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Il ne fait l’ombre d’aucun doute au Mali, de nos jours, que l’ADEMA-PASJ est le plus grand parti de l’échiquier politique. Avec une cinquantaine de députés à l’Assemblée nationale et plus de 2 000 conseillers communaux, le parti de l’abeille se positionne comme la première force politique du Mali. Mais cette grandeur du parti du président Dioncounda Traoré ne serait que de façade. Car elle cache bien de combines politiques. Éclairages.

Au moment où les responsables de l’ADEMA ont commencé à lorgner les élections présidentielles de 2012 en faisant déjà des rapprochements avec certains partis politiques de la place, certains barons parmi ces mêmes responsables auraient d’autres idées derrière la tête ou d’autres plans dans la perspective de ces élections.

En effet, depuis l’élection du président ATT pour son second et dernier mandat constitutionnel (élection à laquelle l’ADEMA a largement contribué), le parti s’est donné comme principale mission de récupérer le pouvoir en 2012.

Mais le hic c’est que les responsables de la ruche peinent considérablement à trouver parmi eux un profil ( cadre) présidentiable qui pourra faire l’unanimité. Face à cette situation de confusion, toutes les pistes sont envisagées au sein du parti. Dans la recherche de solution trois pistes seraient envisagées au sein de la direction de ce parti. En effet, de sources proches du C E ADEMA, la question de candidature unique et interne, diviserait sérieusement les pontes du PASJ.

Pendant que certains responsables tiennent à ce que le candidat du PASJ soit choisi parmi les vices présidents et le président de l’actuel CE, d’autres seraient obnubilés par la piste du premier ministre, Modibo Sidibé. Un troisième groupe serait favorable à un troisième mandat du président ATT.

Les premiers seraient les militants de premières heures de l’ADEMA avec à leur tête, Ali Nouhoum Diallo, le président Dioncounda Traoré, Ousmane Sy, le Professeur Hamadoun Dicko entre autres. Le second groupe favorable au premier ministre serait piloté par un ministre ADEMA membre du gouvernement dont les relations avec le PM sont ne souffrent d’aucune ambigüité.

Quant au troisième groupe, à l’instar du deuxième est aussi mené par de deux ministres ADEMA dont l’un devrait être chassé du gouvernement lors du dernier réaménagement gouvernemental, mais doit son sauvetage à l’implication personnelle du Pdt de la république. Ces deux ministres sont tous secrétaires généraux de section. Ils sont soutenus par des responsables adémistes, directeurs généraux, chefs d’agence et autres « bien logés » dans les entrailles du pouvoir.

L’ADEMA saura-t-elle surpasser ces divergences pour faire face à l’essentiel ? Ou va-t-on assister à une énième scission de ce parti ?

En tout cas cette probable cassure qui guette le plus grand parti politique du Mali tourne à l’avantage de ces véritables adversaires politiques qui déjà ont commencé leur campagne dans la perspective des élections présidentielles de 2012.

Youssouf Diallo

Le Quotidien de Bamako du 14 Avril 2010.

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Présidentielle 2012 : Rapprochements, négociations, fusions…?

Il est clair aujourd’hui que la classe politique est arrivée à la croisée des chemins. Les hommes politiques ont, de ce fait, perçu l’imminence de l’échéance 2012. En effet, s’il ne faut pas, pour certains leaders, déclarer hâtivement sa candidature pour l’élection présidentielle 2012, il ne faut pas, non plus, oublier, qu’il faut partir à point, en ne perdant pas de vue l’échéance.

C’est à ce titre qu’on comprend le virage amorcé par les états majors des partis politiques, en organisant de grandes rencontres et négociations, après que certains aient déjà lancé des appels au rassemblement de ceux qui se ressemblent.

C’est pourquoi, mercredi 8 avril, une délégation de l’Adéma-Pasj, conduite par son président Dioncounda Traoré, accompagné de hauts cadres de son parti, dont Marimantia Diarra, Iba N’Diaye, Sékou Diakité, a rencontré des cadres du bureau politique national du Rassemblement pour le Mali (Rpm), en présence de son président Ibrahim Boubacar Kéita.

De même, au cours d’un entretien accordé à l’un de nos confrères, Me Mountaga Tall a lancé un appel public et solennel pour des retrouvailles avec le Parena, le Bara et Sadi, car, a-t-il ajouté, ce qui les unit est supérieur à ce qui a pu les diviser.

Il faut, aussi, rappeler que lors de son dernier congrès, le Parena avait lancé un appel pour le regroupement des forces politiques de gauche et qu’il s’est maintenu dans cette mouvance de rapprochement.

Moussa Mara va créer son parti politique, ce qui relance donc la question de la solitude politique des candidats indépendants. En effet, certains pensent que des Indépendants comme Soumana Sako et Cheik Modibo Diarra qui n’ont pas de larges bases politiques, marchent sur les plates bandes des partis politiques en briguant le fauteuil de président de la République.

Si Cheik Modibo Diarra a déjà annoncé sa candidature, Soumana Sako reste encore très prudent, en s’appuyant notamment sur les associations de jeunes. Tout cela présage d’élections présidentielles 2012 très disputées, car, si les candidats d’un charisme assez proche sont nombreux, cela va de soi, qu’il faille envisager un second tour. Donc, forcément des stratégies d’alliance, pour gagner.

On comprend donc, aujourd’hui, cette vague de rencontres et rapprochements, car, les hommes politiques ont senti le timing, le moment propice pour entamer les négociations, car, 2012 ne ressemblera sûrement pas à 2002 et 2007, quand le candidat ATT avait rassemblé des grands partis politiques autour de lui.

ATT avait, aussi, mené une longue et discrète campagne électorale, à travers ses œuvres humanitaires. Cela signifie qu’il faut savoir partir à point. La classe politique a entendu le message et, a effectivement, aperçu le clignotant vert.

Baba Dembélé

Le Républicain du 14 Avril 2010.