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Il est encore possible, pour le président ATT, après avoir mis le Mali en hibernation pendant 10 ans, de se ménager une porte de sortie honorable, de se racheter en quelque sorte, en organisant en 2012 des élections libres et transparentes, hors de toute contestation de quelque nature que ce soit.

Si par extraordinaire, en outre, le président sortant Amadou Toumani Touré arrivait à faire taire les armes au nord soit par une victoire militaire éclatante soit par des négociations assez avantageuses pour le pays, il y aurait matière à oublier la gabegie installée et le ravalement du pays au rang des nations infréquentables.

Par se remettre en selle en organisant des élections crédibles, il faut entendre le fait de se tenir à équidistance du scrutin présidentiel d’avril 2012, d’y observer une neutralité à toute épreuve, ne rouler pour aucun candidat.

Ayant échoué à assurer le redressement économique et moral du pays comme c’était attendu de sa part parce que celui-ci en avait grand besoin, pour compter dans l’histoire nationale, il doit savoir qu’il n’a plus le droit de nous léguer un clown comme successeur qui ferait pire que lui-même en organisant sa partition au profit des bandits du MNLA.

Les élections à venir doivent être sérieusement sérieuses, différentes de celles quelque peu folkloriques tenues dans un passé récent, et où les candidats ont payé, en se moquant presque d’eux et en les prenant pour des gosses, les électeurs avec des gadgets, des sommes d’argent modiques et des promesses à faire dormir debout.

C’est dire à quel point, après tant d’années en démocratie, le peuple de ce pays doit faire preuve de maturité politique et éviter de se faire piéger à nouveau par des politiciens de la vingt-cinquième heure, généralement des opportunistes et des hommes d’affaires venus à la politique par calcul d’épicier et prêts, en cas de victoire, en raison des maigres investissements faits, à se faire dédommager par des milliards par le même peuple.

Tous les problèmes de ce pays, suite au creux de la vague que nous traversons, sont infiniment préoccupants mais celui du Nord encore plus que les autres en raison de la nouvelle orientation prise par la rébellion et qui sort du cadre des revendications à caractère économique et social pour se diriger maintenant vers celles de l’autonomie et la création d’un Etat, plutôt d’un bidule Azawad.

Les électeurs doivent avoir à l’esprit de façon pérenne que la tâche qui attend le nouveau chef de l’Etat sera de trouver une solution définitive à cette crise insensée, en prenant les mesures qui s’imposent pour éviter sa résurgence dans 3 ou 4 ans.

De façon plus précise, comme chef de l’Etat, on n’a besoin ni d’un économiste chevronné qui nous vendrait, sous prétexte d’orthodoxie financière aux institutions de Bretton Woods, ni d’un intérimaire de toutes les situations politiques et qu’on a laissé en place faute de mieux, ni d’un apolitique sorti des entrailles de l’administration publique et qui, adoré de certains dieux locaux, veut nous servir en secondes noces ce régime de malheur et de désespoir d’où nous sortons.

Une minorité gâtée par l’Etat

On l’aura compris, pour le salut et la gloire de ce peuple, ce qu’il nous faut, c’est un homme d’âge mûr, un vrai homme d’Etat, suffisamment armé d’expérience politique et de culture générale pour se faire entendre des chefs rebelles et leur démontrer presque scientifiquement que leur survie, c’est en terre malienne et non ailleurs.

Cette situation que Nicolas Sarkozy et Alain Juppé ignorent, existe depuis le XIe siècle avec des hauts et des bas, selon la nature de l’Etat en face. Autrement dit, les Touaregs ont traversé avec le reste de ce peuple des périodes de crise plus graves que celle-ci sans que ces tensions donnent lieu aux extravagances actuelles faites de revendications fantaisistes comme la création de l’Etat bidon de l’Azawad.

Les chefs rebelles actuels, ceux qui dirigent présentement le MNLA, font d’ailleurs la preuve de leur inculture et de leur ignorance en se fiant aux déclarations de certains responsables français qui les poussent à retourner les armes contre leur propre pays. La France, depuis De Gaulle, n’a pas d’ami, elle n’a que des intérêts qui sont au-dessus de tout.

Il va sans dire que si elle a pu trahir, au grand étonnement du monde entier, le Guide libyen qui l’a toujours caressée dans le sens du poil avec à la clé de juteux contrats pour soutenir son économie en difficulté, elle n’épargnera pas un petit mouvement comme celui du MNLA qui n’existe que dans la perspective du pétrole du Sahara malien.

Il faut dire aussi que vis-à-vis des Touaregs, l’attitude de la France aurait été bien différente si dans le lot des immigrés en terre française, il y avait une forte proportion de ces gens-là, rasant les murs de Paris et de Lyon.

On a devant les yeux le cas des Arabes et des Nord-Africains, qui sont périodiquement montrés du doigt par les responsables de ce pays comme la cause principale de leur crise économique. Rien ne dit que si les Touaregs avaient été nombreux en France, ceux-ci n’auraient pas été désignés comme bouc émissaires de la crise et proposés de ce fait au four crématoire comme les Arabes et les Maghrébins.

Depuis 1991, le Nord du Mali se développe maintenant plus rapidement que le Sud et le régime d’ATT, sans doute par peur, y a drainé la quasi-totalité des richesses nationales. La rébellion, qui est le fait d’une minorité gâtée par l’Etat – en fait des mercenaires – n’est plus donc représentative des communautés s et se bat pour ses propres intérêts liés à la drogue, à la contrebande et à la prédation.

Yiriba

Le 15 Mars 2012