistence d’élevage de reproducteurs pourvoyeurs d’oeufs fécondés).
Cette situation est illustrée par le volume des importations de produits avicoles : par exemple, au cours de l’année 2004, on a importé au Mali 255 074 poussins de ponte, 119 944 poussins de chair, 383 040 oeufs fécondés et 9 362 coquelets ; ce qui se traduit par une exportation de devises de l’ordre de 500 millions de FCFA.
Par contre l’aviculture traditionnelle est, quant à elle, très compétitive dans la sous-région. En effet, le Mali exporte régulièrement vers la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Ghana et la Guinée. En 2003, les exportations de volaille vers la pays voisins, toutes catégories confondues, étaient estimées à 400 000 sujets…
21 février 2006.