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« Nous sommes dans la dernière ligne des préparatifs »
Dans quelques jours, les partenaires de l’école malienne se pencheront, au cours du forum sur l’éducation, sur les grands maux qui minent notre éducation nationale dans son ensemble, en particulier l’école malienne.
Ce forum, prévu du 30 octobre au 02 novembre 2008, a été minutieusement préparé, des mois durant, par un comité national d’organisation.

Dans l’interview qui suit, son président, le professeur Salikou Sanogo, nous fait le point des préparatifs, les activités menées, les attentes à l’issue du forum, etc.


L’Aube : Monsieur le président, où en êtes-vous avec les préparatifs du forum ?

Le comité d’organisation du forum national sur l’éducation est en place depuis le mois de mai dernier. Nous avons constitué trois commissions : une commission éducation de base et alphabétisation, une commission enseignement secondaire général, technique et professionnel, une commission enseignement supérieur et recherche scientifique.

Après avoir élaboré les thèmes de référence, nous avons décidé de préparer le forum en trois phases : la phase d’écoutes et des ateliers thématiques, la phase des concertations régionales, et maintenant, la phase du forum lui-même. Actuellement, nous avons terminé avec les ateliers et les concertations régionales. Nous avons rédigé sur cette base une synthèse des écoutes, des ateliers, des concertations. Cette synthèse est en voie de finition, donc nous pouvons dire que nous sommes dans la dernière ligne des préparatifs du forum.

Après ces écoutes, les ateliers thématiques et les concertations, quel est le sentiment général qui se dégage?

Le sentiment qui se dégage d’une façon générale, c’est une forte attente. Compte tenu des problèmes que notre système éducatif connaît, la population et l’opinion publique attendent cette rencontre avec impatience pour que nous puissions discuter de ces grandes questions qui agitent le monde scolaire.

Depuis un certain temps, vous aviez difficilement des années scolaires normales. Vous aviez des sorties, des grèves, ainsi que des agressions et la violence qui s’introduisent dans le système. Les parents d’élèves sont énormément inquiets de l’avenir de leurs enfants ; les pouvoirs publics sont à pied d’œuvre ; les enseignants ont aussi beaucoup de revendications, les élèves et étudiants aussi… Bref, tout le monde attendait. Donc, on a eu le sentiment que le forum est arrivé à temps.

L’autre sentiment, c’est que compte tenu de cela, les gens se sont exprimés lors de nos écoutes, lors des ateliers thématiques. Nous avons fait une vingtaine d’ateliers thématiques, avec plus de 1 700 participants. Et nous avons senti aussi, au cours des concertations régionales, qu’il y avait un fort besoin de discussions, d’échanges autour du système éducatif, pas seulement de l’école, mais de tout le système éducatif malien.

Les gens ont senti qu’il y va de l’avenir de notre pays et de celui de chacun, de chaque père de famille et de chaque mère de famille. Donc, il y a ce sentiment de satisfaction de la participation, de l’engouement, vis-à-vis de ce forum et des attentes fortes de toutes les populations.

Monsieur le président, l’école implique plusieurs acteurs et partenaires. Est-ce que vous avez constatez des acteurs qui se sont mis à l’écart ?
Fort heureusement, le sentiment et l’engouement dont je viens de parler se traduisent dans les faits par la participation de tous les acteurs et de tous les partenaires auxquels nous avons fait appel. Y compris les syndicats.


Tous les syndicats?

Oui. Parce que nous avons expliqué aux syndicats la démarche de ce forum. Ce n’est pas un forum destiné à mettre des gens au banc des accusés. Mais qui va débattre d’une question d’intérêt national. Et les syndicats ont compris, tous les syndicats sont venus aux écoutes, nous avons enregistré les écoutes de l’UNTM, de la CSTM, de la COSES, du Snesup, etc. non seulement dans notre siège, mais aussi lors des ateliers thématiques et des concertations régionales.

D’autres partenaires que nous n’avions pas ciblés sont venus ; ils ont manifesté leur intérêt par rapport à la question. C’est avec plaisir que nous avons reçu tous ceux qui sont venus se signaler à nous.


Il y a eu des recommandations au cours des concertations régionales. Quelles en sont les grandes lignes ?

