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Si les tendances des résultats partiels se confirment, Ibrahim Boubacar Keïta sera élu dès le premier tour. Les observateurs électoraux, nationaux comme internationaux, ont unanimement salué le processus électoral couronné par une participation inattendue de 53,5 % au stade actuel des dépouillements. Mais quel parti politique restera au devant de la scène pour porter la contradiction au régime qui s’installe ?

Les dés sont-ils déjà jetés pour les contestataires des résultats annoncés ? Peu avant la proclamation des tendances officielles, le chef de la Moe-Ue avait invité les acteurs politiques «à accepter» les résultats de l’élection du 28 juillet dernier. Le «succès» du scrutin de dimanche conduit la mission d’observation électorale de l’Union européenne (Moe-Ue) à appeler «la population [malienne] à maintenir le cap dans la perspective des législatives envisagées avant la fin de l’année», selon Patrice Tirolien, chef de la délégation ACP-UE.

Les enjeux de cette présidentielle (un deuxième tour le 11 août si aucun des candidats ne parvient à obtenir plus de 50 % des voix) avaient occulté ceux des élections législatives. Celles-ci doivent dégager une majorité et une opposition pour véritablement asseoir le processus démocratique dans le pays. «L’opposition est gage de démocratie. Son rôle est de veiller à ce que la personne élue tienne ses promesses», constate d’un ton d’instruction aux autorités, Michelle Striffler, chef de la délégation du parlement européen pour la supervision de cette élection.

A défaut d’être élu, des candidats comptaient certainement sur un retour d’investissement pour se rallier dans une plateforme de second tour.
Cette perspective s’éloigne, si l’on en croit les tendances du tiers des dépouillements annoncées par le ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et de l’aménagement du territoire, le colonel Moussa Sinko Coulibaly.

IBK et sa coalition de partis et mouvements politiques sont-ils en mesure de gérer seuls le pays ? Pour des acteurs politiques, la réponse est négative. «Aucun parti n’est en mesure de gérer seul le pays. Il faut trouver un certain consensus pour qu’il y ait le calme», prévient un député sous couvert d’anonymat.

Va-t-on vers un nouveau régime de gestion consensuelle ? A priori, les partis membres du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et la République (FDR, alliance composée de partis au pouvoir ces dernières
années) sont dans la droite ligne du rôle d’opposition, si la tendance actuelle des résultats se confirme. «De 1992 à nos jours, le pouvoir en place a cherché à détruire l’opposition dans ses relations et dans ses moyens de production. Même si tu as une usine, il la met en faillite», reconnait Lanceni Balla Keïta, député Adéma à l’Assemblée nationale.
«C’est ce qui doit cesser», insiste-t-il dans un entretien à Afribone peu avant le 1er tour du scrutin du 28 juillet.

Les nouveaux dirigeants sont-ils prêts à se défaire de cette drôle de culture de gouvernance (si tu n’es pas avec moi, tu es contre moi) ? En conférence de presse, le 30 juillet, Louis Michel a indiqué que l’Union européenne étudiait la possibilité de définir un statut pour l’opposition. Il reviendra certainement aux nouveaux acteurs de l’opposition de s’assumer par leurs critiques objectives et leur force de proposition.

Seydou Coulibaly

© AFRIBONE – Le 31 Juillet 2013