Avec la naissance du Front pour la Démocratie et la République (FDR) et surtout la qualité des hommes qui l’animent et le non parrainage encore de la candidature de l’actuel locataire de Koulouba par une puissance étrangère, comme cela est de règle en Afrique depuis la démocratisation du continent, les nuits sont devenues longues, très longues sur le mont manding qui surplombe la capitale malienne.
Ce souci, le président ATT n’est pas le seul à le partager. Beaucoup de ses partisans, particulièrement les initiateurs du fameux slogan Takokelen, continuent à se demander du bien fondé de leurs agissements autour du Général- président qui garde toujours le mystère sur sa candidature. Certains d’entre eux, c’est-à-dire les plus pessimistes, vont jusqu’à se demander s’ils ne sont pas entrain de prêcher dans le désert.
A quelques semaines du premier tour de l’élection présidentielle prévue pour le 29 avril prochain, le fossé s’élargit chaque jour davantage entre le président Touré et ceux qui veulent croiser le fer avec lui. Les militants d’un camp comme de l’autre croient déjà à la victoire de leur candidat.
La victoire du président sénégalais Abdoulaye Wade dès le premier tour ne pouvait que conforter les hommes proches d’ATT dans leur conviction de Takokelen. Mais cette euphorie n’a été que de courte durée. La raison, elle est simple.
Les deux hommes ATT- Wade, qu’on tente de comparer à tort ou à raison, n’ont en commun que la fonction présidentielle qu’ils exercent. Leurs parcours sont loin de se croiser.
Le premier est un général cinq étoiles et le second est un homme politique au sens large du terme. De 1974 à son accession à la magistrature suprême de son pays en 2000, il n’a connu que prisons, humiliations etc.
En un mot, une véritable traversée du désert. Le président Wade, contrairement à son homologue malien, dispose d’un parti, une véritable machine électorale à qui il doit sa réélection.
Le président Amadou Toumani Touré, qui lutte seul pour sa réélection, sait pertinemment que les dés sont loin d’être pipés. Les partis sur lesquels, il pouvait compter, ne sont réellement sur le terrain que des épouvantails à moineau.
On ne se souvient souvent de l’existence de certains, lorsque les enfants recrutés comme militants pour la cause, arborent leurs Tee-shirt devant les caméras de l’ORTM.
Le travail de base auquel ils devraient s’atteler, souffre de la guerre de contrôle des directions des coordinations régionales de l’Alliance pour la Démocratie et la République (ADP), créée en novembre 2006 pour soutenir les actions d’ATT.
Cette lutte fratricide, que se livrent des partis qui ne partent d’aucun idéal, sauf piller le Mali, était prévisible.
Qu’on ne se trompe pas. Il est clair aujourd’hui que les initiateurs de l’ADP ne se battent ni pour soutenir les actions du président encore moins pour sa réélection.
Tout leur combat actuel ne vise que la mise en place des mécanismes de renforcement de leur parti pour se positionner pour les législatives du 1er juillet.
Pour éviter un coup de Jarnac des partis de l’Alliance, le président Touré a désormais pris le taureau par les cornes. Les visites, sur fond de promesses électorales, à l’intérieur du pays profond ont repris de plus belle. Et le vide laissé par l’ADP est comblé avec satisfaction par notre boîte à image. Les images des accueils dont on n’en a vraiment pas besoin sont diffusées et rediffusées.
Autre inquiétude du camp présidentiel, les actes que le FDR est entrain de poser.
Les dirigeants du Front demandent entre autre l’audit du ficher électoral, l’arrêt de la « campagne anticipée ». La revendication de l’audit du fichier électoral est une grosse épine dans les pieds du président et ses hommes.
Aux yeux des membres du FDR, le fichier électoral est le point de départ de la fraude. Pour eux, l’actuel président ne pourrait se faire réélire dès le premier tour, sauf si le fichier est tripatouillé.
Qu’on ne se cache pas la face. ATT, pour avoir fait parti des acteurs de la lutte clandestine, connaît mieux que quiconque, les hommes qui sont en face de lui.
Malgré des campagnes de tout genre pour les discréditer, ils ne souhaitent plus rebrousser chemin.
Ce courage, si on peut le dire, inquiète davantage le pouvoir et ne fait qu’installer le doute dans le camp présidentiel.
Le doute ne fait que persister d’autant plus qu’aucune puissance à notre connaissance n’a donné sa caution à ATT pour se succéder à lui- même.
Mais d’ici là. Tout peut arriver, disait le musicien Ladji Kolossi. Paix à son âme.
Yoro SOW
12 mars 2007.