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Les négociations entre le gouvernement et les groupes armés du Nord ouvertes le samedi 8 juin à Ouagadougou sous la présidence du médiateur de la Cédéao, le président du Faso, Blaise Compaoré se sont poursuivies dimanche. Elles aboutiront en principe ce lundi à la signature d’un accord dont l’un des points sera la tenue de l’élection présidentielle du 28 juillet à Kidal avec la présence de l’administration et des forces de sécurité maliennes.

Initialement prévues le vendredi 7 juin 2013 à 16 h, les rencontres n’ont pu commencer que le lendemain à 11 h, dans la salle polyvalente de la présidence du Faso à Ouaga. Le retard que la presse internationale a qualifié de « report sine die » n’était dû qu’à des retards de vols. La délégation malienne n’est arrivée dans la capitale du Faso qu’à 18 h tandis que le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) n’était attendu que le samedi dans la journée. Il fallait aussi convenir de la participation des groupes d’auto défense à la rencontre.

Les négociations ont été ouvertes le samedi au palais de Kossyam, sous la présidence de Blaise Compaoré. Celui-ci a reçu avant l’ouverture des négociations à 10 h, séparément et en privé, la délégation gouvernementale conduite par l’émissaire spécial du président Diouncounda Traoré pour la crise du Nord, Tiébilé Dramé. Il était accompagné de l’ex-gouverneur de Kidal et consul du Mali au Niger, Alhamoud Ag Illyène, Mahamoud Baby, ancien secrétaire général de l’AEEM, entre autres.

Le Haut conseil de l’Azawad (HCA), dirigé par Mahamoud Djéry Maïga, comptait dans ses rangs les frères Intalla, son porte-parole Moussa Ag Assarid, son secrétaire aux relations extérieures, le député Ibrahim Ag Mahamoud Assaley, etc. C’est à 11 h que les négociations ont été officiellement ouvertes.

La délégation gouvernementale et celle du MNLA/HCA étaient forte chacune d’une quinzaine de membres. A côté du médiateur de la Cédéao, Blaise Compaoré, étaient présents le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale du Burkina Faso, représentant l’Organisation de la coopération islamique (OCI), Djibril Bassolé, les représentants de l’ONU, du médiateur associé de la Cédéao (le président Goodluck Jonathan du Nigeria), de la Cédéao, de l’UA, de l’UE, des USA, de la Suisse et du Tchad.

Les balises posées

Le médiateur de la Cédéao, le président Compaoré, a salué les délégations malienne et du MNLA/HCA pour leur détermination à réaliser les conditions de l’unité nationale, la cohésion sociale pour que le Mali ne soit plus le sanctuaire des groupes terroristes. Il a aussi rappelé la nécessité de tenir l’élection présidentielle du 28 juillet sur toute l’étendue du territoire national.

Il a déroulé le plan de discussions en quatre points : la cessation des hostilités pour créer les conditions de la présidentielle et le retour des déplacés ; le redéploiement de l’administration générale, des services sociaux de base et des forces de sécurité à Kidal, la création d’un mécanisme de suivi et d’accompagnement par les partenaires au développement et la poursuite des pourparlers après la présidentielle par le président démocratiquement élu. Le médiateur a fait savoir que l’unité nationale, la forme républicaine de l’Etat et la laïcité ne sont négociables.

Tiébilé Dramé a précisé que les négociations qu’il veut inclusives avec tous les groupes armés entrent dans le cadre d’un accord intérimaire pouvant permettre la présidentielle à Kidal avec l’administration et les forces armées et de sécurité du Mali et le reste pourra être discuté avec le président de la République nouvellement élu qui discutera dans un dialogue inclusif avec tous les mouvements armés.

Il a invité les groupes armés à se conformer aux résolutions de la Cédéao, de l’UA et de l’ONU (la résolution 2100 du 25 avril 2013) à déposer les armes. M. Dramé a indiqué que le Mali tient à l’unité nationale, la forme républicaine de l’Etat et la laïcité.

Mohamoud Djéry Maïga, à la tête du MNLA/HCA, a exprimé son espoir au nom des populations de l’Azawad et des déplacés pour cette rencontre qui, selon lui, est le début du règlement de la crise qui perdure depuis un demi siècle. La cérémonie de samedi matin a pris fin sur des audiences accordées par le médiateur aux présidents des deux délégations.

Les travaux ont repris dans l’après-midi de samedi de 17 h à 18 h 30 cette fois-ci avec la présence des représentants des populations sédentaires connus sous l’appellation de mouvements et forces patriotiques de résistance, (MAA, Ghanda Koy, Ghanda Iso, etc.). Les discussions se sont poursuivies dimanche.

Au moment où nous mettions sous presse, il était prévu la formulation d’un document pour la signature d’un accord intérimaire ce lundi, sous l’égide du médiateur de la Cédéao. Ce qui devra mettre fin à la crise du Nord, pardon de Kidal : ouvrant ainsi les conditions de l’élection présidentielle.

Abdrahamane Dicko

(depuis Ouagadougou)

10 Juin 2013