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Dans l’histoire immédiate du pays, jamais opposant ne sera plus illustre et plus combatif que l’ingénieur en télécom. Même si le Mali de la révolution de mars 1991 n’a pas toujours reçu avec bonheur l’argumentaire et le positionnement de sa bête noire. Car bête noire, il le fut.

jpg_choguel-modibo-diarra.jpg Qui ne se souvient pas de ses propos taillés dans la pierre et immanquablement lancés dans le jardin de l’Adema, de ses gouvernements successifs ainsi que de ses chefs historiques dont Alpha Oumar Konaré, Ibrahim Boubacar Kéita, Ali Nouhoun Diallo ? Qui peut avoir oublié ses tirades dévastatrices à l’époque contre le ministre des Finances Soumaila Cissé, un autre de la très turbulente mais résiliente Adema d’alors. Le Tigre en chef n’a jamais rasé les murs ni laissé la moindre occasion de se revendiquer de Moussa Traoré.

Mieux, il revendiquera, dans son passif comme dans son actif, le bilan de l’ancien chef d’État, criant à la trahison, voire à la traîtrise, alors que, faute de baromètre fiable ou simplement par autisme, le « père spirituel », à contre courant de l’Histoire, n’a pas su flairer l’exigence unanime de pluralisme et de renouveau.

Certes, ce que fera ou deviendra Choguel Maiga plus tard est important pour mieux camper le personnage lui-même ainsi que la classe politique malienne. Pourtant, son ablution ne viendra pas de la bouilloire du Général déchu et qu’il défendra bec et ongles jusqu’à la dernière minute.

Elle viendra au contraire de l’onction qui lui donnera le Coppo où les tombeurs de GMT et ses amis firent l’union sacrée contre l’État Adema au détour de la crise électorale de 1997. Avec un tel certificat de fréquentabilité, Amadou Toumani Touré n’aura aucune peine à l’embarquer dans l’arche de Noé de 2002 qui s’allia toutes les sensibilités et même leurs contraires. La stabilité du moment passait par ce beau consensus.

Choguel Maiga en fut un des ministres. Sa pratique donc ne pouvait éviter de passer au crible du procès permanent que l’opposant tint, sans discontinuer, contre la décennie Konaré. Aujourd’hui, que pense t-il quand il est seul ? Quel va être son positionnement pour 2012 ? On nous dira : pourquoi lui et pas les autres. Mais la réponse est simple : le silence de cet homme qui a été plus que vocal dans un passé récent est ce qui intrigue le plus.

Et surtout, on ne peut s’empêcher d’anticiper son avenir politique maintenant que Cheick Modibo Diarra ne fait aucun mystère de ses ambitions pour 2012, battant le pays, rencontrant les leaders du monde, bénissant les clubs de soutien qui fleurissent en son nom. Et peut-être lorgnant vers la base et les structures du MPR.

Le moment venu, le Tigre affrontera t-il l’Eléphant qui a déboulé dans sa porcelaine à lui ? Ou assistera t-il, désabusé, à la victoire de l’ADN sur la légitimité du parcours ? Car, le spécialiste des Télécom aujourd’hui à la tête de la CRT est bel et bien « l’opérateur historique » du MPR et de son combat pour un Moussa Traoré mieux compris et pas vilipendé.

Adam Thiam

Le Républicain du 10 Mai 2010.