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Le paysage politique national est en ce moment en pleine ébullition, en raison de l’approche des élections générales de 2007. Les enjeux de ces élections sont incontestablement grands, puisqu’au sein de la classe politique nationale, malgré les gros efforts déployés par le président de la République dans le sens de la réconciliation des acteurs politiques, force est de constater qu’il demeure encore des problèmes. En effet, certaines composantes de la classe politique nationale renouent avec les pratiques et considérations du passé que l’on croyait tombées en désuétude.

A l’évidence, il y a à l’origine de ce volte-face des regrets. Toute chose qui conduit inéluctablement à des erreurs parfois fatales. En effet, nous allons vers des choix décisifs qui imposent au préalable des prises de position de la part des uns et des autres. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les hostilités sont déjà ouvertes. Qui aura le dernier mot?

La période de pré campagne électorale au Mali est toujours celle des grandes agitations à tous les niveaux. Acteurs politiques, électeurs potentiels, cadres des partis politiques, tous sont en train de se réveiller de leur torpeur pour affûter leurs armes en vue de mieux affronter les élections présidentielles de 2007.

Cela est de bonne guère car, rassure les autorités de tutelle des élections, les acteurs politiques et partant, les plus hautes autorités du pays qu’il y a plus de chance qu’on ait en 2007, un taux de participation aux élections nettement plus élevé.

Telle est l’ambition de tous, espérant que cela pourrait être de nature à augmenter les chances de réussite, mais surtout à conférer plus de crédibilité aux élus à toutes les élections.

REPOSITIONNEMENT DES FORCES POLITIQUES

A toutes les élections générales, la classe politique malienne entre en effervescence, en raison du fait que les données politiques ne cessent de changer. Ce changement s’explique par les calculs des acteurs politiques qui, difficilement parviennent à être équilibrés.

En effet, qu’on le veuille ou pas, les acteurs politiques se battent pour apporter leur contribution à l’édification du Mali et, ce faisant, ils ne négligent pas ce qu’ils peuvent tirer comme avantages matériels de ce processus. Cela est compréhensible parce que logique.

C’est en fait, de là que naissent les différents repositionnements des partis et acteurs politiques, en particulier à la veille de toutes les élections générales. Celles de 2007 présentent de grands enjeux pour nombre de composantes de la classe politique.

LE CONSENSUS S’EFFRITE

En effet, le président ATT, à son élection, a tout mis en oeuvre pour réconcilier les acteurs et partis politiques. Reconnaissons-le, cette initiative a été saluée par le plus grand nombre, tant elle a beaucoup contribué à la consolidation de la paix sociale, de la stabilité politique.

Et c’est en rangs serrés que toutes les grandes sensibilités de la classe politique ont participé à la gestion des affaires publiques et ce, pendant plus de trois ans. Cette expérience a été bien appréciée tant au Mali qu’à l’étranger, puisqu’on l’a trouvée très originale.

En cette veille d’élections générales, on peut dire que le consensus politique initié par ATT s’effrite, comme on s’y attendait d’ailleurs, étant donné qu’il s’agit d’une méthode qui permettait de gérer une période qu’on pourrait qulifier de transitoire.

Ainsi, le RPM est le parti qui, le premier, a annoncé sa participation à toutes les élections en 2007. On pouvait s’y attendre, étant donné les ambitions politiques du président de ce parti Ibrahim Boubacar Keïta. Encore que ces temps-ci, il ne rate aucune occasion pour contester les résultats des élections présidentielles de 2002.

UNE LOGIQUE DE REVANCHE

De là, on comprend tout de suite que le président du RPM est dans la logique de prendre sa revanche en 2007. En a-t-il les moyens? En tout cas, le meeting organisé au Stade Modibo Keïta le samedi dernier visait l’objectif de la revue des troupes au RPM en vue d’un meilleur repositionnement pour affronter les élections présidentielles.

De la part du président du RPM, un grand parti dont l’implantation est satisfaisante sur l’ensemble du territoire national, on peut bien comprendre cette ambition, surtout que lors des précédentes élections présidentielles il a été troisième.

Au stade actuel de la préparation des élections générales de 2007, le président ATT s’est déjà assuré le soutien d’un grand nombre de partis dont les plus représentatifs de l’échiquier politique national. Cela est intervenu après la signature de la plate-forme ADP de soutien de sa candidature.

A ce niveau, il ne reste plus à cette mouvance présidentielle que de mieux s’organiser pour éviter la dispersion de ses forces. Cela relève de la stratégie électorale que ses leaders auront en cette circonstance.

Entre temps, le RPM qui se veut également une force de rassemblement s’active pour attirer le plus grand nombre de partis politiques autour de lui afin de s’assurer le succès aux élections présidentielles, compétition qui présente sans doute le plus grand enjeu.

Au regard de l’attitude des leaders du RPM, on comprend une détermination persistante à prendre sa revanche, à travers la réalisation de l’alternance politique. Espérons pour tout le Mali et la démocratie que les responsables de ce parti entendent exclusivement se battre sur un terrain politique.

LE QUESTIONNEMENT AU RPM

Le parti d’IBK est en ce moment, en train de remuer ciel et terre pour convaincre d’autres à suivre sa démarche de force politique qui se veut une alternative à la gestion des affaires publiques.

Aujourd’hui, la crème de la classe politique étant de la mouvance présidentielle, le RPM d’IBK n’aura qu’à se contenter des petites formations politiques disposant en général de très peu d’élus, pire, certains n’en ont même pas.

Conscients de cet état de fait, on active du côté des responsables du parti, on fournit en ce moment de gros efforts pour tenter de nouer des contacts électoraux avec ces partis et des acteurs politiques qu’on pourrait considérer comme étant en rébellion avec leurs partis. En tout cas l’évolution récente de la situation politique est en train de nous édifier chaque jour davantage dans ce sens.

L’ERREUR FATALE

En effet, en annonçant que la compétition présidentielle sera rude en 2007, on fait surtout allusion au fait que le RPM pourrait faire chemin avec l’ASMA, les dissidents de l’Adéma, notamment les initiateurs et signataires du manifeste pour la démocratie.

Il mise également sur le PARENA qui est en train de préparer son congrès. C’est sans doute la seule alternative qui s’offre au RPM à cette étape des préparatifs des élections générales de 2007.

Cette approche offre-t-elle suffisamment de chances au RPM? Rien n’est moins sûr quand on sait que toutes ces forces citées peuvent difficilement faire des miracles.

Dans tous les cas, le choix est libre, mais il est sans équivoque que certains acteurs politiques sont en train de commettre la plus grosse erreur dans leurs activités politiques.

Le critère de vérité étant la pratique, ils l’apprendront sans doute bientôt à leur dépens. Alors, place sera aux regrets pour l’erreur commise et ce sera le médecin après la mort.

Moussa SOW

14 décembre 2006.