En apprenant la nouvelle, j’ai bondi de ma chaise et failli renverser mon dîner. J’ai pourtant bien vu et entendu, de la bouche même de l’intéressé, et à la télévision nationale : le rossignol du Mandé a pris la décision et la responsabilité de s’essayer dans la politique en se présentant à la députation de 2007.
Je ne veux pas lui disputer les raisons qui lui sont personnelles, et de toutes les façons, tout citoyen jouissant de ses droits civiques a la liberté d’y prétendre. Mais voilà, pour Salif Kéita, je comprends autrement la question. En décidant de troquer son micro de chanteur-vedette doublé d’un philosophe prêcheur crédible pour ses concitoyens, contre le manteau politique, mon idole a pris le risque de diviser son propre camp : ses fans inconditionnels qui lui resteraient fidèles jusque dans la tombe, ses admirateurs qui l’aiment davantage puisque étant du même bord politique que lui, ceux qui le lâcheraient, car n’étant pas justement de la même couleur politique que le Domingo de la musique malienne et enfin ses adeptes, parmi lesquels moi-même, qui l’abandonneraient parce que ne se reconnaissant plus en lui.
Ce serait une déception de plus, et une de trop ! Heureusement que j’ai appris de ma religion, l’art de se (me) consoler face à des déceptions : « Si tous les hommes de la terre te déçoivent, abandonne-les volontiers et contentes-toi de Dieu ».
Alors, j’abandonnerais Salif Kéita pour m’en remettre à Dieu. Et voilà que ce Dieu nous sauve tous, Salif et nous, en lui évitant d’être politiquement élu, en tout cas pour 2007. Je n’accuse pas ce chanteur, une véritable conscience de notre société, mais je remercie Dieu.
Et c’est le pire qu’on puisse lui souhaiter. Je suis aussi convaincu que lui que « Fama ka folikèladan a kè dignalatolon, né mokè » (traduction : Dieu a créé le musicien afin qu’il divertisse le monde, c’est sa seule volonté).
Véritablement, Salif, « A tun bè na laban tègè son ya ma ! »
Sory Ibrahim Kéita
(ORTM)
17 juillet 2007.