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Le week-end dernier, la 6è et dernière journée des éliminatoires combinées de la CAN et du Mondial 2010 s’est jouée un peu partout en Afrique. Parmi les pays concernés figurent le Mali qui était opposé au Tchad.

Ainsi, face aux enjeux décisifs de ce match, tous les observateurs sportifs avaient prédit un match difficile pour les Aigles qui étaient sous forte pression, surtout avec le cafouillage voulu entretenu par la CAF, avec l’affaire de la disqualification du Tchad. Ce qui avait semé un véritable embrouillamini dans l’esprit des supporters des Aigles.
Du coup, le seul mot d’ordre était de gagner, quel que soit le score.

Quant aux Tchadiens, ils n’avaient n’ont rien à perdre ou à gagner. Donc, ils ont voulu montrer aux responsables de la CAF qu’ils savent jouer au football, et qu’on peut compter sur eux à l’avenir. On comprend dès lors que le match n’était pas d’avance facile pour les Aigles. Ce dont tous les Maliens, présents ou on au Stade du 26 Mars, ont pu se rendre compte.

Contrairement à l’image qu’on se faisait du Tchad, chacun a pu découvrir de vrais talents de joueurs au sein de l’équipe. La preuve : jusqu’à la fin du match, ils n’ont cessé de semer des frissons de doute dans le dos du public. C’est dire qu’aujourd’hui, en football, il n’y a plus de petits pays, même s’il y a de petits pays, tout court.

Une mission à mi-parcours

Ce qui comptait pour Keshi, c’était de pouvoir qualifier les Aigles pour le 3è tour de la phase éliminatoire ; et cela, après avoir subi le matraquage de la presse, avant ce match. Pourtant, Stephen Keshi avait prévenu que les Tchadiens savent jouer au ballon ; et que le match sera très très difficile.

Je vous dis que ça se jouera jusqu’à la dernière minute. Pour celà, je demande l’union de tous les esprits et les coeurs des Maliens. Pour moi, ce qui compte, c’est la victoire, pour continuer l’aventure. Inchallah, on va se qualifier pour le 3è tour de la phase éliminatoire”, avait-il souligné.

Mais malgré l’optimisme affiché du sélectionneur national des Aigles et l’appel des responsables sportifs, le public n’a pas effectué le déplacement comme on l’aurait souhaité. C’est donc à 16h15 que les arbitres et officiels du match ont foulé le pied sur le stade pour une reconnaissance du terrain : il s’agissait de vérifier si tout était en place.

A 17h 05, les joueurs maliens sont apparus pour le traditionnel réchauffemen, à commencer par les deux gardiens de but, qui seront suivis des autres joueurs à 17h10. Quant aux Tchadiens, c’est à 17h13 qu’ils fouleront le terrain. Tout cela de fera sous une animation de l’artiste Mamadou Dembélé dit “Dabara”.

Finalement, c’est à 17h51 que les deux équipes feront leur apparition pour le coup d’envoi. Après les salutations d’usage du ministre des Spports, hamane Niang et des officiels de la CAF et de la FAFA, le coup d’envoi fut donné à 18h02 par le trio arbitral guinéen. Malgré la prudence des Aigles, ils seront les premiers à se créer des occasions de but.

Laissant l’initiative du jeu à leurs adversaires, les Tchadiens vont multiplier des occasions (coups francs, tirs, corners) sans trouver des failles. Ils vont alors opposer un jeu physique et dur. Ce qui va coûter à trois joeurs des Aigles, qui seront forcés d’abandonner leurs partenaires : le capitaine des Aigles, Mahamadou Diarra ”Djila” (25è minute), Adama Coulibaly (56è minute) et Frédéric Kanouté (60è minute).

D’ailleurs, au moment où Kanouté était en train de se soigner, les Tchadiens vont provoquer un frisson au sein du stade, en égalisant à la 65è minute, grâce à leur puissant attaquant, Misdongarde Bétoingar.

Rappelons que le Mali avait ouvert le score à la 44è minute par Sidi Yaya Keïta, entré en cours de jeu à la place de Djila, justement. Mais il était écrit quelque part que les Aigles allaient remporter la victoire. Car au moment où chacun commençait à se contenter d’un match nul, Sidi Yaya Keïta marqua, à la 82è minute, le 2è but synonyme de victoire finale.

Du coup, Keshi vient de remplir sa mission à demi. L’on ose donc croire qu’avant la reprise du 3è tour, l’entraîneur malien tirera les leçons et enseignements de ces six matches joués, pour mieux aborder la dernière et décisive phase.

Rappelons qu’en 6 matches, Keshi a pu gagner ses trois matches à Bamako, un à l’extérieur et deux défaites. Au total, les Aigles ont inscrit 13 buts contre 8 encaissés + 4, avec 12 points au compteur. Certes, il y a des lacunes à corriger, mais ce n’est pas en 7 mois qu’elles pourront l’être.

Pour construire une bonne équipe il faut au moins trois ans. Ce n’est pas en quelques mois que tout sera parfait. Il faudra patienter; et cela se fera avec tout le monde, plus précisément avec la presse”, aime déclarer Keshi à chaque occasion. On comprend dès lors la joie des uns et des autres, après le coup de sifflet final du trio arbitral guinéen.

Des réactions après-match

Natoltiga Okala, coach du Tchad : “On est vraiment déçus par cette défaite ; car on s’était sérieusement préparés pour gagner ce match. Et on connaissait bien cette équipe pour l’avoir vu jouer à N’Djaména. Il est vrai que le Mali nous a surpris chez nous. Nous avons péché malheureusement par naïveté défensive et par une inefficacité offensive. Mais il faut l’accepter, car c’est la loi du football. Mais cela ne va pas nous décourager, car l’équipe est encore jeune. S’il plaît à Dieu, on fera parler de nous dans les années à venir. Je suis convaincu qu’avec plus d’engagement et de détermination, nous serons au même niveau que les pays dits grands en football. Force est de reconnaître on est tombé face à une équipe malienne très structurée, soudée et aguerrie”.

Djerabe Armand, capitaine du Tchad : “On était venu pour gagner ce match. Mais bon, on a été battus par plus forts que nous. C’est la loi du spport ; mais je dis que cela ne va pas nous décourager. Vu ce qu’on a fait aujourd’hui, et vu la moyenne d’âge essentiellement jeune, on va redoubler d’efforts pour nous hisser au firmament africain, dans les années à venir”.

Stephen Keshi, coach du Mali : “Je suis content de cette victoire. Ce qui comptait pour moi, ce sont les trois points. Je remercie tous les joueurs et la presse. Je savais que ça ne serait pas facile, car les Tchadiens voudraient gagner aussi pour plusieurs raisons, surtout avec les démêlés qu’ils ont eus avec la CAF”.

Sidi Yaya Keïta, joueur malien et héros du match : “Je suis très content de cette victoire et de retrouver l’équipe nationale. Surtout que j’attendais ça depuis longtemps. Le fait de marquer les deux buts me réconforte davantage, surtout pour le 3è tour. Je suis heureux tout simplement. J’ai eu la chance de marquer ces deux buts, sinon c’est l’ensemble du groupe qui a accepté de se sacrifier pour cette victoire capitale. Pour le moment, nous allons savourer cette qualification d’abord”.

Sadou BOCOUM

13 Octobre 2008