J’ai le plaisir de vous adresser quelques questions pour les huit candidats à l’élection du président de la République du Mali. Je vous prie, ci cela n’est pas en contradiction avec vos intérêts d’organe de presse, de bien vouloir m’apporter votre concours en publiant ces questions pour nos « futurs présidents de la République du Mali ».
1. Le Mali a initié des actions d’habitats sociaux depuis la Première République. Le président Alpha Oumar Konaré a, en son temps, fait les 300 Logements de Bamako. Quant au président ATT, il a fait des logements sociaux, un des axes prioritaires de sa politique de développement du Mali. Il apparaît de toutes les actions entreprises par les autorités maliennes en la matière, seules les populations des centres urbains sont visées, alors que la majorité des Maliens vit en milieu rural. A quand des opérations de logements sociaux pour le monde rural ?
2. Les logements sociaux réalisés dans les centres urbains sont à coût de dizaines de millions de F CFA tandis qu’en milieu rural avec quelques millions (entre 2,5 et 7,5 millions) par ménage ou même par « famille », l’Etat malien peut considérablement contribuer à améliorer le cadre de vie de millions de nos compatriotes ruraux à faible coût. Si une action devrait être entreprise en faveur du monde rural en matière de logements sociaux, quelle stratégie envisager madame et messieurs les candidats ? Quel taux de subvention pensez-vous acceptable pour ces braves populations vivant presque toutes dans la précarité ? Quelle comparaison avec les taux de subvention de l’Etat accordés aux actuels acquéreurs des logements sociaux ?
3. Le Mali, depuis son indépendance, a décrété une éducation gratuite pour tous. Depuis quelques années, le monde rural, dans de nombreuses contrées du pays, fait face aux charges de fonctionnement d’écoles communautaires (Ecom) suite à l’engouement pour la large et grande scolarisation des enfants. En ces moments difficiles, de nombreuses Ecom sont au bord de la faillite car les populations n’arrivent pas à réunir les quelques milliers de F CFA nécessaires pour leur fonctionnement. A quand une école réellement gratuite pour un monde rural de plus en plus pauvre ? Quelles stratégies de prise en charge envisagez-vous pour les Ecom rurales actuelles ?
4. La politique d’électrification rurale mise en œuvre par le Mali à travers l’Amader est très louable et mérite d’être soutenue et renforcée. Toutefois, le monde rural visé par cette approche est en majorité plus pauvre que la majorité des habitants des centres urbains alors que le prix de l’électricité est partout plus élevé qu’en milieu urbain. Qu’envisagez-vous pour plus de justice à l’endroit de nos compatriotes des centres ruraux quand on sait que les prix de l’eau et de l’électricité sont subventionnés pour les bénéficiaires du réseau interconnecté et des centres isolés de la société EDM-SA ?
5. Le monde est au siècle de la vitesse, de l’informatique et des Ntic, alors que nos écoles supérieures et secondaires tardent à développer la formation des futurs citoyens en informatique et aux Ntic. A quand l’introduction systématique de l’informatique et des Ntic dans nos écoles fondamentales ? Les cas du supérieur et du secondaire étant impératifs.
6. Aucun pays ne peut se développer sur la base du seul commerce, à moins qu’il ne soit une petite portion de terre. Nous savons tous que le Mali a plus d’un million de km2 de superficie. A quand une réelle politique d’industrialisation du Mali basée sur la valorisation des produits locaux et la satisfaction des besoins locaux et sous-régionaux ? Vous n’êtes pas sans savoir que nous exportons des produits bruts pour ensuite importer des produits finis faits à partir de ce que nous exportons. Ainsi, ces produits finis nous reviennent plus chers. Ainsi, le processus de pauvreté et de paupérisation du pays s’accentue énormément et éternellement. A quand la rupture de cette chaîne maudite de « dé-développement » ou d’enfoncement du pays dans la misère éternelle ?
7. Certes l’enseignement supérieur est un maillon important dans le développement de tout pays. Aussi, les agents intermédiaires sont très importants dans le processus de production national (cadres B1, B2 et C). On assiste à une prolifération de lycées à travers le pays au détriment d’écoles du type « Ecica » de Bamako. De plus, lorsque des écoles de ce genre sont créées, on ne trouve que des filières tertiaires au détriment de celles techniques et industrielles (maçonnerie, TP, bâtiment, climatisation/froid, mécanique, électricité, électronique, maintenance industrielle, maintenance informatique, etc.) A quand une amélioration de cette situation, notamment par la création de vraies « Ecica » au niveau de chaque région du pays ?
Espérant sur votre bonne coopération, je souhaite une bonne réception et une bonne lecture.
Youssouf Sanogo
(ingénieur électromécanicien)
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Cell.: (223) 673 38 70
11 avril 2007.