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Le climat de précampagne soutenu par la situation socio politique précaire due à l’insécurité dans le nord, du risque d’insécurité alimentaire et de la persistance de la corruption, la perspective de la présidentielle de 2012 anime la plupart des conversations au Mali et particulièrement à Bamako.

En l’absence d’un sondage pour élucider une tendance électorale pour 2012, l’on ne pourrait se contenter que des commentaires interpersonnels pour déterminer l’appréciation de la population malienne au sujet des candidats à la présidentielle. Ce qui est évident, les citoyens ont le sentiment que les élections générales de 2012 seront décisives pour la nation. En cause, la corruption grandissante, la persistance de la vie chère, l’insécurité notamment dans les régions nord du pays.

Sous un chaud soleil (vers 14 heures) au quartier commercial de Bamako (centre-ville), le 14 décembre dernier, une dizaine de personnes réunie autour d’un kiosque de journaux ne prêtait attention à aucune autre chose. Un seul sujet était à l’ordre du jour pour animer la conversation : la perspective de la présidentielle du 29 avril prochain. Tous des passants, essentiellement non ou peu alphabétisés mais ayant une «vision claire» pour le Mali. Il faut dire que la conversation s’est brusquement engagée lorsqu’un homme a lâché : «C’est Soumaïla Cissé qu’il nous faut en 2012».

jpg_presidentielle-2.jpgLa réaction du reste du groupe de «titrologues» ne s’est pas fait attendre pour stopper l’intéressé : «Donnez-nous un exemple de ce qu’il a fait de bon jusqu’ici !» rétorquent deux autres personnes dans l’assistance. Une troisième, favorable, cette fois-ci, à Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), montrant la Une d’un Hebdomaire souligne que l’ancien président de la commission de l’Union Economique et Monétaire ouest Africain (UEMOA) est actuellement «éclaboussé» par une affaire de détournement de cinq milliards au sein de l’organisation sous régionale. Argument démenti par une dame. Selon cette dernière, les journalistes auraient donné une information contraire à la réalité.

En essayant d’exposer la carte IBK, un autre orateur se voit rétorqué : «C’est sous le gouvernement IBK qu’on a vu des fonctionnaires milliardaires. Et c’est à son gouvernement que la banque mondiale a montré un carton rouge à cause de la corruption». Intransigeant, le pro-IBK répond que son mentor a tout de même sauvé le régime du président Alpha Oumar Konaré d’une crise sociale et politique très profonde.

«Tous ceux-ci sont des Adémistes [Ndlr : référence au parti Adéma-PASJ qui a dirigé le pays de 1992 à 2002] et ne pourront rien changer dans la marche actuelle de l’Etat» confesse un autre orateur. La discussion d’une quinzaine de minutes qui devenait de plus en plus houleuse avait besoin d’être apaisé et c’est un septuagénaire qui s’est prêté à cette œuvre. Selon ce dernier, «IBK est capable de restaurer l’autorité de l’Etat au Mali mais pour retirer nos ressources du contrôle de l’occident afin d’en faire bénéficier les citoyens, seul Soumana Sako pourrait être l’homme de la situation». Il n’en fallait pas plus pour attirer l’adhésion de toutes les parties en discussion. Le vieil homme n’a pas précisé d’ordre protocolaire (qui pour la présidence, qui pour la primature) mais, selon lui, «il nous faut ce duo en 2012».

Le tempérament des deux hommes est-il associable ? Pour certains, la réponse est non. «Pour le Mali, ils doivent s’efforcer de s’entendre», a relevé le revendeur. «Je ne fais confiance à aucun des candidats mais IBK et Soumana Sako semblent être le moindre des maux pour le Mali en 2012» soutient le pro-IBK.

Seydou Coulibaly

16 Décembre 2011.