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Dans divers domaines, il y a plutôt beaucoup à faire. C’est le cas pour l’éducation et la formation, la protection de la personne humaine (un pourcentage assez élevé des Maliennes subit encore des violences physiques et verbales), le droit à l’héritage. Bref, le tout est couronné par l’absence d’un véritale code de famille. Ces failles ou ce vide juridique, peuvent être corrigées si “nos douces moitiés” restent absentes des instances de décisions. Voilà le vrai enjeu de la promotion de la femme au Mali.

Certes, depuis l’ouverture démocratique au Mali, les femmes sont sorties de leur torpeur sans pour autant parvenir à se propulser au devant de la scène, ou du moins sans parvenir à prendre en main leur destin. Le peu de progrès réalisé dans ce domaine relève de la volonté des pouvoirs publics à donner à la femme la place qui est la sienne. Une volonté qui n’arrive pas à tenir route puisque les femmes elles-mêmes ne semblent pas être déterminées à s’y engager. Comment ne pas penser ainsi si parmi 10 777 conseillers communaux, on ne trouve que 720 femmes contre une femme préfet sur 49, moins d’une vingtaine à l’Assemblée Nationale et zéro pour le poste de Gouverneur de Région (le Mali en a 8 plus le district )? Dans le gouvernement, on n’en dénombre que quatre.

Pourtant, il est dit que les femmes constituent plus de la moitié de la population malienne et historiquement réputées être l’essentiel de l’électorat. Qu’on se le dit net, les femmes maliennes ne sont pas battantes comme elles donnent l’impression de l’être. L’audace et l’esprit d’indépendance leur manquent. Et la dernière élection présidentielle vient de le prouver malheureusement. Le score réalisé par Mme Sidibé Aminata Diallo, cette courageuse et brave dame qui a osé prendre la ligne de départ pour Koulouba avec 7 hommes, est une insulte à l’endroit des femmes du Mali. Une insulte préférée par elles-mêmes pour n’avoir pas su se convaincre de leur féminité. Quand on est femme on l’assume.

C’est pourquoi, Mme Sidibé Aminata Diallo a une couronne d’or qui aurait pu être tressée à sa tête par ses soeurs. Au lieu d’être acclamée par les femmes, la candidate malheureuse n’a reçu que de dédains, de l’annonce de sa candidature à sa défaite cinglante. Certaines ont même cru bon de conditionner leur soutien à cette intrépide à un engagement préalable de sa part à répondre aux aspirations des femmes maliennes. Qui connaît mieux les problèmes de la femme malienne que les femmes elles-mêmes ?

Mme Sidibé Aminata Diallo, si elle était élue présidente de la République, allait laisser le code de famille dormir dans les tiroirs de l’Assemblée Nationale ? Allait-elle cautionner que les femmes continuent à être des laisser pour compte ? Les femmes maliennes ont eu tort de ne pas soutenir la candidature de Diallo. Elles ont tort non pas parce que Mme Sidibé n’est pas allée à Koulouba, mais pour l’avoir humiliée ainsi avec un score qu’elle ne mérite pas. Certains observateurs avaient cru que les choses se dérouleraient autrement qu’en 2002 où la seule prétendante candidate a dû jeter l’éponge faute de moyens pour le paiement de la caution. Ces observateurs ont sûrement désillusionné, ils n’avaient encore compris que c’est la loi de la jungle qui prévaut encore chez nos douces moitiés.

Pendant que d’autres rigolaient de la candidature de la Dame Diallo, certaines se courbaient en deux pour payer la caution du candidat Amadou Toumani Touré. Il revient désormais à ce dernier de laver l’affront subit par la brave candidate du fait de ses soeurs. Car, à notre entendement, Mme Diallo, plus qu’un symbole, est tout un monument dans notre pays. Elle l’est pour avoir osé, elle l’est également pour la vitalité de la démocratie malienne. Sa grande déception, elle ne l’a pas dit, mais nous sommes prêts à parier que ce fut le mépris à elle manfester par les femmes maliennes.

Comme quoi, la présence massive des femmes dans les instances de décisions n’est pas pour demain. Elle attendra tant que celles-ci continueront à se plaire dans le rôle d’applaudisemment et d’ascenseur électoral pour les hommes, leur ennemi N°1 mais qu’elles aiment tant.

Adama S. DIALLO

11 mai 2007