Les recommandations majeures concernent le financement du système éducatif, parce que les gens ont pensé qu’il est tant que l’effort national de financement du système éducatif soit encore souligné. Il y a eu des recommandations fortes pour améliorer la gestion du système ; des recommandations concernant la qualité des méthodes pédagogiques qui sont utilisées jusqu’à présent, les innovations pédagogiques.

Des recommandations concernant le personnel, le personnel enseignant surtout, la formation, le recrutement, la rémunération du personnel, des conditions de vie et de travail des enseignants. Des recommandations concernant l’enseignement supérieur de qualité, la régulation, la gestion des flux ; les œuvres universitaires ; comment gérer les résidences, le transport, les bourses.

Il y a eu des recommandations concernant l’éducation en générale, quelle doit être la place des parents, des enseignements, des élèves, des pouvoirs publics, des partis politiques, du secteur privé.


On a fait aussi beaucoup de recommandations concernant le secteur privé, son organisation, sa pertinence, sa qualité, etc. Quelle est la place du secteur privé non seulement dans le secondaire, mais aussi dans le supérieur ?

Il y a eu des recommandations sur toutes les autres questions concernant l’éducation et pas seulement l’école. Donc, il y a l’éducation familiale, l’éducation préscolaire, l’éducation spéciale, c’est-à-dire les handicapés ; bien entendu il y a l’enseignement fondamental, le secondaire, le supérieur.

Et une des recommandations fortes est qu’il faut faire en sorte que notre enseignement supérieur contribue au développement économique et social de notre pays. Et que notre enseignement secondaire, surtout l’enseignement secondaire technique et professionnel aillent vers la formation pour l’emploi. Les gens ont insisté là-dessus, il ne faut pas que les enfants sortent de l’école sans avoir la possibilité soit d’exercer un emploi, soit d’en créer eux mêmes. Donc, il faut que nous mettions l’accent sur la qualité de la formation professionnelle au Mali.


Vous êtes à deux semaines du forum, quelles sont les activités qui sont prévues avant le jour J?

Comme je le dis, il y a les activités de préparation matérielle, les programmes qu’il faut adopter, les documents qu’il faut multiplier, etc. Il y a aussi la logistique, les invitations. Et, nous allons à nouveau rencontrer tous ceux que nous avons écoutés ici, pour discuter avec eux. Une façon de leur dire ce que nous avons pu apprendre, ce que nous avons pu retenir des écoutes, des ateliers, des concertations, pour avoir un dernier sentiment avec leur contribution sur les documents que nous mettrons à la disposition du forum.

Quelles sont vos attentes à l’issue du forum ?

Les attentes ? Je souhaite encore qu’il y ait un débat large, approfondi sur les diagnostics qui ont été posés lors des écoutes, des ateliers, et des concertations. Ainsi qu’un débat large et approfondi autour des recommandations, qu’il y ait des recommandations réalistes, faisables et que nous ayons un plan d’action de mise en œuvre de ces recommandations, pour voir ce qui est faisable à court terme, ce qui est faisable à moyen terme et qui ne peut se faire qu’à long terme.

Ensuite, que les uns et les autres s’engagent. Je souhaite que le forum fasse des recommandations fortes à l’endroit de tous les acteurs, non seulement l’acteur principal le gouvernement, mais aussi à l’endroit ses enseignants, élèves et étudiants, parents d’élèves, partis politiques, secteur privé.

Je voudrais aussi souligner la place de nos compatriotes de l’extérieur, qu’ils soient à nos côtés pour réfléchir, faire des propositions de sortie de crises, surtout au niveau de l’enseignement supérieur, car la plupart sont des enseignants du supérieur, des chercheurs en Amérique, en Europe et ailleurs. Lorsqu’ils ont organisé le Symposium malien des sciences appliquées en août à Bamako, ils ont consacré toute une journée à réfléchir sur l’enseignement supérieur et la recherche scientifique.

Ou bien, le 11 août dernier, quand ils ont fait la 2è journée sur l’enseignement supérieur et la recherche scientifique. Que ce soit par Internet ou courriers qu’ils nous ont envoyés, ils ont contribué fortement à la réflexion et à la proposition de solutions.

Entretien réalisé par

Idrissa Maiga

20 Octobre 2008