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“La section syndicale des bouchers du District de Bamako a, au cours de sa réunion extraordinaire du 28/01/2009, décidé d’observer une grève d’avertissement de 48 heures du 16 au 17 février 2009”, annonce le secrétaire général dans un préavis de grève daté du 29 Janvier dont copie est déposée à notre rédaction. Dans ce document, le syndicat des bouchers énumère un chapelet de doléances. Mais si la grève avait lieu, ce serait de la faute du ministre de l’Elevage et de la Pêche. Comment et pourquoi?


L’abandon d’une méthode décriée

Le syndicat de bouchers a été mis en place en Mai dernier à la Bourse du travail de Bamako. Jusqu’ici, les bouchers militaient dans une organisation non affiliée à l’une des deux centrales syndicales du pays. C’est pourquoi, lorsqu’ils décidaient d’aller en grève, ils le faisaient tout de suite, sans passer par le respect des textes, notamment le préavis de grève déposé au moins 15 jours avant le débrayage. Ce fut le cas en Octobre 2004.

Aujourd’hui, avec leur adhésion au syndicat national de l’alimentation, membre de l’UNTM, les bouchers entendent revendiquer leurs droits en respectant les règles de procédure ; d’où le dépôt de ce préavis de grève transmis au gouvernement.

Si le préavis est déposé sur la table du ministre du Travail, de la Fonction Publique et de la Réforme de l’Etat, copies sont remises aux ministres de l’Artisanat et du Tourisme, et de l’Elevage et de la Pêche, aux PDG des abattoirs frigorifiques de Bamako et de Sabalibougou “DJEKANOU-SA”, aux présidents des Associations des consommateurs.

Sont ampliataires, l’UNTM, les “garbal” de Niamana du quartier TSF (ou Sans Fil), la FEBEVIM, le ministère de l’Emploi et de la Formation Professionelle, la DRPTA, la DRSV, le SYNITHIA, l’APCMM, entre autres.

Les doléances à satisfaire

Selon le secrétaire du bureau exécutif des bouchers, le syndicat demande l’amélioration des conditions d’abattage des bêtes, l’amélioration des conditions d’hygiène dans les abattoirs, la réhabilitation de la voie d’accès à l’abattoir de Sabalibougou, l’amélioration des moyens de transport de la viande, le recouvrement de la taxe syndicale ( ristourne), la production du rapport d’activité mensuel, l’application du protocole d’accord du 01/10/04 à Sabalibougou, la restitution des sous-produits aux bouchers, la participation du syndicat au conseil d’administration, l’instauration d’un cadre de concertation Ministère-syndicat-abattoirs, le chargement et le déchargement des boeufs dans la cour de l’abattoir frigorifique de Bamako.

Si ces revendications ne sont pas satisfaites, le syndicat des bouchers observera une grève d’avertissement de 48 heures du 16 au 17 Février 2009. Pis, la section syndicale se réserve le droit de lever ou de reconduire le mot d’ordre, suivant l’évolution des négociations. C’est dire que si les bouchers mettaient leur menace de grève à exécution, ce sera deux jours de galère pour les consommateurs bamakois.

A défaut de prendre des dispositions pour avoir sa dotation, pour les jours de grève, ceux qui ont les moyens se rabattront sur le poisson et la volaille. En tout cas, les 16 et 17 Février prochain, il n’y aura pas de brochetteuses ravitaillées en viande, pas de vendeurs de “dibi”, sans oublier que les hôtels et restaurants seront privés de viande. A qui la faute? Au ministre?


Mme Diallo Madeleine Ba accusée

L’affirmative semble permise. En effet, au lieu de se mettre au-dessus de la division qui règne dans les rangs des bouchers, le ministre de l’Elevage et de la Pêche donne l’impression d’avoir déjà choisi son camp. Dans une lettre datée du 26 Janvier 2009, le président de l’union des sociétés coopératives des bouchers des Communes I, III et VI de Bamako informe Madame le ministre de l’Elevage et de la Pêche de la situation qui prévaut actuellement entre les bouchers du District de Bamako.

Dans sa correspondance au ministre, Hamsourlaye Diallo, le président de cette union, écrit : “Mon union formée par les sociétés coopératives des bouchers des Communes I, III et VI ne reconnaît pas le syndicat des bouchers affilié à l’UNTM. Par conséquent, ce syndicat ne peut pas parler au nom de tous les bouchers du District. Nous nous opposons à la gestion de tout ce nous pouvons avoir comme ressources, tant au niveau des abattoirs qu’ailleurs. Nous nous assumons entièrement”.

Il aura suffi cette lettre pour que le syndicat des bouchers décide du dépôt de ce préavis de grève. Tout porte donc à croire qu’il a la certitude que Mme Diallo Madeleine Ba n’est plus prête à discuter avec le syndicat. Son interlocutrice devient l’union des sociétés coopératives des bouchers de trois communes du District.

Alors questions : Mme la ministre accepterait-elle que ces bouchers partent en grève? En tant qu’autorité, a-t-elle raison de faire du parti pris? Un syndicat est-il à confondre avec une coopérative? Mme Diallo Madeleine Ba a-t-elle la preuve que le syndicat avec qui elle ne souhaiterait pas composer est irrégulièrement constitué?

Peut-on alors parler d’une méconnaissance des textes ou d’un mépris de sa part? La ministre peut-elle affirmer que dans les autres communes de Bamako, il n’ya pas de bouchers? Si non, sont-ils membres de l’union des sociétés coopératives ou du syndicat?

Oumar SIDIBE

02 Février 2009