Cette commission tripartite avait été mise en place par le gouvernement aux lendemains du dépôt d’un cahier de revendication par la centrale syndicale des travailleurs, le 17 mai 2005.
La commission qui a démarré ses travaux le 9 août 2005 avait pour mandat de se pencher sur les 14 points contenus dans le cahier de revendications de l’UNTM. Mission assignée à la Commission : faire des propositions au gouvernement.
Cette commission a déblayé le terrain au gouvernement qui de son côté doit donner une réponse politique aux suggestions faites par les experts et par l’Union nationale des travailleurs, au plus tard le 31 août 2005.
C’est cette date buttoir qui est convenue entre les différentes parties.
En attendant, le secrétaire général de l’UNTM et les membres du bureau exécutif national ont rompu le silence. Au cours de la conférence de presse d’hier Siaka Diakité et de ses camarades affichaient déjà une certaine méfiance quant à la bonne disposition des autorités gouvernementales à honorer leurs engagements.
C’est en prévision d’un tel scénario qu’ils ont imposé un chronogramme d’exécution pour chacun des 14 points de revendication. Une date de gestion a été fixée. Par rapport à ce chronogramme, le secrétaire général de l’UNTM s’est montré très détermine.
En guise d’avertissement aux autorités, il dira «on tient à cette date et en cas de non respect, on tirera toutes les conséquences nécessaires. On ne dépassera pas cette date». Un avertissement qui ressemble fort à un ultimatum qui ne dit pas son nom.
Que veut la centrale ?
Les membres de la commission technique, sont parvenus aux conclusions suivantes : L’UNTM avait demandé de faire réunifier les services de l’emploi, du travail et de la fonction publique dans un même département : au terme des débats, la commission technique a reconnu que la structuration des services publics est un «problème technique» qui ne saurait être résolu par une décision politique. L’UNTM et le CNPM ont demandé quant à eux une réponse claire pour la fin octobre 2005.
Révision de la grille salariale des catégories B1 et B2 : la commission a recommandé qu’un projet de loi soit soumis à l’Assemblée nationale lors de sa plus prochaine session, octobre 2005. Toutes les parties sont convenues que les catégories B1 et B2 doivent faire l’objet de rectification.
L’UNTM avait demandé de faire avancer les fonctionnaires qui, à la veille de leur départ à la retraite ont bénéficié de la notation «Bon» : la commission a suggéré d’approfondir la reflexion-l’UNTM a adhéré à cette position.
Faire prendre en compte les points de vue des travailleurs et des retraités pour la restructuration de la caisse des retraites du Mali.
L’UNTM a demandé à y être associée en amont et en aval. Elle veut être traitée de la même manière que le gouvernement dans le conseil d’administration.
La centrale demande une révision à la hausse de la valeur du point d’indice. La nécessité de cette révision a été reconnue par la commission.
Elle a demandé au ministère de l’économie et des finances de faire une simulation en vue de réviser la dernière fixation qui date de 1986 et de prendre en compte l’évolution du coût de la vie.
Par rapport à cette question, l’UNTM a demandé un projet de loi relatif à cette simulation d’augmentation pour la session parlementaire d’octobre 2005.
Le paiement des arriérés de salaire des travailleurs licenciés et compressés : l’UNTM a souhaité que cela se fasse dans le cadre d’un «dialogue franc et sincère». Elle a en outre demandé le paiement intégral dans le courant de l’année 2006.
Diligenter la relecture des conventions collectives : l’UNTM demande la révision des différentes conventions collectives mais dans le cadre du protocole d’accord qui le lie au conseil national du patronat malien.
Etablir un plan social pour les travailleurs de l’huicoma : la commission a déploré que toutes les privatisations au Mali se font dans des conditions non idoines.
L’UNTM a demandé la dissolution de l’actuelle commission en charge de cette question et de le remplacer par un comité qui répond au caractère tripartite.
Baisse des tarifs d’eau, d’électricité, de téléphone, des produits pharmaceutiques et des hydrocarbures : par rapport à l’eau et à l’électricité, l’UNTM estime que les dernières baisses étaient une décision purement politique.
«Pour l’eau et l’électricité, dira le secrétaire général de l’UNTM, politiquement ils nous ont volé notre revendication». Les taux, ajouta-t-il, doivent être tirés de la commission mise en place.
Pour le tarif de téléphone, la commission a recommandé une baisse du prix du téléphone. Elle a, en outre, recommandé qu’on «aille vite à la privatisation de la Sotelma pour une question d’équité».
Le gouvernement, lui, a fait savoir que la date buttoir pour privatiser est fixée pour juillet 2006.
Pour les produits pharmaceutiques, la commission suggère l’application de l’ordonnance de 1992. L’UNTM a demandé la mise en place de mutuelle, de système de sécurité sociale et d’assurance maladie. Quant aux hydrocarbures, tout en reconnaissant les efforts du gouvernement, la commission suggère une poursuite des efforts.
L’UNTM demande l’annulation de certaines dépenses de souveraineté jugées exorbitantes.
Renforcement des services en matériel et en ressources humaines : l’UNTM a proposé un plan d’actions triennal par rapport au budget de l’État.
Création d’une structure technique nationale et régionale contre le péril acridien : l’UNTM demande de rendre opérationnel le Programme d’information et de sensibilisation au plus tard le 30 septembre 2005.
Renforcement en moyens matériel et humain du comité national de sécurité routière : la commission technique a recommandé l’accélération des reformes en cours pour le 31 août 2005.
Mutation illégale des responsables syndicaux dans les institutions bancaires : l’UNTM rappelle qu’un travailleur élu à la tête d’une instance syndicale ne doit être muté par son employeur qu’avec son accord.
A la BDM, dira Siaka Diakité, cinq responsables syndicaux ont été mutés sans leur accord.
Face à cette violation de la loi syndicale, ajouta t-il, l’UNTM a demandé aux responsables concernés de ne pas rejoindre leur poste. Cette situation dure depuis plus d’un an.
Birama Fall
23 août 2005