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Un préavis de grève a d’ailleurs déjà été déposé dans ce sens par la section syndicale des douanes, il y a quelques semaines.

C’est encore le non respect des engagements du gouvernement dans ses relations avec les partenaires sociaux qui est une fois de plus mis en exergue. Dans le cas de la section syndicale des douanes dirigée par Yacouba Katilé, un protocole d’entente comprenant 16 points avait été signé le 15 juillet 2006 entre une Commission de bons offices et le gouvernement.

Un chronogramme d’exécution avec des dates fixes avait même été élaboré pour mettre en application les points suivants :

l’intégration dans la Fonction Publique des agents contractuels ;
le statut du personnel de la douane et du plan de carrière et la restructuration du corps des préposés ;
la formation et le perfectionnement du personnel ;
la prise en charge du personnel ;
l’alignement du traitement des agents des douanes à l’étranger sur ceux des entrepôts relevant du ministère de l’Equipement et des Transports ;
la relecture de certains textes ;
la protection des agents des douanes dans l’exercice de leur fonction ;
la dotation en uniforme ;
l’équipement du service ;
la gestion du personnel ;
les pouvoirs de douane judiciaire ;
les primes et indemnités, les fonds d’équipement et de lutte contre la fraude ;
l’évaluation de la mutuelle des douanes ;
l’attribution d’une parcelle ;
le siège du syndicat et l’attribution de logements administratifs.

Près de 10 mois après la signature de ce protocole d’entente, le gouvernement n’a pu honorer un seul de ses engagements. C’est ce manquement à la parole donnée qui provoque aujourd’hui la colère de la section syndicale des douanes. Cette dernière qui a carrément radicalisé sa position a décidé de lancer un appel pressant au gouvernement pour qu’il fasse quelque chose faute de quoi, ses adhérents observeront une grève de 72 heures.

Faux-fuyants

Derrière le refus du gouvernement d’appliquer le protocole d’entente signé le 15 juillet 2006 se cache en réalité beaucoup de non-dits.

Le protocole d’entente dans sa forme actuelle n’engage pas le gouvernement : habituellement les accords signés entre le gouvernement et les différents partenaires sociaux à savoir les syndicats se font dans le cadre d’un protocole d’accord.

A l’issue des négociations, ledit protocole est signé par le ministre de la Fonction Publique ou le ministre dont le département est concerné en premier lieu ; le président de la Commission de réconciliation qui est toujours un membre de la société civile, donc neutre, et le responsable du syndicat concerné.

Or dans le cas de la section syndicale des douanes, le gouvernement a volontairement adopté la démarche contraire. « Les actes posés ne sont ni plus ni moins que des actes de sabotage avérés. Nous en voulons pour preuve l’appellation donnée au protocole signé : protocole d’entente au lieu de protocole d’accord« , explique une source proche du dossier.

« Mais ce qui est encore plus grave c’est le fait pour le gouvernement de la République du Mali d’avoir illégalement donné délégation de signature à un petit chargé de mission et à un directeur administratif et financier (DAF). Ce sont en effet ces deux qui ont signé le protocole d’entente du 15 juillet 2006 au nom de l’Etat malien« , ajoute notre interlocuteur.

Des signatures qui n’engagent aucunement l’Etat malien. Est-ce la raison fondamentale qui explique le refus du gouvernement de s’exécuter ?

Compromis difficile

Quand la section syndicale des douanes a déposé son préavis de grève de 72 heures, le gouvernement de Ousmane Issoufi Maïga n’a été nullement surpris. Il savait d’avance que ce problème allait tôt ou tard surgir. Mais quand ? En fin stratège, la section syndicale a choisi la période électorale pour passer à l’offensive. Une période propice aux revendications catégorielles.

C’est le choix de ce moment qui gêne considérablement le gouvernement aujourd’hui. Pour y faire face, la vieille méthode qui consiste à jouer au sapeur pompier a encore été opérationalisée par le gouvernement.

Des artifices sont en cours pour faire croire à la section syndicale des douanes que ses préoccupations seront prises en compte.

D’abord par la constitution d’une Commission de réconciliation présidée par un chargé de mission.

Ensuite l’envoi d’une lettre à cette même section syndicale pour lui demander d’envoyer les noms de ses représentants.

Et enfin, une probable convocation de la Commission de conciliation.

Mais en réalité, ce ne sont que pures manoeuvres dilatoires. Le supposé Président de la Commission se fait aujourd’hui désirer à cause d’une maladie imaginaire. En réalité, le nommé Oulalé, chargé de mission, n’a nullement l’intention de supporter seul la foudre des agents de douanes.


Birama Fall

14 mars 07.