Il n’est un secret pour personne que la lecture n’est pas dans les habitudes des Maliens. Pour renverser cette tendance, les éditions « Edis » ont décidé de prendre le taureau par les cornes. A travers un projet dénommé « contribution pour une culture de la lecture en famille » qui vise la publication d’une série de bandes dessinées, elles comptent amener les enfants maliens à reprendre goût à la lecture. Vieux rêve devenu réalité, le premier tome de la bande dessinée « le prix de la fraude » est sur le marché.
Pour la sortie officielle du premier numéro de la bande dessinée « le prix de la fraude », les éditions « Edis » ont mis les petits plats dans les grands. Le jeudi 11 septembre 2008, le petit monde d’intellectuels maliens, convaincus de l’utilité de la lecture, a pris la salle de conférence de la bibliothèque nationale d’assaut. Personne ne voulait se faire conter l’évènement présidé par Mme Sina Damba, ministre de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille. Pour la circonstance, elle était accompagnée par Mme Diarra Mariam Flantié Diallo, ministre de la communication et des nouvelles technologies.
« Le prix de la fraude » est une bande dessinée qui a été illustrée par Aly Zoromé, caricaturiste au quotidien national L’Essor. Aly Zoromé a indiqué qu’il a été inspiré par la fraude qui sévit dans nos écoles. « Après mars 1991, j’ai constaté que le niveau de l’éducation a pris un coup. Et un phénomène s’est installé dans les classes : la fraude », a-t-il déclaré. Il a ajouté que « le prix de la fraude » est l’histoire d’un jeune lycéen très médiocre, dont le père, un riche homme d’affaires, tient coûte que coûte à lui offrir une carrière brillante.
Pour cela, il va tenter par tous les moyens de soudoyer le Proviseur du lycée que fréquente son enfant. Il va réussir à faire partir son enfant en France. Mais, sa satisfaction sera de courte durée. Incapable de suivre les cours pour défaut de niveau, toute honte bue, l’enfant va regagner le pays. Pour sa part, Samba Niaré, directeur des éditions « Edis », dira que ce premier tome a été réalisé en 57 000 exemplaires, grâce au soutien de l’Agence malienne de Presse et de Publicité et le Haut conseil national de lutte contre le Sida, qui ont bien voulu mettre du papier journal à la disposition de « Edis ». Il a aussi salué le ministère de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, l’Unicef et la Holding Ben et Co.
De l’avis de Samba Niaré le lancement de la bande dessinée « le prix de la fraude », constitue le prélude d’une vaste opération dénommée « 2L ou livre lecture ». Selon lui, ce projet va s’articuler autour de la publication d’une autre bande dessinée. Intitulée « A l’abandon », elle a été présentée par Ismaël Samba Traoré, directeur de la maison d’édition la sahélienne. Marraine du futur projet « 2L », Mme Maiga Sina Damba, ministre de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, a indiqué que le livre, au-delà des contraintes liées à son acquisition dans notre contexte, et de l’agression d’autres formes d’expression audio-visuelle et de l’ingérence des nouvelles technologies de l’information et de la communication, demeure un mode d’expression de la diversité culturelle et l’outil indispensable d’accès au savoir et de circulation des idées.
« A ce titre, le concept livre lecture ou lire en famille, nous paraît être une stratégie novatrice de renforcement du rôle de la famille dans l’épanouissement de l’enfant », a-t-elle déclaré. Mme le ministre a estimé que la lecture permet de stimuler l’imagination de l’enfant, de l’aider à se démarquer du réel tout en lui donnant la capacité de réagir. Pour cela, elle a estimé que c’est un élément complémentaire à l’éducation des parents.
« Le livre constitue un complément idéal pour façonner la personnalité de l’enfant, l’adulte et le chef de famille de demain », a-t-elle ajouté. Avant de poursuivre que la lecture en famille est alors un puissant moyen d’élever l’enfant au-delà des contingences pour s’inscrire dans un véritable processus d’appropriation de son environnement. Pour cela, elle dira que lire en famille contribue à faire du livre un instrument à la fois d’instruction et d’éducation, un instrument ludique et de formation.
Assane Koné
12 Septembre 2008