Le pouvoir au Mali après l’avènement de la démocratie serait la chasse gardée de certains hauts responsables du pays qui ont eu leur promotion sous le règne du général Moussa Traoré et qui, dans certains cas, lui ont tenu tête dans des situations particulières ou alors, qui étaient simplement avec lui, et se sont faits ainsi des renommées, tant ils ont fait des prouesses en termes d’actes posés pour le rayonnement de la culture malienne à travers le monde ou encore joué un rôle inestimable en terme de défense de la sécurité des personnes et des biens.
On est tenté de croire à cela lorsqu’on jette un regard rétrospectif sur les péripéties du processus électoral au Mali. En effet, la transition démocratique a été dirigée par ATT. A l’issue de l’élection présidentielle de 1992, Alpha Oumar Konaré fut investi. Après deux mandats, il passera le témoin à ATT qui est à son deuxième mandat.
Aujourd’hui, l’ancien ministre des Finances sous Moussa Traoré et Premier ministre de la transition donne de la voix. Il entend briguer la magistrature suprême en 2012. Il est même question de la création par lui d’un parti politique. Qu’est-ce qui motive tant M. Sacko à vouloir briquer la magistrature suprême? Il n’y a pas de fumée sans feu.
ATT
Ainsi, le président Amadou Toumani Touré qui a parachevé les efforts de lutte contre le pouvoir de Moussa Traoré a été à la tête du Comite de Transition pour le Salut du Peuple (CTSP) après avoir dirigé le Comité de Réconciliation Nationale (CRN).
Puisqu’il avait été convenu qu’aucun membre du CTSP ne pouvait être candidat à une élection, à moins qu’il démissionne de cet organe, ATT, à l’instar de plusieurs autres figures emblématiques du Mouvement Démocratique, s’est abstenu de se présenter à l’élection présidentielle de 1992.
Seul Me Demba Traoré, en son temps, avait démissionné pour briguer la Magistrature Suprême, a dit ATT lors d’une récente rencontre sur le processus démocratique en Afrique.
Alpha
Parmi les nombreux candidats de la présidentielle de 1992, période de grande euphorie, c’est celui de l’Adéma alors parti majoritaire qui a remporté l’élection présidentielle. Autant son parti était le mieux implanté, autant l’homme était bien connu pour ses activités diverses, dont ses efforts au niveau de la MUTEC, mais aussi le qu’il avait déjà été sous Moussa Traoré ministre de Jeunesse et des Sports, période pendant laquelle il avait eu une grande notoriété pour avoir beaucoup participé au rayonnement de la culture malienne à travers les Biennales Artistiques et Culturelles de la Jeunesse.
En somme, Alpha Oumar Konaré était très bien connu du grand public malien. Après ses deux mandats présidentiels, on a enregistré le retour d’ATT qui avait consacré tout le temps de la gestion du pouvoir par l’Adéma et Alpha dans son projet de lutte contre la dracunculose dans plusieurs localités du Mali profond.
Le retour d’ATT
Ce retour d’ATT a suscité beaucoup de polémiques au sein de l’opinion publique nationale au sujet de la possibilité ou pas pour lui, selon les textes en vigueur, notamment la loi fondamentale d’être candidat à l’élection du président de la République, surtout référence faite à son statut de militaire.
Par finir, sa candidature a été acceptée après qu’il ait décidé d’aller à la retraite. Avec ATT, c’est le triomphe de la candidature indépendante à l’élection du président de la République au Mali au grand dam des acteurs politiques, certains l’ayant d’ailleurs aidé en cela.
Ironie du sort, c’est qu’après un moment de cohabitation, certains se sont désolidarisés de la gestion du pouvoir par ATT, parce que s’estimant lésés ou moins considérés que d’autres ayant, selon eux, moins de mérite qu’eux.
Ces genres de réactions sont propres à des acteurs politiques, mais elles ne sont autres que l’expression d’options politiques. Qu’à cela ne tienne, ATT a encore bénéficié du soutien de plusieurs autres partis politiques, parmi lesquels des poids lourds de l’échiquier politique national.
La mise en oeuvre du PDES
Un peu plus d’un an après sa réélection, au sein de la classe politique et de la société civile, on commence à occuper le terrain pour afficher des ambitions pour la présidentielle de 2012, date à laquelle devra être réalisée l’alternance politique conformément à la loi électorale. En effet, pour beaucoup de gens ATT ne peut pas briguer un troisième mandat.
