Depuis l’arrivée de Pinochet à la Primature, les citoyens ne se retrouvent pas dans certaines décisions prises par le Gouvernement. Pis, des Maliens reconnaissent majoritairement que le successeur d’Ag Hamani n’a jamais entamé un projet qui soit arrivé à termes. Du coup nos compatriotes éprouvent un sentiment de doute généralisé quant à leur avenir ces deux dernières années.
Cela s’explique par la prise de décision qui frise l’injustice sociale et exacerbe les sentiments de frustration. Il en est ainsi de l’obligation se profilant à l’horizon du port des casques, de l’institution du permis de conduire pour les motocyclistes et de la carte grise pour les motos. Le gouvernement a-t-il bien réfléchi en décidant de rendre obligatoires ces mesures, comme une solution aux accidents de la route ?
Dans tous les cas, beaucoup de Maliens avaient estimé que le port de casque ne devrait pas être obligatoire. Aujourd’hui, ils devraient donc se détromper si l’on s’en tient aux informations circulant dans les milieux proches des forces de sécurité. Des rassemblements ont eu lieu dans les camps des forces de sécurité pour porter à la connaissance des éléments que le port de casque deviendrait obligatoire au Mali à compter du 1er mai 2006.
Par conséquent, ordre a été donné à chaque agent de payer son casque avant la date butoir du dimanche 30 avril 2006 à minuit. Ce qui veut dire qu’il ne sera pas surprenant, si le contrôle pour le port obligatoire de casques débute aujourd’hui ou les jours à venir. Et sauf retournement de situation, les opérations de contrôle seront menées par des gendarmes, a-t-on appris.
Pour ce faire, histoire de donner le bon exemple et convaincre le citoyen de l’opportunité de la mesure venant du gouvernement, chaque gendarme a l’obligation de se présenter à son service avec sa moto et un casque. C’est un ordre donné par le chef, qui doit être exécuté sans hésitation ni murmure. Si problème il y avait, c’est aux plus hautes autorités de répondre devant la population.
D’ores et déjà, si des motocyclistes, sans attendre le début des opérations de contrôle, ont acheté des casques, il n’en demeure pas moins que presque la moitié de ceux qui ont des motos ne l’ont pas encore. Pendant qu’ils se font des soucis pour se procurer du riz dont le kg a franchi la barre des 300 Fcfa afin de nourrir leurs familles, voilà qu’on demande aux chefs de famille de payer au moins deux casques par moto : un pour le conducteur de moto, un pour le membre de famille qu’il doit transporter pour se rendre à l’école, au marché, sur le lieu de travail, entre autres.
Comme c’est le Premier ministre qui l’aurait voulu ainsi, il faut appliquer la mesure. Existe-t-il un texte disant expressément que le port de casque pour motocyclistes est obligatoire en République du Mali ? Nous ne saurions le dire. Mais le journal “L’ESSOR” Quotidien” du 3 avril 2006 écrit : “Les conditions de l’usage des voies ouvertes à la circulation publique et de la mise en circulation des véhicules sont fixées par l’arrêté interministériel des ministères en charge de l’industrie, du commerce, des Transports et de la santé. Cet arrêté indique que les casques des conducteurs et passagers de motocyclistes et vélomoteurs doivent être conformes aux prescriptions des normes définies et être homologuées”.
Donc si le gouvernement Pinochet veut se fonder sur cet arrêté pour rendre obligatoire le port de casques pour motocyclistes, tout porte à croire que sa mesure est impopulaire. D’ailleurs le ministre de l’Industrie et du Commerce le Dr Choguel Kokalla Maïga qui a été incapable de gérer l’opération d’exonération accordée à certains importateurs de riz l’année dernière, est partie prenante au problème des casques. L’arrêté interministériel précise que la demande d’homologation du marché des casques est adressée au ministre de l’industrie par le détenteur de la marque commercial ou de fabrication ou par son représentant accrédité accompagné des pièces en 3 exemplaires.
Du reste, cette procédure donne vraisemblablement raison à ceux qui pensent à une possible connexion entre certains commerçants et des autorités du pays, notamment au sein du gouvernement. Ils ont peut-être raison d’y croire si l’on sait que le port obligatoire de casque avait été imposé aux Maliens sous la 2è République, car certains caciques du régime voulaient rendre florissantes les affaires des opérateurs économiques proches d’eux. Chaque pouvoir ayant ses bras financiers, assiste-t-on à la répétition du même scénario que sous le Général Moussa Traoré et son UDPM ? En tout cas, chacun sait ce qui est arrivé à ceux-là.
Dans tous les cas, le Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga et son gouvernement ont intérêt à se rassurer que leur mesure ne livrerait pas le pouvoir ATT à la vindicte populaire. Cela est bon à savoir quand on sait que le climat social est malsain, l’argent ayant disparu de la circulation ou du moins circulant dans un milieu restreint. Cela, ajouté au climat politique tendu où le manque de lisibilité pour que 2007 réserve des surprises, tout est préparé pour que ça pète dans ce pays. Le gouvernement Pinochet le sait-il ?
Oumar SIDIBE
02 mai 2006.