La principale équation concerne les présidentielles, par rapport auxquelles les partis doivent se déterminer en répondant à deux questions fondamentales, à savoir : le parti présentera-t-il un candidat à cette phase des compétitions ? Si oui, lequel ? Ou alors soutiendra-t-il la candidature d’ATT ou d’un autre parti dont le leader aurait, selon lui, plus de chance ?
Au stade actuel, il faut reconnaître que ce n’est pas facile pour les uns et les autres de se déterminer, au risque de dévoiler leur jeu ou de susciter des remous en leur sein. Pourquoi cette prudence doit-elle se prolonger jusqu’au dernier moment ?
LE CONSENSUS ET SES EFFETS
Il ne fait aucun doute que le consensus politique scellé depuis la fin des élections générales de 2002 entre ATT et la classe politique, de même que les représentants de la société civile, a permis à beaucoup de gens de comprendre que s’ils le désirent, leur marge de manoeuvre au plan politique peut s’élargir.
Et, depuis un certain temps, de nombreux acteurs politiques se demandent s’ils n’ont pas plutôt intérêt à prospecter ce créneau, d’où une confusion et une hésitation qui s’emparent progressivement de nombre de cadres des partis qui n’ont pas été oubliés dans le cadre de la gestion actuelle du pouvoir.
Cela représente aujourd’hui un autre questionnement dans la plupart des partis, en particulier ceux qui sont considérés comme les poids lourds de l’échiquier politique national, en l’occurrence l’ADEMA, le RPM et l’URD.
LA CONFUSION AU SEIN DE L’OPINION
L’opinion publique nationale n’est pas encore suffisamment bien fixée sur ce que l’on mijote au sein des partis politiques, en raison de la pérennisation, envers et contre tout, du consensus politique.
En effet, jusqu’ici, en dehors des micro partis comme le Bara, le parti Faso, le PESCAM, qui ont déclaré leur appartenance à l’opposition politique et, il n’y a pas si longtemps, le RPM à l’occasion du renouvellement du bureau de l’Assemblée nationale qui a proclamé son appartenance à l’opposition parlementaire, tous sont avec le président de la République qu’il entendent soutenir jusqu’au bout du mandat en cours.
Le constat rend très faible la lisibilité de la situation politique dans la perspective des prochaines consultations électorales.
DES HOSTILITES A CERTAINS NIVEAUX
A l’ADEMA comme au BDIA, ça bourdonne, puisque l’unanimité n’a pas encore été faite autour de l’attitude à prendre pour affronter les élections générales de 2007. L’orientation au sein des deux partis pose problème. A ces niveaux comme ailleurs, il y a nécessité de faire la part des choses. C’est le cas de l’ADEMA qui suscite beaucoup d’interrogations.
A l’orée de 2002, il était confronté au problème du choix d’un candidat officiel du parti, situation qui lui a fait perdre beaucoup de temps et qui finira d’ailleurs par avoir raison de sa cohésion et lui faire perdre des partenaires politiques, notamment ceux de l’ancienne CNDP qui iront en rangs dispersés aux élections générales de 2002, en l’absence du mot d’ordre du leader du groupe, préoccupé alors par sa gestion interne.
En cette approche d’élections générales, la situation semble se présenter plus difficile pour l’ADEMA. Car au traditionnel problème de choix du candidat consensuel à l’intérieur du parti est venue se greffer la problématique du soutien de la candidature d’ATT en 2007.
Au regard des informations recoupées çà et là, les deux parties sont sur des positions rigides. Toute chose qui fait peser, encore une fois la menace du refus de certains responsables du parti de coopérer. C’est donc dire qu’il y a de fortes probabilités que le parti aille très défavorisé aux présidentielles prochaines.
Dans ces conditions, il risque de ne pouvoir entretenir de relations de partenariat efficaces avec les partis comme le RPM et l’URD. D’ailleurs, ces deux partis, selon toutes les probabilités et au regard des tendances qui s’y dégagent déjà, n’iront pas indemnes auxdites élections.
En leur sein se développent des calculs du diable. Pour certains, il faut donner la preuve qu’on fait autrement la politique et les autres, quant à eux, ne sont pas prêts à perdre les privilèges dont ils bénéficient aujourd’hui. Que leur réservent alors les perspectives des prochaines élections ?
Moussa SOW
08 février 2006.