Le 2ème anniversaire de l’URD est intervenu, faut-il
le souligner, dans un contexte où les rapports du
parti avec Koulouba sont remis en cause.
En effet,
l’attitude de certains cadres URD qui souhaitent que
le parti présente un candidat au scrutin présidentiel
de 2007 ainsi que les prises de position mitigées de
la direction nationale auront ces derniers temps
sérieusement mis à mal les bonnes relations de l’URD
avec la Présidence.
C’est un secret de polichinelle
que la candidature de l’URD à la présidentielle de
2007 ne fait pas l’unanimité au sein du parti. Si la
commission politique dirigée par le 1er vice-président
Me Abdoul Wahab Berthé a tantôt plaidé vigoureusement
pour une candidature URD en 2007, il n’en demeure pas
moins que d’autres responsables du parti ont pris le
contre-pied de cette proposition.
La commission
politique avait même, on se rappelle, à la limite été
désavouée par la direction nationale, laquelle avait
estimé que la commission politique n’a pas qualité à
trancher une telle question. Les frondeurs avaient été
accusés de vouloir mener le parti dans une campagne
électorale prématurée.
Ces tiraillements entre membres
de la Commission Politique et certains responsables du
parti avaient fini d’instaurer un climat de vives
tensions entre les amis de Soumaïla Cissé. Ce qui
était de nature à semer le doute dans l’esprit du
président ATT quant à l’éventualité d’une candidature
URD en 2007, et ce, en dépit de la position officielle
du parti sur la question.
Qui plus est, l’URD a,
faut-il le signaler, pris l’habitude de briller par
son absence aux manifestations de soutien au chef de
l’Etat.
En effet, le parti n’a guère effectué le
déplacement au meeting anti-casses et il n’était pas
non plus au meeting organisé par l’ACC à l’occasion de
la célébration du 8 juin.
Toutefois, le parti s’était démarqué du RPM en
adressant une déclartion de soutien au président ATT.
Cette déclaration de soutien a amené plus d’un
observateur de la scène politique à croire que le
parti demeurait dans une logique de soutien au
président de la République et par conséquent qu’il ne
figurait pas parmi les formations politiques pour
lesquelles le consensus politique est devenu une
camisole de force et qui se sont donné un autre
agenda.
Eu égard donc au flou dans lequel baignaient les
relations URD-Koulouba, l’anniversaire du samedi
dernier aurait dû être celui de la clarification. La
célébration de ce 2ème anniversaire était en effet le
cadre idéal pour les amis de Soumaïla Cissé de lever
toute équivoque quant à la candidature ou pas du parti
à la présidentielle de 2007.
Mais hélas ! le parti a,
semble-t-il, opté pour la loi du silence. Pire, il
s’est entouré de l’ADEMA son principal rival politique
et du RPM, donnant ainsi à la cérémonie une allure de
retrouvailles entre poids lourds du paysage politique.
Tout se passe comme si l’URD voulait se racheter
d’avoir manqué le rapprochement ADEMA-RPM contre la
banalisation du pouvoir.
Est-ce dans cet esprit de
retrouvailles que le président de l’URD a éloquemment
plaidé pour la réconciliation et le regroupement des
partis politiques ? En tout cas, celui-ci a indiqué :
<
Va-t-on vers un rapprochement ADEMA-RPM-URD en 2007 ?
Il serait prématuré d’envisager un tel évènement
politique à court terme. Toutefois, ces retrouvailles
entre les trois mastodontes du paysage politique
dénotent d’une certaine volonté de collaboration qui
éclate de plus en plus au grand jour.
L’ADEMA à
l’anniversaire de l’URD ? C’est que si la hache de
guerre n’a pas été entièrement enterrée, les plaies
ont commencé à se cicatriser. Toute chose qui laisse
présager que les trois partis pourront se retrouver un
jour.
<<Notre parti, dès le départ a choisi son camp, celui
des forces fidèles aux valeurs républicaines et
démocratiques. Il a tendu une main fraternelle à tous
les patriotes et démocrates dont l’engagement
politique en faveur de la construction du pays est
total, ceux-là qui placent l’intérêt général au-dessus
de leurs intérêts particuliers. >>,a déclaré le
président de l’URD M. Younoussi Touré lors de la
cérémonie du samedi.
Mais l’URD a-t-elle vraiment choisi son camp ? De quel
camp s’agit-il en réalité ? Quel parti politique ne se
reconnaîtrait pas à travers “les forces fidèles aux
valeurs républicaines et démocratiques” à l’heure du
consensus politique ?
En définitive, loin de clarifier sa position, l’URD
en a rajouté au flou qu’il entretient sur sa
candidature en 2007. Car en réalité, le parti n’a
visiblement encore choisi aucun camp. Tout porte à
croire qu’il joue un double jeu en attendant l’heure
de vérité.
Samou KONÉ
28 juin 2005