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Le groupe d’auto-défense Gandaïso est une résultante de la gestion de l’intégration des combattants touareg et du Ganda koy dans l’armée et l’administration maliennes. Les cadres proches du Gandaïso et certains cadres du cercle d’Ansongo sont formels, des frustrations nées d’une injustice dans le traitement par l’Etat de la question ethnique dans la localité ont préparé le terrain à la naissance de ce groupe armé. Un ressortissant d’Ansongo explique.

« Dans la gestion du dossier Gandaïso, le gouvernement joue au sapeur pompier comme dans le cas d’une catastrophe naturelle, un incendie, alors qu’il s’agit d’une contingence sociale », explique Younoussa Diallo, un cadre d’Ansongo, rencontré hier à Bamako. « Il ne s’agit pas de distribuer des enveloppes aux gens, mais de s’attaquer au problème à la racine », explique-t-il. Savoir les causes réelles de l’existence du Gandaïso, ce groupe d’autodéfense, est capital, selon lui, si l’on veut trouver une solution définitive à la question d’insécurité dans la région.

Pour ce ressortissant du cercle d’Ansongo, le Gandaïso est la conséquence logique d’une mauvaise gestion des mouvements Ganda Koy et Touareg qui ont posé les armes en 1994. « Il n’y a pas eu d’équité dans la répartition des solutions, d’où la naissance des frustrations. La portion congrue a été réservée au Ganda Koy pendant que d’autres entraient dans tous les corps (armée, garde nationale, police, douanes) et à des grades très élevés. Aujourd’hui, il n’y a pas d’officiers issus des rangs de Gandakoy, ni dans la gendarmerie, ni dans les douanes. Il y a eu une injustice dans le règlement de la question».

Selon notre interlocuteur, il y a exigence à revoir les solutions pour plus d’équilibre et de justice entre les communautés locales : touareg, peulh, Sonrhaï, arabe, Daoussahac, des groupes ethniques qui ont des liens séculaires et qui sont condamnés à vivre ensemble. « Nous avons juste besoin d’une assurance et d’une justice de la part des autorités ». A cet effet, ce ressortissant d’Ansongo pense que pour une solution globale, il faut réunir toutes les communautés pour en débattre et dégager des solutions idoines.

Les défis qui concernent la question sont connus, selon Younoussa Diallo. Il s’agit du développement dans tous les secteurs et l’Etat doit s’attaquer aux questions d’alimentation, d’éducation, de santé. Si cet objectif est atteint, il n’y aura plus de vol de bétail, plus de groupe armé. Notre interlocuteur a lancé un appel à l’opinion nationale et internationale pour trouver une solution à la situation d’insécurité dans la bande sahélo saharienne. Cette rencontre requiert une réunion de tous les acteurs politiques, administratifs, de la société civile et des leaders locaux.

« Les solutions de colmatage aboutiront toujours à la naissance de bandes comme celles des Bahanga et Fagaga, du Gandaïso. Il faut une réunion intercommunautaire bien préparée, car on doit savoir qu’il ne plait à personne de prendre les armes, tout le monde aspire à la paix », souligne le cadre d’Ansongo. Son avis qu’il dit largement partagé par l’écrasante majorité dans le cercle, est qu’il faut réparer les frustrations pour permettre aux populations de vivre « en communion, en harmonie comme de part le passé », souhaite-t-il.

Younoussa Diallo a regretté le manque d’initiative des notabilités sur la question d’insécurité dans le cercle d’Ansongo et particulièrement dans les contrées de Fafa. En 1994, rappelle-t-il, le chef de village de Fafa, Moussa Housseni Diallo, avait rencontré le président de la République.

Alpha Oumar Konaré avait prêté une oreille attentive aux problèmes évoqués par le notable. Le vieux est aujourd’hui, malheureusement atteint par l’âge et ne peut s’impliquer comme il faut. Or, ce cadre de la contrée croit en la vertu d’une telle initiative, d’autant que certains estiment que les ressortissants de Fafa n’ont pas été associés à la mission du ministre Kafougouna Koné dans la région de Gao, notamment dans le cercle d’Ansongo, du 2 au 5 octobre 2008.

« La mission a été faite en catimini, le ministre n’a pas associé les ressortissants de Fafa qui sont à Bamako et qui sont bien organisés, tout comme les députés d’Ansongo n’étaient pas de la partie. L’échec de la mission du ministre est dû à son impréparation. Il faut une préparation psychologique et une implication de toutes les parties prenantes », explique ce cadre de Fafa.

Selon lui, contrairement à d’autres, le Gandaïso ne s’attaque pas aux symboles de l’Etat qu’il reconnaît. « Il se défend tout simplement contre les agressions extérieures, les autorités doivent chercher à le comprendre en écoutant ses vrais acteurs ».

Notre interlocuteur a beaucoup regretté que le ministre ait eu comme interlocuteur privilégié, un député du cercle de Gao, au moment où ceux d’Ansongo étaient écartés de la mission.

Pour la résolution de l’ensemble des problèmes d’insécurité et de cohésion intercommunautaire dans le cercle d’Ansongo, Younoussa Diallo propose l’organisation d’une réunion de toutes les communautés de la zone en vue de poser les vrais problèmes et d’en dégager les solutions durables.

B. Daou

10 Octobre 2008