En a-t-il besoin? En tout cas, d’autres affirment qu’il peut bel et bien se présenter. Ce débat revient souvent et les avis sont partagés. Mais, il est trop tôt de s’appesantir là dessus à un moment où l’attention du président de la République, des représentants du Mouvement Citoyen et de plusieurs autres de ses compagnons est focalisée sur la mise en oeuvre du PDES.
L’ambition majeure est de terminer ce second mandat en beauté ; ce qui passe par la poursuite des efforts d’amélioration des conditions de vie et de travail de l’ensemble de la population.
D’ailleurs l’ouverture des états généraux sur la corruption a été une opportunité pour le président de la République de mettre l’accent sur la poursuite des efforts d’amélioration des conditions de vie et de travail des populations. Cela, selon lui, est une manière par laquelle passe la lutte efficace contre la corruption et la délinquance financière en République du Mali.
Sur quoi compte Soumana Sacko?
Si l’Adéma et l’URD ont déjà informé l’opinion publique nationale et internationale de leur ambition pour la présidentielle de 2012, ces derniers moments, c’est Soumana Sacko, ancien ministre des Finances de Moussa Traoré et Premier ministre de la Transition démocratique au Mali qui est déterminé à conquérir le pouvoir politique en 2012.
Pour ce faire, il a entrepris de sillonner plusieurs localités du pays pour expliquer ses ambitions futures et leurs motivations. Chemin faisant, ses hôtes ont droit à des révélations fracassantes sur des menaces qui pesaient sur lui un moment sous le régime de Moussa Traoré. Une manière pour lui de séduire davantage ses interlocuteurs avec l’habit de héro qu’il a porté à certaines étapes de ses périples.
A bien analyser la situation, on se rend compte que les présidents de la République qui se sont succédé ne sont pas de célèbres inconnus. Pourtant, dans les milieux politiques, il y en a qui ont plus de notoriétés, mais n’ont jamais pu émerger.
Alors question : qu’est-ce qu’il en sera pour Soumana Sacko? Sera-t-il un candidat indépendant ou va-t-il créer son parti? Où est-ce que cela pourrait le mener?
En tout cas, Soumana Sacko est déterminé et il compte sur les prouesses qu’il a faites au moment où il assumait de hautes responsabilités de l’Etat. Soumana Sacko, nostalgique de ce passé sera peut être rejoint par ceux en qui il a laissé des impressions positives. Mais il vient à un moment où le paysage politique est en pleine mutation avec la formation des grands ensembles.
Un environnement politique déjà surcharge
En effet, les regroupements de partis sont une réalité ces dernières années. Le ton a été donné par l’Adéma et l’URD, les deux grands pôles de convergence au sein de la classe politique. A ceux-ci s’ajoutent d’autres partis avec qui certainement il va falloir compter. Au nombre de ceux-ci, il y a sans doute le Rassemblement pour le Mali (RPM) d’IBK, le Mouvement Citoyen entre autres.
Dans cette mouvance, le plus important sera le choix du candidat. En 2012, les candidats seront départagés par leur charisme, leur capacité de mobilisation, surtout les impressions positives qu’ils auront laissées à l’opinion. Cela n’empêche que les grands partis, s’ils parviennent à pérenniser leur cohésion, réalisent des prouesses électorales.
En tout cas, pour la présidentielle de 2012, les partis politiques sont prêts à barrer la route aux indépendants. Les actions sont en cours dans ce sens depuis quelques années, quand on sait que certains d’entre eux n’ont ménagé aucun effort pour tenter d’empêcher les responsables du Mouvement Citoyen de tourner.
Leurs efforts semblent avoir été vains, eu égard à la détermination des ténors du Mouvement Citoyen de redynamiser leur organisation en se montrant plus proches des électeurs que les partis politiques.
Le mouvement citoyen décide a s’assumer
En témoignent leurs sorties sur le terrain pour échanger avec les populations sur le contenu du PDES, la pertinence de ce projet présidentiel et la nécessité de l’appuyer pour un développement économique harmonieux et durable du pays, par lequel passe le bien être de l’ensemble des Maliens.
Après cette étape, qui ne doit pas être une fin en soi, il y a beaucoup de probabilités que les efforts tendront vers, à défaut de la création d’un parti, la présentation de candidatures aux différentes élections. Le Mouvement Citoyen qui entend défendre le bilan de la gestion du pouvoir par ATT doit-il rester en marge de la vie politique?
Il semble que c’est autour de ce questionnement que les animateurs du mouvement soient en train de réfléchir afin de relever les défis du présent et de l’avenir.
Moussa SOW
27 Novembre 2008