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A l’occasion de la huitième édition de la quinzaine de l’environnement, le secrétariat technique permanent du Cadre institutionnel de la gestion des questions environnementales a organisé une conférence-débat sur la gestion des eaux résiduelles des teinturières. C’était au Mémorial Modibo Kéïta, le mercredi 6 juin 2007.

Aujourd’hui, la teinture est un métier pourvoyeur d’emplois. Sur toute l’étendue du territoire national, il a été recensé 9 000 teintureries où travaillent au minimum 5 personnes. Grâce à cette activité nombreuses sont les femmes qui nourrissent leur famille. Cependant, à cause des mauvaises conditions dans lesquelles est pratiqué ce métier, les populations installées sur les rives du Niger sont exposées à de nombreuses maladies d’origine hydrique. Il s’agit, entre autres, des cancers de la peau, de l’onchocercose, du choléra et des maladies respiratoires.

Depuis plus d’une décennie, le gouvernement et ses partenaires abattent un travail de titan auprès des teinturières pour une meilleure gestion des eaux souillées qui polluent le fleuve Niger et les puits.
8 Cette question a toujours été évoquée dans les éditions de la quinzaine de l’environnement. Pour la présente édition, les organisateurs ont initié une conférence-débat pour mieux sensibiliser les teinturières.

Les conférenciers étaient Mamadou Gakou, secrétaire technique permanent du Cadre institutionnel de la gestion des questions environnementales, Aghatam Ag Alhassane, président de l’autorité du bassin du fleuve Niger (ABFN), Amadou Tandia, directeur régional de l’assainissement et Abdoulaye Traoré, directeur de l’assainissement.

Dans son intervention Aghatam Ag Alhassane a déclaré : «La teinture est une activité qui entre dans les traditions au Mali. Elle emploie et nourrit les femmes. Cependant, c’est une activité dangereuse pour la santé des teinturières. Il est temps qu’on aménage des endroits pour qu’elles puissent travailler dans de bonnes conditions. Pour cela, il faut engager des concertations entre les services de l’assainissement et les teinturières».

Abdoulaye Traoré d’ajouter: «Si la teinture n’est pas faite dans de bonnes conditions, cela provoque de nombreuses conséquences négatives. Aujourd’hui, la teinture se fait dans les rues. Ce n’est pas normal. Les femmes doivent creuser une paroi étanche pour gérer les eaux usées».

Quant aux teinturières, elles ne sont pas restées en marge des débats. Venues des six communes du district de Bamako, elles ont pris la parole pour exprimer leurs préoccupations.

Astan Fané, résidant à Lafiabougou de déclarer: «Si nous pouvions avoir un endroit, cela allait me faire plaisir. Moi je travaille à domicile. Cela me dérange. J’ai fait des fossés mais chaque jour je dépense 25 000 F CFA pour tirer l’eau. Un endroit aménagé pour nous serait une bonne chose».

Mme Siby Diarra Sylla, teinturière en commune II, d’ajouter : «Je fais la teinture depuis 40 ans. L’idée d’aménager un endroit pour nous est bonne. Mais il faut qu’on soit en sécurité. Car nous sommes le plus souvent la cible des bandits».

Au terme des échanges, nombreuses sont les femmes qui ont exprimé leur adhésion au combat contre la pollution des eaux du fleuve Niger. Mme Sidibé Rokia Sangaré d’affirmer : «Nous sommes conscientes des conséquences de la pollution des eaux du fleuve Niger sur la santé des populations riveraines. Mais on est souvent contraint de verser des eaux souillées dans le fleuve. Car on ne sait pas où les verser. En tout cas, nous allons mobiliser des fonds pour creuser des fossés pour les eaux usées».

Abdoul Karim KONE

14 juin 2007.