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La journée du lundi 22 mars 2010, restera à jamais gravée dans la mémoire de la paisible population du village de SANGA. Cette bourgade, située dans la commune rurale d’Outjinan cercle de Koutiala fut ébranlée par un rarissime fait. Contre toute attente, un homme s’y donna la mort en tirant un coup de feu dans son ventre. Il s’agit là d’un suicide, d’un abrègement définitif de l’élan vital !

Venons-en aux faits.

Tout commence ordinairement en ce lundi où le sieur Bourama Sanogo, puisqu’il s’agit de lui, affûta son fusil de chasse et se dirigea vers la brousse. C’était aux environs de 13 heures et l’intéressé venait de prendre son petit déjeuner. Personne ne se doutait alors de ses sordides intentions ni du macabre présage.

Après avoir parcouru quelques mètres, il s’arrête sous un arbre, charge son fusil et sans coup férir, se tire une balle dans le ventre. Intrigués de par la curieuse détonation, l’endroit n’étant pas un lieu de chasse, les plus proches y accourent. Mais, le pire était déjà commis. Arrivés sur les lieux, ils aperçoivent le corps sans vie de Bourama Sanogo gisant dans une marre de sang, les viscères exposés.

Aussitôt alertée, la gendarmerie de Koutiala se saisit de l’affaire. Le sous lieutenant Attaher Touré, commandant de Brigade de la gendarmerie envoie ses hommes sur le lieu du crime. Après le constat, une enquête est vite ouverte. Les gendarmes s’activeront à élucider les circonstances de la mort.
D’interrogations à interrogations, les limiers confirmeront la thèse du suicide.

En effet depuis maintenant une année, Bourama, par l’entremise de ses jeunes frères qui avaient vendu des terres ne leur appartenant pas, s’était retrouvé mêlé à un feuilleton judiciaire. La procédure, fut onéreuse et lourde d’incidence. La victime y perdra toute sa fortune ainsi que tous ses biens. L’assistance portée à ses frères l’aura totalement ruiné. Et, comme si cela ne suffisait pas, ces derniers feront preuves à son égard d’une révoltante ingratitude. Exaspéré, couvert d’opprobres et déshonoré ; Bourama tomba dans le désespoir. Aux dires de ses proches, il nourrissait depuis un certain temps l’envie de quitter ce monde. L’idée d’être la risée des autres le rebutait surtout quand l’on sait que la rivalité est à nos villages ce que l’individualisme est à nos villes.

Toutefois, les témoins étaient loin de se douter qu’il irait à de telles extrémités. Interrogés, pour la plupart, ils n’avaient jamais imaginé qu’il allait se donner la mort.

Somme toute, Bourama n’est plus de ce monde. Le désespoir né de l’inconscience de ses frères cadets et le poids de la société rurale ont eu raison de ses illusions. Bourama Sanogo laisse derrière lui la tendresse de deux épouses et le sourire de 9 enfants.

Chers lecteurs, si nous devons tirer une leçon de cette situation malheureuse, elle ne pourrait qu’être la suivante : « Avant de poser un acte, réfléchissons murement aux effets collatéraux qui peuvent en découler». Car la mort de Bourama est tout simplement l’une des conséquences du comportement de ses frères.

Abdoulaye GUINDO

Le Nouvelliste du 20 Avril 2010.