Sikasso, troisième région économique du Mali, est située à 390 km de Bamako. Elle représente un grand centre d’intérêts pour les hommes politiques. C’est la région des grands électeurs où le taux de participation au vote est le plus élevé. Les traditionalistes les ‘’Djinns » du Kénédougou seraient favorables à tout candidat qui veut se faire élire président de la République du Mali ; à condition d’avoir l’accord des notabilités de la ville.
Pour la petite révélation, les pourparlers de notre accession à l’indépendance en 1960 ont été discutés pour la première fois à Sikasso entre Jean Marie Koné et Modibo Keïta, tous membres influents de l’US- RDA. En 1991, le candidat Alpha Oumar Konaré de l’ADEMA à travers ses amitiés a bénéficié de l’accord des familles fondatrices sikassoises pour se porter candidat. Elu pour deux mandats successifs de cinq ans, Alpha Oumar Konaré a réhabilité le Tata et organisé le centenaire de Sikasso à la résistance coloniale en 1996.
C’est au regard de toutes ces considérations que Amadou Toumani Touré était venu à Sikasso déclarer sa candidature en mars 2002. Comme ses prédécesseurs, il fut accepté par les sikassois grâce à Dramane Ouattara, Administrateur délégué à la Fondation pour l’Enfance, un natif bien côté auprès des familles fondatrices et membre de l’Association des Sikassois résidant à Bamako.
Amadou Toumani Touré, élu avec un taux de participation de 29,99%, n’a rien fait comme récompense aux Sikassois. Aucun représentant dans le gouvernement et dans les institutions. Pourtant, c’est l’actuel maire Mama Sylla qui a mouillé le maillot en mars 2002 pour sauver l’honneur au stade Babemba Traoré. Il a sauvé le général ATT et sa femme de l’humiliation avec son parti le PMDR. Sortis massivement au stade Babemba, femmes, hommes et jeunes du PMDR étaient vêtus de pagnes à l’effigie du parti.
Ce jour là tous les journalistes qui ont fait le déplacement sur Sikasso pour couvrir la cérémonie ont reçu le communiqué du PMDR. Au lieu de chercher à consolider cet acquis de reconnaissance aux Sikassois, le général ATT et certains amis de circonstance ont mis les hommes politiques dos à dos. Dès lors les hostilités ont empêché les partis politiques de faire face aux problèmes de leurs électeurs.
Pour plaire au général, certaines personnalités ont imposé à la tête des partis politiques des ressortissants de Mopti. Les Sikassois ont accepté tous ces compromis parce que c’est Alpha Oumar Konaré qui leur avait présenté son successeur ATT dans le vestibule des Traoré en leur demandant de soutenir sa candidature. Une fois Amadou au palais de Koulouba, Sikasso, n’était plus dans son programme. Ce n’est qu’à un mois de la fin de son mandat, qu’il pose la première pierre d’un hôpital moderne, d’un coût de 6 milliards à Sikasso.
Il a profité de cette visite officielle à Sikasso pour rendre visite aux notabilités dans le vestibule. Le chef des Traoré, Sinaly, n’a pas raté cette occasion pour signaler à Amadou Toumani Touré son amertume. ‘’C’est ici que la marmite a été mise sur le feu mais tout le contenu a été consommé ailleurs ». ATT réplique ‘’Je n’ai pas compris ». Le Général Tiècoura Doumbia qui l’accompagnait, lui rétorque ‘’Je t’expliquerai à notre sortie ».
Le message a été bien compris par ATT parce qu’il maîtrise les langues bambara, sonrhaï et peulh entrecoupées de proverbes. Ni le couple ATT, ni le Mouvement citoyen, ni le RPM ne peuvent ratisser large à Sikasso.
De toute évidence, le pays est encore très pauvre et le modèle démocratique d’ATT a pas mal de défauts et de faiblesses. On va voter, certes, mais dans quelles conditions ? Mauvaises.
Le recensement des électeurs, la distribution des cartes électorales, les modalités de décompte des suffrages, tout est à revoir. C’est sans doute un tel désordre qui va décourager les électeurs.
Amy SANOGO
02 avril 2007.