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Des sources concordantes annoncent la future transformation du Mouvement citoyen (M.c.) en parti politique. Ce point, selon nos sources, a été retenu lors d‘une réunion du Cena, la semaine dernière. Est- ce une rupture avec le président de la République ATT qui a toujours déclaré qu’il ne créera pas de parti politique d’autant plus qu’après le lancement du Projet de réformes politiques, il a précisé à l’opinion internationale et nationale qu’il ne briguera pas de troisième mandat? En tout cas, après Ousmane Ben Fana Traoré qui a créé le Pcr et Djibril Tangara, la Fcd, il ne serait pas surprenant de voir ce qui reste de l’association, quitter l’attelage d’ATT pour enfin se dissoudre dans un parti politique.

En effet, les échéances de 2012 avancent et aujourd’hui, le fonds de commerce ATT ne fait plus recette. Du coup, ses anciens amis indépendants se positionnent sur la scène politique. Pour Ahmed Diané Séméga, l’un des grands défis est de ne pas voir ses associés rejoindre le parti de Djibril Tangara, la Fcd, qui deviendra, sûrement son principal challenger.

Il faut rappeler que Djibril Tangara, créateur du Mouvement citoyen, gardait des liens sociaux particuliers avec le chef de l’Etat. Le lancement de la campagne d’ATT, en 2002, a eu lieu à Sikasso, en présence du M.c. De ce fait, plusieurs membres de cette association se reconnaissent encore en son créateur. Récemment, au cours d’une cérémonie organisée par le M.c., des femmes ont affirmé : ‘’ Nous, au Mouvement citoyen, notre chef c’est Djibril Tangara.”

En réalité, à travers ces discordances, c’est l’existence même des Indépendants qui est menacée. S’il est vrai que le président Amadou Toumani Touré a brigué la magistrature suprême en Indépendant, il ne faut pas oublier sa déclaration qui annonçait qu’il ne le fera pas sans l’appui des partis politiques.

Il avait pu regrouper autour de lui, un nombre impressionnant de formations politiques.

De surcroît, les candidats indépendants sont, pour la plupart, des transfuges de partis politiques qui peinent à rassembler des militants de leur ancienne formation. Or, avec les nouvelles propositions du projet de réformes politiques pour la consolidation de la démocratie au Mali, la situation se complique pour les Indépendants.

D’une part, les vœux de certains membres de la société civile, formulés pour bénéficier du financement public des partis politiques n’ont pas été réalisés par les nouvelles propositions du Comité d’appui aux réformes institutionnelles (Cari) et d’autre part, les réformes ont mentionné la sauvegarde de la vocation des partis à être les principaux animateurs de la vie politique.

La nouvelle réglementation des candidatures indépendantes instaure l’obligation de parrainage par une association à caractère politique créée six mois avant la date de dépôt des candidatures et la production d’une profession de foi. En outre, des sanctions ont été prévues, en cas de nomadisme politique, ce qui est une caractéristique des candidats indépendants.

C’est donc le goulot d’étranglement annoncé pour les Indépendants. L’on comprend donc pourquoi Ahmed Diané Séméga et ses partisans envisagent, aujourd’hui d’aller à contre courant de leur mentor, ATT, en décidant de créer leur parti politique.

Baba Dembélé

Le Républicain du 11 Mai 2010.